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VOYAGE
L ASTROLABE.
IMI'RIMIiRIE ]>L HKMIK UII>01 r&£R£S , RU1. JACOB, «° 3^.
VOYAGE
DE DECOUVERTI. S
ni
LASTROLABE
(Érrrutr par oiÎut îm Eut,
PENDANT LES ANNÉES 1826-18*27-1828-1829,
SOUS I.K COMMMXDEMkWT
DE M. J. DUMONT D URVILLE.
CV
&ooio$ie
MM. QUOY ET GAIMARD.
TOME SECOND.
PARIS,
TASTE , ÉDITEUR-IMPRIMEUR,
H° 36, RUE UE VA.UGIUAKD.
1832.
AVERTISSEMENT.
Cette partie de nos travaux est celle qui
nous a donné le plus de peine et demandé le
plus de soins. Nous osons même dire qu'il
est certaines circonstances de leur exécution
matérielle qu'il n'est pas donné à tout le
monde d'apprécier. Toutefois on sentira les
difficultés qu'il y avait à vaincre pendant une
longue navigation , afin de pouvoir étudier
vivants cette foule de Mollusques contenus
dans près de cent planches grand in-folio,
pour les saisir sous l'aspect qui leur est le
plus naturel et les dessiner avec toutes leurs
couleurs.
Deux parties sont à distinguer dans cet
ouvrage. L'une de faits scrupuleusement exa-
minés , indépendants de tout système et de
toute classification , tels qu'en recueillit autre-
fois Adanson , et dans lesquels les auteurs
méthodistes pourront puiser. Cette partie est
celle à laquelle nous tenons le plus.
Zoologie, t. ir.
r) -y f r> r-
2 AVERTISSEMENT.
L'autre est relative à l'ordre dans lequel
nous avons placé tous ces matériaux : pour
celle-là, nous n'y tenons pas et l'abandonnons
aux critiques. Nous avons cherché à faire le
mieux qu'il nous était possible , sans nous
dissimuler l'extrême difficulté qu'il y a de
trouver une classification qui repose en
même temps sur l'animal et sa coquille.
Les Mollusques ne se prêtent pas autant
que d'autres êtres du règne animal à ces sé-
ries naturelles et décroissantes qui facilitent
les méthodes. Ils forment le plus souvent des
groupes disparates qu'on ne peut faire mar-
cher que parallèlement.
Survient ensuite un autre embarras quand
on vient à se demander quelles parties de
l'animal doivent avoir la priorité et servir
de base. Seront-ce les sens, les organes de la
génération , ceux de la respiration ou l'enve-
loppe calcaire, pour ceux qui en ont? Le
plus grand nombre des parties doivent être
utilisées dans des êtres aussi complexes , et
nous croyons qu'après tout il faudra se ser-
vir du test comme plus facile à observer , et
des principes anatomiques pour les grandes
divisions et quelques unes des secondaires.
AVERTISSEMENT. 3
JNotre travail, dans ce moment, pourra avoir
l'utilité de réunir des genres qui n'ont pas
de caractères assez distincts pour être séparés,
et d'en séparer d'autres qui, par l'examen
seul des coquilles, avaient été joints. On doit
s'attendre en cela à des choses fort insolites.
Mais , nous le répétons , ce n'est point une
classification générale que nous avons entre-
prise; ce sont simplement des études de grou-
pes , et le plus souvent celle de l'animal pour
servir à sa détermination spécifique. Libre
ensuite à chacun de changer ces rapports,
puisque nous sommes encore si peu avancés
dans cette étude, que tels ou tels genres peu-
vent aussi bien être mis avant ou après.
Nous recommandons expressément de ne
pas trop faire attention à l'ordre dans le-
quel sont nos planches : leur grandeur en
rendait l'exécution lente et difficile, surtout
par le moyen de la gravure que nous avons
adopté. L'arrangement des matériaux qu'elles
contiennent n'est point encore chose aussi
facile qu'on pense.
L'ouvrage d'Adanson ne fut guère apprécié
qu'après sa mort, tel sera peut-être le sort
du nôtre. Que celui qui dans le silence du
i*
4 AVERTISSEMENT.
cabinet y trouvera à redire, réfléchisse qu'il
est le résultat de cinq années de travaux les
plus assidus, dont trois autour du globe, au
milieu de privations sans nombre et de cir-
constances souvent bien difficiles.
Malgré toute notre attention à ne point
commettre de doubles emplois dans les dé-
nominations d'espèces, cela est presque im-
possible maintenant, vu la quantité d'ouvrages
qui paraissent sur ces matières. Pour ce qui
est des publications partielles d'objets prove-
nant du voyage de V Astrolabe , qu'on achète
chez les marchands, on nous permettra de
les regarder comme nôtres.
Ayant toujours eu plus en vue la science
que nos intérêts particuliers, nous n'avons
jamais pensé à faire des collections , et nous
avons déposé tous nos matériaux au Muséum ,
où. l'on pourra consulter ceux relatifs à nos
planches qui ont pu être conservés.
Les Zoophytes étudiés sur le même plan
feront suite aux Mollusques.
Nous ne terminerons pas cet avertissement
sans dire de quels secours nous ont été les
ouvrages, les leçons, mais surtout les entre-
tiens particuliers de M. le professeur de
AVERTISSEMENT. 5
Blainville. JNous avons également trouvé dans
la belle eolleetion de M. le duc de Rivoli ,
devenue en quelque sorte classique, toutes les
facilités d'étude pour la comparaison de nos
espèces. Enfin , nos rapports avec MM. le ba-
ron de Férussac, de Roissy et Deshayes à ce
sujet , nous ont été aussi agréables que fruc-
tueux.
MOLLUSQUES.
OBSERVATIONS GÉNÉRALES.
Ayant pour nous l'expérience d'un premier
voyage, nous vîmes que tout ce qu'il y avait à
faire dans un second pour les progrès de la
Zoologie, tenait moins à l'étude des animaux
vertébrés qu'à celle des Zoophytes et des Mollus-
ques. Ces derniers n'avaient encore été étudiés
que partiellement , conservés dans la liqueur ,
racornis et dépouillés des brillantes couleurs qui
les ornent, pour la plupart. Nous savions tous
les efforts que faisaient les auteurs de traités gé-
néraux pour ramener à des principes d'organisa-
tion la classification des Mollusques testacés ,
sans se borner, comme on l'avait fait jusqu'à
eux, à l'étude exclusive des coquilles. Nos recher-
ches se dirigèrent donc avec une attention sou-
tenue vers cette étude. Nous en fîmes un système,
commencé à notre départ et suivi avec la plus
grande constance sur tous les points du globe
8 ZOOLOGIE.
où V Astrolabe a relâché. De sorte que nous pou-
vons dire, avec MM. les commissaires de l'Acadé-
mie des sciences, qu'il n'est guère de genre ni
de subdivision de genre dont nous n'ayons repré-
senté l'animal dans toute son expansion et avec
ses couleurs naturelles.
Nous allons entrer dans quelques détails sur
notre manière de faire ; détails qui paraîtront
peut-être minutieux , mais qui mettront de prime
abord sur la voie le voyageur qui navigue pour
la première fois ou qui commence à se livrer à
ces sortes de recherches. Ils lui économiseront
beaucoup de temps, et l'on sait combien le temps
est précieux lorsqu'on traverse rapidement des
contrées où il est impossible de tout observer et
de tout recueillir. Nous pouvons dire enfin que
si nous n'avions pas employé de semblables
moyens, nous ne serions point arrivés aux résul-
tats que nous avons obtenus , et nous n'aurions
pas représenté un grand nombre de Mollus-
ques et de Zoophytes dans près de /joo planches
in-4°.
Lorsque entre les tropiques il se trouve dans
les ports des rescifs abrités des fortes brises du
large , sur lesquels il n'y a que peu d'eau ou qui
découvrent à mer basse, on est sur d'y rencon-
trer une grande quantité de Mollusques; sur-
MOLLUSQUES. 0
tout lorsque ces bancs sont formés de madrépo-
res dont les anfractuosités servent de refuge à
tous ces animaux mous contre l'atteinte de leurs
ennemis et les mettent, quand les eaux se reti-
rent, à l'abri des rayons trop intenses du soleil.
11 faut de suite, muni de bonnes chaussures et de
vases en fer-blanc, se porter sur ces lieux, ren-
verser les pierres , fendre les madrépores, fouil-
ler le sable , parce que plusieurs de ces animaux
s'y plaisent selon leur nature. On ne doit pas
négliger surtout de prendre à l'instant même une
esquisse de certains d'entre eux que l'on voit se
développer et marcher ; car dès qu'ils ne sont
plus dans des eaux vives et courantes, ils se con-
tractent et meurent avant qu'on puisse les des-
siner. 11 faut souvent renouveler l'eau dans laquelle
se trouvent entassés une grande quantité d'ani-
maux qui la souillent promptement par la mu-
cosité qu'ils ne cessent de dégager. Arrivé sur le
navire, on les répartit dans de grands bocaux de
verre blanc. Quelques-uns se développent de suite,
tandis que d'autres mettent plus de temps, ren-
trent au moindre choc, et demandent pour le faire
d'être isolés dans des vases placés dans l'ombre.
11 en est qu'on peut laisser des heures entières
hors de l'eau sans inconvénient : c'est même
quelquefois un moyen pour les voir sortir de
10 ZOOLOGIE.
leur coquille dès qu'on les y replonge. L'usage
met bientôt au fait de ces petites particularités
qui économisent singulièrement le temps du
naturaliste. Le point important est le renouvelle-
ment de l'eau dont la limpidité s'altère , et qui
finit par se corrompre très-promptement. Pour
éviter cet inconvénient, il faut laisser les vases à
l'air aux trois quarts pleins, et couverts d'une
gaze légère pour éviter que les Mollusques sor-
tent de l'eau et ne se perdent. Nous chargions
de ce soin un des hommes adroits qui sont de
garde la nuit : mais souvent nous nous levions
nous-mêmes pour le faire; autrement on courrait
le risque de trouver le lendemain ses animaux
morts; tant la chaleur est forte dans les lieux où
ils abondent.
Après que nous avions reconnu par nous-mê-
mes les localités qui nous environnaient, ce qui
est l'affaire d'un jour ou deux, nous nous éta-
blissions sur le pont du navire pour dessiner du
matin au soir. Nous eûmes bientôt façonné à ces
sortes de recherches l'homme ordinairement
chargé de nous accompagner, et qui ne nous
laissait pas manquer de choses nouvelles. D'ail-
leurs, par nos rapports avec les matelots, ils se
faisaient souvent un plaisir de nous apporter
tout ce qui leur tombait sous la main. Enfin, il
MOLLUSQUES. 1 1
n'est pas jusqu'à la bonne volonté des naturels
que nous ne fissions tourner à l'avantage de la
science, en les déterminant à nous aller chercher
des animaux dont ils connaissaient seuls les
localités, et que nous n'aurions pu nous procurer
sans eux.
Après qu'on s'est servi des Mollusques , il faut
les conserver dans de l'esprit-de-vin à vingt degrés,
qu'on renouvelle deux mois après pour ne le
changer ensuite que tous les six mois. Sans ces
précautions ils s'altéreraient. Il faut bien prendre
soin de casser l'extrémité de la coquille à ceux
qui en sont pourvus, afin que la liqueur atteigne
et conserve le foie, qui est un organe très-sus-
ceptible de se gâter. Ce n'est pas toujours une
chose facile que de casser une coquille sans alté-
rer son animal. Pour cela il faut se servir d'un
étau dans lequel on la brise sans secousses et
sans éclats. Quand on a plusieurs individus, on
en conserve d'entiers , afin de pouvoir un jour
déterminer exactement l'espèce par la comparai-
son. Autrement il serait facile de commettre des
erreurs si on ne s'en rapportait qu'aux dessins ,
quelque bien faits qu'ils fussent. Ne possède-t-on
qu'un individu précieux, le test ne doit être que
peu endommagé, ou bien on prend des précau-
12 ZOOLOGIE.
tions pour en retirer l'animal intact *. Il est bon
de faire quand on peut des anatomies sur le frais.
Toutefois ces sortes de travaux consument dans
les relâches un temps précieux qu'on emploie
avec plus de fruit à récolter et à dessiner. On
sait, du reste, que ce n'est pas toujours sur le vi-
vant qu'on peut anatomiser le mieux un Mollus-
que, dont toutes les parties se contractent et
changent de forme en laissant dégager une mu-
cosité vraiment désespérante. On trouve bien plus
de facilité peu de temps après sa mort, bouilli
dans l'eau ou macéré dans l'esprit-de-vin. C'est,
pourquoi ces sortes de recherches peuvent se
remettre à d'autres temps.
Tous les Mollusques ne se plaisent pas dans les
lieux calmes et où il y a peu de profondeur. Les
rochers battus par la mer en ont qui leur sont
propres; quelques-uns se cachent sous le sable;
d'autres se tiennent à plusieurs brasses sous l'eau.
De là divers instruments pour se les procurer.
Hors des tropiques, une petite drague est d'une
grande ressource lorsqu'on navigue sur peu de
profondeur. On peut même l'envoyer avec suc-
* On notera la couleur des coquilles fragiles, des terrestres surtout, sus-
ceptibles de s'altérer et même de disparaître complètement, comme nous
avons eu occasion de le voir sur une Hélice et une Vitrine.
MOLLUSQUES. 13
ces par cinquante brasses dans un calme parfait,
comme nous le fîmes devant le port du Roi-Geor-
ge à la Nouvelle-Hollande. A la Nouvelle-Zélande
nous obtînmes également beaucoup de choses
par ce moyen. Il n'est presque plus praticable
dans les lieux où se trouvent des bancs de ma-
drépores.
Les Mollusques et les Zoophytes pélagiens s'ob-
tiennent par un filet conique à mailles serrées,
tenu ouvert par un cercle de barrique et que
traîne le navire lorsqu'il ne fait qu'un tiers
de lieue ou une lieue tout au plus à l'heure.
On a le soin de le visiter souvent pour que l'ac-
tion de l'eau ne brise pas les animaux délicats
qu'il peut contenir. Nous croyons avoir été les
premiers, sur la corvette VUranie, à nous servir
d'une manière presque permanente de ce moyen,
qui nous a été si utile pendant ce second voyage.
Dans les calmes complets on emploie des filets
en étamine à longs manches , semblables à ceux
qui servent pour la chasse des insectes.
Nous allons mettre sous les yeux du lecteur
quelques particularités relatives à certains des
animaux qui nous occupent, indiquer les loca-
lités dans lesquelles nous les avons trouvés, et dire
ce que leur organisation nous a présenté pour ser-
vir à leur classification. Nous verrons combien
14 ZOOLOGIE.
ou peut trouver dans la fixité de leurs couleurs
de caractères pour la détermination des espèces,
et dans la forme de l'opercule des données pour
reconnaître qu'un individu doit plutôt appartenir
à un genre qu'à un autre. La présence ou l'ab-
sence de cet organe peuvent également servir de
guide.
Nos dessins ont spécialement eu pour but de
représenter les Mollusques nus , les univalves et
les multivalves , parce qu'ils présentent, indépen-
damment de leurs formes, des teintes fugitives
qu'il fallait saisir. Les Acéphales bivalves, au con-
traire, ne demandaient pas sous ce rapport autant
d'attention. Cependant il y en a d'ornés des plus
brillantes couleurs , comme les Tridacnes , les
Hypopes , les Limes , les Houlettes , etc. , que
nous n'avons pas négligés. En général , on peut
dire que parmi les univalves, le Mollusque trans-
met à son enveloppe le fond et l'ensemble de
sa coloration. Il est cependant de remarquables
exceptions à cet égard.
La première classe, celle des Céphalopodes,
nous a fourni un assez bon nombre d'individus,
bien moins communs toutefois dans la zone tor-
ride que dans la tempérée, où on les pêche par
centaines, comme cela a lieu sur les côtes de l'O-
céan et probablement de la Méditerranée. Dans
MOLLUSQUES. 15
les pays chauds, au contraire, il faut les recher-
cher avec soin. La plupart ont d'assez belles cou-
leurs. Le genre Poulpe paraît être le plus commun ,
puis le genre Calmar; ensuite viennent les Seiches.
Encore dans les contrées équatoriales trouve-t-on
plus d'individus de Sepiotheuthis, qui tiennent le
milieu entre ces deux genres, que de Seiches pro-
prement dites. Il n'est pas rare de rencontrer en
pleine mer très au large des Calmars *. C'est même,
la plupart du temps, de ces animaux que se nour-
rissent les oiseaux grands voiliers. Ces Mollusques
voraces doivent à leur facilité de progression de
s'éloigner autant des côtes, qui pourraient leur
offrir une nourriture plus abondante et plus as-
surée. Peut-être aussi y en a-t-il d'essentiellement
pélagiens. Nous observâmes un jour combien ils
ont de vitesse dans leurs mouvements, lorsqu'ils
nagent en pleine eau. Leur déplacement est brus-
que, et ils s'arrêtent court, sans avoir l'air de mou-
voir aucune de leurs parties. Dans ce mécanisme
qu'ils ont de commun avec les Médusaires , leur
manteau seul agit; ils vont à reculons, et peuvent
même s'élancer hors de l'eau lorsqu'ils sont pour-
suivis. Leur vue est si perçante qu'un naturel de
* Dans le voyage de VUranie nous en trouvâmes sous l'équateur de
l'Allantique un fragment pesant environ cent livres, qui peut donner une
idée de ce que devait être l'animal entipr.
16 ZOOLOGIE.
Vanikoro, très-exercé à tirer de l'arc, ne pouvait,
sur un groupe de six, en percer aucun de ses
flèches , bien qu'ils lui fussent perpendiculaires et
sous une petite profondeur. Les Poulpes ont de
plus la reptation en boule lorsqu'ils touchent
le sol.
Nos recherches ont été infructueuses pour nous
procurer l'animal du Nautile, qui paraît habiter
de très-grandes profondeurs, et dont la coquille
ne vient surnager à la surface que lorsqu'il est
mort. Les habitants d'Amboine, de Célèbes et de
Bourou, ne le connaissent même pas. Rhump est
encore le seul naturaliste qui l'ait vu. Ce fut en
vain qu'à la Nouvelle-Guinée nous employâmes ,
auprès des naturels, tout ce qui pouvait le plus
les tenter pour obtenir ce Mollusque, dont le tèt
leur sert pour puiser de l'eau : leurs recherches
furent inutiles. Nous n'osons pas dire que le
grand fragment de Céphalopode , que nous avons
trouvé dans la mer des Moluques, appartienne
au Nautile. Il est remarquable par son extrême
mollesse et deux portions tronquées de tentacules,
pourvus de ventouses. Tout indique dans sa forme
qu'il recouvrait une coquille. Quelque imparfait
qu'il soit, nous avons cru devoir donner la figure
de ce que nous avons pu saisir dans les Annales
des sciences naturelles du mois de septembre i83o,
MOLLUSQUES. 17
afin d'exciter l'attention de ceux qui visiteront
après nous les mêmes parages.
Les œufs des Céphalopodes affectent quelquefois
des formes singulières; on en trouve, au milieu de
la mer, de roulés en cylindre de la grosseur et
de la longueur de la jambe. D'autres fois, ce sont
des cônes parsemés de points rouges, qui, exa-
minés à la loupe, représentent de jeunes indivi-
dus sur des rubans ainsi enroulés. Mais, quelle que
soit leur petitesse, la présence de leurs tenta-
cules pairs et les premiers formés dénotent leur
origine et doivent faire éviter les méprises.
Nous avons fait quelques découvertes dans les
Ptéropodes. La rade d'Amboine nous a été très-
favorable pour nous amener, dans ses forts cou-
rants , plusieurs de ces animaux. Une nouvelle es-
pèce de Cymbulie nous a mis à même de faire
mieux connaître l'organisation de ce Mollusque,
qui, au moindre choc, se sépare de son têt mem-
braneux.
Le même lieu nous a procuré de nouveaux Phyl-
liroés, sur lesquels nous avons pu compléter ce
qui manquait à leur anatomie et reconnaître le
système nerveux. Mais aucun organe ne s'est of-
fert pour être désigné comme pulmonaire. Ainsi
nous pensons avec M. Cuvier que cette fonction
s'opère par la peau. Ces deux genres que nous
Zon/ngir. t. II.
18 ZOOLOGIE.
n'avions pu rencontrer dans notre premier voyage,
que nous n'avions même jamais vus, prouvent
qu'il ne faut souvent qu'un instant pour être favo-
risé clans ces sortes de recherches.
C'est surtout l'immense classe des Gastéropodes
qui nous a donné le plus de choses nouvelles. Le
premier ordre fournira un grand nombre de
Doris , ornées des plus belles couleurs. Les es-
pèces augmentant chaque jour, on pourra trou-
ver dans leur forme et leur consistance d'assez
bons caractères pour leurs subdivisions. Nous
avons partout rencontré de ces animaux; mais
l'Ile-de-France est, sans contredit, le pays qui en
fournit le plus. Indépendamment des espèces
qu'on sait en provenir, nous en avons découvert
cinq ou six nouvelles dans fort peu de temps.
Nous avons eu occasion d'observer une fois leur
accouplement , qui n'avait point eu le temps d'être
réciproque. Nous allons bientôt entrer dans plus
de détails à ce sujet, en parlant des Aplysies. Les
Doris coriaces et peu flexibles ont la faculté, en se
contractant, de briser et de rejeter des portions
de leur manteau , ainsi que les Harpes le font pour
leur pied. Les mouvements qu'elles exécutent se
bornent à la reptation, tandis que celles qui sont
molles nagent très-bien à l'aide des vives contrac-
tions de leur manteau.
MOLLUSQUES. 19
Nous avons fait des études de Scy liées qui sem-
blent nous prouver que celles qu'on trouve sur
les fucus dans diverses mers appartiennent à la
Gomfodensis de Forskal, qui est sans doute la
même que la Pélagique de M. Cuvier. Les Glaucus,
au contraire, présentent d'assez grandes variétés,
que nous pensons toutefois devoir être ramenées
à une seule et même espèce.
Les Théthys et les Tritonies sont tellement
peu communes dans les pays chauds, que nous
n'en avons jamais rencontré. Les Phyllidies sont
également assez rares. Ornées de couleurs écla-
tantes, elles ont cela de particulier qu'elles exha-
lent une odeur désagréable qui peut même ser-
vir à les faire reconnaître, lorsque quelques-uns
de leurs caractères ne sont pas suffisamment ap-
parents.
Les Pleurobranches, quoique moins nombreux
que les Doris, se trouvent dans les mêmes lieux,
et ont les mêmes habitudes ; c'est-à-dire que nous
en avons amené de neuf à dix brasses de profon-
deur, et que d'autres fois, on les prend sur les
rochers qui bordent le rivage. Des espèces ont une
coquille interne, d'autres en manquent, comme
cela arrive pour les Aplysies. Nous avons rencon-
tré à la Nouvelle-Hollande le type du genre Pleu-
robranchidie qui habite la Méditerranée.
20 ZOOLOGIE.
Dans les îles du grand Océan austral nous n'a-
vons trouvé parmi les Aplysiens que des Dola-
belles gisant sur le sable, à mer basse ou à demi
enfoncées dans la vase, tandis que depuis la France,
Ténériffe , le Brésil, Maurice nous ont offert des
Aplysies proprement dites. Cette dernière localité
nous en a donné plusieurs espèces nouvelles, et
nous avons été à même de constater sur le vivant
que le genre Notarche était une Aplysie de la di-
vision de celles qui n'ont point les branchies pro-
tégées par une coquille. Il paraît aussi y en avoir
d'essentiellement pélagiennes, car deux fois nous
avons rencontré sur des fucus, au milieu de l'O-
céan , l'Aplysie striée.
Il faut placer dans cette famille le genre Placo-
branche de M. Van Hasselt que nous avons ob-
servé dans toute son expansion aux îles des Amis,
et comme très-voisin l'animal que M. Oken a
nommé Actéon. Nous en rapprocherons également
avec M. de Blainville le genre Siphonaire nouvelle-
ment retiré des Patelles, avec lesquelles il avait été
confondu jusqu'à ce jour. Ce sont des animaux
jouissantdel'hermaphrodisme, mais probablement
insuffisant, remplaçant en quelque sorte, pour le
nombre , les Patelles dans les pays chauds , bien
que celles-ci s'y trouvent cependant. Du reste ,
on rencontre partout des Siphonaires , depuis Gi-
MOLLUSQUES. 21
braltar jusqu'au Cap, à la Nouvelle-Hollande, Mau
rice, à la Nouvelle-Zélande et dans toutes les îles
du grand Océan.
A notre retour en France, nous avons été à
même de faire quelques remarques sur les mœurs
des Aplysies qui trouvent naturellement leur place
ici.
Nous étions à Royan, à l'embouchure de la Gi-
ronde, dans les grandes marées de l'équinoxe de
septembre; au bas de la jetée du port, sont des
roches que la mer laisse à nu, lorsqu'elle se re-
tire. Il semble qu'à cette époque , ce soit le rendez
vous de toutes les Aplysies (kA. limbata) des en-
virons, que dans le pays on nomme chats de mer.
Elles se réunissent en petits groupes de trois à
cinq pour s'accoupler. Nous étudiâmes ce
mode d'accouplement pendant plusieurs jours ,
et nous vîmes que dans ces Mollusques herma-
phrodites, l'introduction de l'organe excitateur
n'était pas constamment réciproque. Nous l'eus-
sions même presque nié, si le dernier jour, au
moment de les abandonner, nous n'en avions saisi
deux individus mutuellement accouplés. Ils cher-
chent à s'accoler par quelque partie du pied ou du
manteau , leurs têtes étant opposées *. Il faut que
1 M. Rang, auteur d'une belle Monographie des Aplysies, qui en a
observe de vivantes, n'a pu voir que des accouplements (.impies, les deux
22 ZOOLOGIE.
dans cet instant l'extrémité blanche de l'organe
excitateur, qui est naturellement très-molle, ac-
quière une rigidité qui puisse la mettre à même
de glisser dans le sillon qui conduit aux organes
de la génération. Où se porte la verge ? Nos ten-
tatives n'ont pu nous amener à voir si c'était seu-
lement dans le conduit commun au testicule et à
l'oviducte, ou bien si elle atteignait jusqu'à ce
dernier organe. Dès que nous avions coupé le pé-
nis introduit, l'individu qui le recevait le rejetait
par ses contractions , avant que nous pussions
l'ouvrir et reconnaître sa vraie position.
M. Cuvier a fait voir dans de superbes dessins
que l'Aplysie a cela de particulier, que le pénis
est placé vers la tête, à l'extrémité opposée où se
trouvent les organes fondamentaux de la généra-
tion, c'est-à-dire l'ovaire et le testicule. Or ce pé-
nis n'a avec eux d'autre communication que par
la rainure qui existe le long du cou, qu'il faut
considérer comme un vrai canal déférent, ouvert
ici et fermé dans la plupart des autres Mollusques
qui sont dioïques. Nous croyons cependant en
avoir observé plusieurs, chez lesquels il affectait
cette même disposition ouverte. Alors rien n'est
individus ayant la tète du même côté; mode assez gênant, même lois
qu'un des deux seulement féconde l'autre, mais presque impossible lors-
qu'il y a uuiou réciproque.
MOLLUSQUES. 23
plus naturel d'admettre que dans l'accouplement
simple , l'organe excitateur porte clans l'utérus ou
Poviducte le fluide fécondant, qui coule le long du
sillon. Mais dans l'union réciproque, où les deux
ouvertures sont complètement remplies par les
deux pénis, la même chose peut-elle avoir lieu?
C'est ce que nous ignorons. La rareté des fécon-
dations doubles nous porte à croire que cet acte
n'est pas le plus naturel, et éprouve certains obs-
tacles , au nombre desquels on pourrait peut-être
mettre le mélange des semences.
Dans la famille des Hélices, dans les Agathines
et tous les Mollusques hermaphrodites insuffi-
sants , qui ont un vestibule commun pour la gé-
nération, il y a bien introduction réciproque des
organes excitateurs, mais ici un conduit particu-
lier et fermé porte la semence du testicule dans
le pénis, ce qui n'a pas lieu dans les Aplysiens*.
Le temps nous ayant manqué, nous n'avons
pu pousser plus loin nos recherches relativement
à la sortie des œufs dont les masses agglomérées
1 Personne que nous sachions n'a bien indiqué le mode d'accouplement
de l'Escargot commun. La longue portion grêle et molle du pénis ne sort
jamais par dédoublement ; il n'y a que celle que M. Cuvier a nommée le
prépuce, qui est la verge proprement dile; elleest courte, renflée, un peu
rugueuse, et se porte vers ï'oviducte dans le vestibule. En prenant deux
limaçons accouplés, les liant et les plongeant brusquement dans l'eau bouil-
lante, toutes ces parties conservent leurs rapports comme sur le vivant.
24 ZOOLOGIE.
en cordons d'un jaune verdâtre se fixent sur les
pierres. Ceux des Dolabelles que nous avons vus
dans les pays chauds sont plus gros , plus régu-
lièrement cylindriques , lisses , d'un vert sombre.
On pourrait s'y tromper, et les prendre pour
des Thalassiophytes ou de ces productions mari-
nes dont la nature n'est pas encore bien déter-
minée. Nous n'avons jamais eu occasion d'obser-
ver l'accouplement des Pectinibranches à coquille.
Les Aplysies nagent avec beaucoup plus de
vitesse qu'on ne pourrait le croire; surtout celles
pourvues d'une coquille et dont le manteau très-
fendu se rabat de chaque côté comme de larges
nageoires qu'elles font agir avec vigueur. Elles
sont herbivores et arrachent d'une manière brus-
que les tendres fucus dont elles se nourrissent.
Laissées à nu sur le rivage, elles supportent assez
bien l'action du soleil le plus violent, dans l'in-
tervalle d'une marée à une autre.
La quantité de liqueur violette qu'elles sécrè-
tent est énorme. 11 ne serait pas impossible que
les anciens l'eussent mélangée à la pourpre qu'ils
retiraient de divers Mollusques. Nous en avons
teint de la soie qui conserve bien sa couleur.
Nous n'assurons pas que les espèces sans coquille
aient une pourpre.
Les Bulles, et nous v comprenons les Bullées
MOLLUSQUES. 25
que nous n'admettons pas comme genre, sont
de toutes les mers sans qu'on puisse dire posi-
tivement que l'une ou l'autre division appartienne
plus spécialement à telle ou telle contrée. La
Nouvelle-Hollande est le lieu qui en fournit le
plus. Au port du Roi-George, dans le havre peu
profond et assez tranquille de la Princesse-Char-
lotte, le rivage est couvert, on peut le dire, des
enveloppes de trois ou quatre espèces de Bulles.
Ici, ces animaux recherchent les fonds sablon-
neux; mais il en est d'autres de très-petite taille
qui se plaisent , comme nous l'avons vu aux îles
Mariannes, sur les rochers battus par la mer, y
demeurent constamment en se cramponnant dans
leurs anfractuosités , et se confondent avec les
fucus mousseux qui les tapissent.
Quelques Bulles nagent verticalement et assez
mal; ce qui tient au peu de développement de
leur manteau et à la pesanteur de la partie pos-
rieure de la coquille. D'autres, au contraire, pour-
vues de lobes et d'appendices auriculaires, nagent
très-bien. Nous mettrons au premier rang la
Bulle rayée, qui joint l'élégance à la beauté des
couleurs. Elle est assez commune dans la rade du
Port-Louis de l'Ile-de-France. Celles qui portent
leur coquille cachée dans l'épaisseur du manteau,
qui l'ont très-rétréci ainsi que le pied , rampent
26 ZOOLOGIE.
sur le fond, qu'elles peuvent à peine abandonner.
Il en est d'admirables pour l'éclat et le velouté des
couleurs que le pinceau ne peut rendre. A Dorey,
nous avons saisi l'accouplement de la Bulle jaune
à coquille interne. Il se fait de la partie anté-
rieure d'un individu avec la postérieure supé-
rieure d'un autre , de sorte qu'ils se suivent
réunis sans que nous ayons vu d'union mutuelle.
Ce qui semble indiquer, qu'ainsi que dans les
Aplysiens, elle n'est ni constante, ni nécessaire,
quoiqu'ils aient les deux sexes réunis. Nos des-
sins représentent ces animaux dans la position
que nous venons d'indiquer.
Dans l'ordre des Pulmonés, qui comprend tou-
tes les espèces terrestres et un assez bon nombre
d'aquatiques, nous avons dessiné celles que nous
avons pu voir se développer. Nous allons donner
quelques aperçus sur les localités de certaines
d'entre elles, indiquer leurs habitudes et quel-
ques faits généraux d'organisation.
On trouve partout des individus de la grande
famille des Hélices. Mais dans les pays lointains
de même qu'en Europe, les animaux ne diffè-
rent pas assez à l'extérieur pour qu'on puisse
s'en servir comme caractères génériques. Nous
avons trouvé dans les Moluques deux espèces
nouvelles de Vitrines; et nous ferons remarquer
MOLLUSQUES. 27
que V Hélix citrina, si variée en couleur, et si
commune dans les collections, n'est qu'une grosse
\ itrine portant un grand pore muqueux à l'ex-
I rémité demi tronquée de son pied.
L'Hélice Melon , de la division des Bulimes ,
couvre, de concert avec l'Ambrette allongée, le
sommet de la montagne de Bald-Head à la Nou-
velle-Hollande. L'île de Van-Diemen nous a donné
l'Hélice Dufresne et une Ambrette nouvelle qui
se tient cachée sous les pierres dans les lieux
secs et élevés.
Nous n'avons vu, dans tout notre voyage, de
Parmacelles qu'à Ténériffe sur les mousses humi-
des de la foret d'Aguas-Gracias.
Presque partout nous avons rencontré des
Limaces. A la Nouvelle-Hollande et à la Nouvelle-
Zélande elles sont rares ; celie même qui provient
«le ce dernier lieu est remarquable en ce qu'elle
na que deux tentacules. Dans l'île aride et vol-
canique de l'Ascension elles se trouvent reléguées
au sommet de la plus haute montagne, où les
nuages entretiennent de la verdure et de l'humi-
dité. L'Ile-de-France en possède une espèce par-
ticulière , qui semblerait n'habiter que sur les
arbres de la montagne du Pouce. Elle tient un
peu des Parmacelles, et sa transparence nous a
fait la nommer Diaphane. C'est de ce pays, et de
28 ZOOLOGIE.
Madagascar primitivement, que proviennent les
Agathines, très-gros Mollusque qui ravage les
vergers. Nous donnons une figure coloriée de
son animal, ainsi que son anatomie, qui ne dif-
fère presque de celle des Hélices que par l'absence
des deux glandes frangées qui se trouvent près
du vestibule commun aux organes générateurs.
Les Auricules appartiennent aussi aux Pulmo-
nés terrestres ; car nous les avons toujours trou-
vées dans les bois, mais ordinairement près du
bord de la mer. Les petites espèces surtout ont
une prédilection particulière pour les rivages ,
tandis que celles dont on a fait le genre Scarabe
s'enfoncent assez profondément dans les terres ,
et se tapissent sous les feuilles mortes , comme
nous l'avons fait remarquer il y a long-temps. Le
propre de ces Mollusques est d'avoir les yeux
placés à la base interne de leurs tentacules. La
grande Auricule Midas seule a les siens si pro-
fondément cachés sous une peau épaisse qu'elle
paraît en être dépourvue. Elle est fort commune
dans les lieux humides de la Nouvelle-Guinée.
Nous nous étendrons assez longuement sur son
organisation à son article. C'est nécessairement
après les Auricules que doivent venir les Pyrami-
delles, malgré certains caractères qui les en éloi-
gnent , comme d'avoir des branchies et un
MOLLUSQUES. 39
opercule. Aussi faut-il en attendant en former un
petit groupe à part.
Nous plaçons à la suite de cette famille les
singuliers Mollusques connus dans les collections
sous le nom d'Ampullaire aveline et fragile ,
provenant, la première de la Nouvelle-Zélande,
la seconde de la Nouvelle-Hollande. Ce sont des
animaux pulmonés, hermaphrodites insuffisants,
avec lesquels nous formons le genre Ampulla-
cère , parce qu'ils ont la forme d'Ampullaires
dépourvues de tentacules. Ils se tiennent ordi-
nairement dans de petits étangs où il n'y a que
quelques pouces d'eau salée ou saumâtre.
Les Onchidies ou Péronie de M. de Blainville
pullulent entre les tropiques. Nous en donnons
plusieurs espèces nouvelles qui vivent plus à terre
que dans l'eau. Les rivages de Dorey, ceux du
havre Carteret à la Nouvelle-Irlande en étaient
couverts. A la Nouvelle-Zélande, une très-petite
espèce tapissait comme des points noirs les ro-
chers de l'anse de V Astrolabe. Les mêmes espèces
présentent de grandes variétés dans les couleurs,
qui varient quelquefois dans peu de temps à la
manière des Caméléons. De sorte qu'il faut pren-
dre garde , même sur le vivant , pour ne pas
faire de doubles emplois ; à plus forte raison
lorsqu'on les étudie dans la liqueur. Nous ferons
30 ZOOLOGIE.
observer aussi que les tubercules qui couvrent
le dessous du pied, dépendent le plus souvent du
racornissement produit par l'alcohol. Plusieurs do
ces animaux laissent échapper, par des pores qui
occupent le bord du manteau, une liqueur blan-
che et laiteuse. Il existe dans la rade d'Algesiras
une très-petite Onchidie que nous n'avons point
suffisamment examinée pour la faire connaître.
Elle n'a guère plus d'une ligne de long. Nous
ne la croyons pas la même que celle qui habite
les cotes de la Manche.
Les contrées équatoriales nourrissent aussi dans
leurs eaux douces des Lymnées , des Planorbes
et des Physes. Nous en avons des îles des Amis ,
des Mariannes et de Célèbes.
Sans trop suivre d'ordre rigoureux dans ces
considérations générales, nous voici arrivés aux
Pectinibranches qui forment environ la moitié
de la classe entière des Mollusques, et procurent
par leur multiplication une nourriture assez
abondante à quelques peuples de l'archipel
indien.
Les animaux des Porcelaines et des Ovules ont
la plus grande ressemblance entre eux, et prou-
veraient de nouveau la difficulté d'établir des
genres qui reposeraient en même temps sur le
Mollusque et sa coquille, si ces deux-là devaient
MOLLUSQUES. M
être séparés. Ce sont des animaux si élégants de
forme et la plupart si agréables par leurs cou-
leurs , que nous avons représenté toutes les es-
pèces que nous avons vues vivantes. Il faut dire
aussi que nous avons été servis à souhait par la
nature de notre voyage qui nous faisait naviguer
sous l'équateur ou entre les tropiques. Dans
toutes ces contrées on trouve des Gyprées, pourvu
qu'il y ait des abris et une petite quantité d'eau.
Elles se donnent peu de mouvement, et demeu-
rent une partie du temps retirées dans leur
coquille. Les petites espèces même se cachent
sous les pierres ainsi que beaucoup d'autres
Mollusques. Heureux pays pour le naturaliste
qui , chaque fois qu'il soulève un large quartier
de madrépore, est souvent embarrassé du choix,
et s'impatiente de ne pouvoir tout prendre et
tout observer! Le manteau rameux et velouté des
Porcelaines enveloppe parfois tellement la co-
quille, qu'au premier aspect on ne les reconnaî-
trait pas. Chaque espèce a ses couleurs propres,
et sous ce rapport il nous sera facile d'en confir-
mer plusieurs. C'est ainsi que si l'on pouvait
douter que la petite Ovule anguleuse fût une
espèce distincte et seulement le jeune âge de
l'Oviforme, on serait tiré d'incertitude par son
animal orné de couleurs élégantes , tandis que
32 ZOOLOGIE.
celui de l'Ovule oviforme est entièrement noir,
avec de petits tubercules blancs : singulier con-
traste avec la blancheur de la coquille , qui forme
une tranchante exception à la règle que nous
avons indiquée plus haut sur la similitude de
couleur des Mollusques avec leur test.
Nous ignorons qui a pu donner lieu à la fable
que les Cyprées changeaient de coquilles en gran-
dissant. Il ne faut qu'en voir une vivante ou
morte pour juger de suite de l'impossibilité du
fait. La plupart dés Mollusques , même des plus
enroulés, comme certains Troques, abandonnent
assez facilement leur enveloppe par la cuisson
ou la macération dans l'esprit-de-vin; les Porce-
laines jamais. Il est tout-à-fait impossible à cette
masse viscérale renflée de passer par une ouver-
ture aussi rétrécie, qui a valu à toute la famille
le nom d'Angiostome. Nous le savons mieux que
personne, nous, qui lorsque nous voulions con-
server l'animal d'une espèce précieuse étions
obligés de briser son enveloppe. On pourrait ob-
jecter que ce n'est que dans le jeune âge où l'ou-
verture est très-évasée. Rien n'a pu nous donner
le moindre soupçon de ce phénomène qui serait
unique, et répugne à être cru par quiconque a
quelque idée de l'organisation des Mollusques.
On ignorait encore la forme et le développe-
MOLLUSQUES. 33
ment qu'était susceptible de prendre l'animal de
l'Olive. Il recouvre en partie sa coquille à l'aide
de son énorme pied se relevant comme un man-
teau, et présentant en avant une sorte d'écusson
auriculé. Le manteau, proprement dit, est très-
court, et envoie postérieurement dans les sutures
un prolongement très-délié qui leur donne le
poli. Ce sont des animaux très- vifs, s'agitant beau-
coup, se relevant avec prestesse lorsqu'ils ont
été renversés, très-voraces, puisqu'on les prend à
l'Ile-de-France avec des appâts de viande. On les
trouve dans toutes les mers des tropiques dont
ils cherchent les plages sablonneuses. Les espè-
ces se maintiennent assez dans certaines localités.
Ainsi Tonga et les îles des Amis fournissent
l'Érythrostome ; et les Marianes, ce qu'on consi-
dère comme sa variété, qui pourrait bien être
une espèce distincte. On trouve dans les Molu-
ques la plupart des autres espèces, surtout la
Maure, dont les variétés passent au jaunâtre, et
peut-être même au blanc. La couleur de l'animal
caractérise assez bien certaines espèces; mais il
en est d'autres où elle n'indique pas les diffé-
rences qu'offrent les coquilles. C'est un des Mol-
lusques que nous avons étudiés avec le plus de
soin sur un grand nombre d'individus. Nous en
avons même fait développer plusieurs centaines
Zoologie, t. 11. 'i
3i ZOOLOGIE.
pour notre amusement, et jamais nous ne leur
avons vu d'opercule. Quelque petit qu'il soit, il
ne nous aurait pas constamment échappé s'il eût
existé. Ne se présenterait-il que dans le très-jeune
Age , et se perdrait-il ensuite par la vivacité des
mouvements de l'animal? Ce qu'il y a de certain,
c'est que deux petites espèces, la Ziz-Zag et la
Zonale, possèdent un opercule. Ne les ayant vues
que desséchées , nous ne pouvons assurer que ce
soient de vraies Olives et non des Ancillaires.
Ces dernières ne se distinguent des Olives que
par la petitesse des tentacules non apparents à l'ex-
térieur, que nous croyons dépourvus d'yeux; par
la grandeur de leur opercule et le manque d'ap-
pendice filiforme du manteau , propre à former et
entretenir les sutures. Ce qui fait qu'elles n'exis-
.tent pas. Les mœurs sont les mêmes. Nous n'avons
pu rencontrer d'Ancillaires que sur quelques fonds
vaseux de la Nouvelle-Zélande. Elles sécrètent une
abondante quantité de mucosité.
Les Volutes sont des animaux aussi agréable-
ment colorés que leurs coquilles. Les nuances en
sont aussi bien diversifiées que tranchées selon les
espèces. Leur tète repose sur un large bouclier
arrondi , et leur pied ne se relève point sur le dos.
Ils habitent à peu de profondeur sur le sable. Ils
sont lents à se développer. Le port du Roi-George,
MOLLUSQUES. 3;>
la haie des Chiens Marins, la Nouvelle-Guinée , les
Moluques, la Nouvelle-Zélande, nous ont fourni
la plupart des espèces connues. Une seule espèce
inédite provient de la Nouvelle-Zélande. Les cou-
leurs dans les Cônes nous ont également fourni de
bons caractères spécifiques. Souvent le siphon
respiratoire suffirait seul pour cela. Ces Mollus-
ques appartiennent, en général, aux contrées
chaudes. Ce sont peut-être les plus timides de tous
les Pectinibranches. Ils mettent un temps infini
à se développer, et rentrent au moindre mouve-
ment, pour mourir enfoncés dans leur coquille;
d'où il est très-difficile de les avoir en entier,
même en la brisant; ce qui tient au grand nombre
de tours deleur columellelamelleuse, sur laquelle
l'animal est appliqué et aplati. Leur glande sali-
vaire , les hameçons et les dards qui hérissent leur
appareil lingual sont quelque chose de bien par-
ticulier.
Le nouveau genre Conœlix, établi assez légè-
rement seulement sur l'examen de la coquille, doit
rentrer dans les Mitres, comme dépourvu d'o-
percule et par d'autres caractères que nous dé-
montrerons, au rang desquels il faut mettre la
présence d'une pourpre odorante, nauséabonde,
qui caractérise spécialement les Mitres, et qui,
dans quelques circonstances douteuses, nous fai-
3
30 ZOOLOGIE.
sait tout aussitôt reconnaître le genre. Les Mitres
ont de plus une trompe démesurément longue,
dépassant dans l'Épiscopale, de beaucoup, la lon-
gueur de la coquille. Ce sont des animaux qui se
développent peu, et dont le test, excessivement
dur, est difficile à casser pour la conservation du
Mollusque, autrement qu'avec un étau. Toutes les
contrées équatoriales fournissent des Mitres. Nous
renvoyons aux détails anatomiques les particula-
rités d'organisation relatives au tube digestif.
Nous mentionnerons ici les Strombes, singuliers
Mollusques, qu'on trouve par milliers à Vanikoro
et ailleurs. Ils se ressemblent tous par leur con-
formation générale , qui tient un peu de celle des
Cônes. Leur pied subcylindrique , divisé en deux
parties ouvertes presque à angle droit, est pourvu
d'un long opercule denticulé ou non , à l'aide du-
quel l'animal s'élance par bonds, ne pouvant se
mouvoir autrement. Les yeux sont placés tout-
à-fait à l'extrémité de longs tubes, d'où partent
des tentacules déliés et aigus. Après les yeux des
Céphalopodes, ce sont probablement les mieux or-
ganisés. Nous en réunirons un assez bon nombre
pour démontrer que la vive coloration de leur
cornée peut aider à la distinction des espèces.
Dès 1827, nous avons eu l'honneur de faire
part à l'Académie de nos observations, accompa-
MOLLUSQUES. 37
gnées de dessins, sur l'animal de la Harpe , qui est
inoperculé, et qui jouit de la singulière faculté de
rejeter la partie postérieure de son énorme pied;
il entre avec peine dans la coquille ; mais ce n'est
pas ce qui occasionne exclusivement sa rupture.
Cela tient à la présence d'un large canal aquifère
dans cette partie. Ces Mollusques habitent des lo-
calités spéciales; nous supposons que ce sont des
eaux profondes et peu agitées, peut-être sous des
rochers , car ce n'est que par les naturels du port
Dorey, à la Nouvelle-Guinée, que nous obtînmes
une assez grande quantité d'individus, sur plus de
quarante desquels nous confirmâmes le phénomène
que nous venons d'indiquer. Nous y reviendrons
en donnant l'anatomie de ce genre.
Les Tonnes manquent également d'opercule.
Leur pied est très-large , ailé en avant. Une longue
et grosse trompe, que l'animal promène sur son
dos, indépendamment de ses fonctions propres,
sert à écarter ce qui peut le gêner. Leurs couleurs
rayonnées, assez élégantes , caractérisent bien les
espèces; du moins sur trois que nous avons ob-
servées.
Les Casques, qui rentrent dans cette famille,
n'ont point les mêmes habitudes. Leurs mouve-
ments sont très-lents. Il est vrai que leur pied,
qui sert à l'exécuter, est singulièrement dispro-
38 ZOOLOGIE.
portionné dans beaucoup d'espèces avec la gros-
seur et la pesanteur de la coquille. L'animal, qui
en sort peu, est cependant peint des plus vives
couleurs. Son opercule rétréci ne doit être consi-
déré que comme rudimentaire.
Tous ces animaux, dans leur conformation gé-
nérale, tiennent aux Buccins. L'étude de ces der-
niers nous a permis d'y faire rentrer, d'après des
habitudes de mœurs, des espèces placées avec les
Fuseaux. Il est vrai qu'on passe insensiblement
des unes aux autres. Nous nous sommes quelque-
fois aidés des couleurs, bien que ce caractère,
fort bon pour les espèces, serve peu, en général,
à la détermination des genres.
Une division naturelle dans les Buccins pro-
prement dits est celle des Nasses , que l'on recon-
naît à leur pied auriculé en avant , fourchu en ar-
rière, à leur pelit opercule souvent denticulé, et
surtout à la vivacité , on pourrait dire à la turbu-
lence de leurs mouvements. La Cancellaire Lime,
qui vient des Moluques, est une vraie Nasse, de
même que les Buccins Agathe et Onde qu'on trouve
au cap de Bonne-Espérance. Ces deux espèces
sont complètement aveugles, quoique pourvues
de longs tentacules. Elles ont de plus la faculté d'ab-
sorber de l'eau par leur large pied, et de la lan-
cer en jets déliés. Ce sont des Mollusques voraces,
MOLLUSQUES. 39
se gorgeaut de chair, se servant de leur trompe
armée de crochets comme dune tarière, et fouis-
sant rapidement dans le sable avec leur pied.
Les Struthiolaires sont de vrais Buccins: il faut
en dire autant des Éburnes, recouverts d'un épi-
derme fibreux, à large et fort opercule, ongui-
culé. Le renflement canaliculé de leurs sutures tient
à un pli analogue du manteau.
Les Littorines, les Planaxes doivent former un
petit groupe peu éloigné des Buccins. Ce sont,
en général, des Mollusques parasites, qui se plai-
sent aux alentours des habitations , et qu'on trouve
plus souvent hors de l'eau que dedans, sur des
pieus ou suspendus aux branches des arbres. On
rapportera aux Littorines la Phasianelle angulaire
de M. de Lamarck, remarquable par sa fragilité.
Les Fasciolaires ressemblent tellement aux Fu-
seaux qu'elles ne peuvent réellement former qu'une
division dans ces derniers, fondée seulement,
pour la facilité de l'étude, sur les plis de la Colu-
melle. Nous verrons également qu'il est des Tur-
binelles qui ne sont que des Fuseaux, de même
que les Pleuro tomes, qui n'ont d'autre différence
que l'échancrure de leur bord, produite par une
semblable dans le manteau. Ce sont des animaux
d'autant plus apathiques qu'ils ont à traîner une
enveloppe lourde et assez considérable. Leurs ten-
iO ZOOLOGIE.
tacules et leur pied sont fort petits, et, en général,
dans leur coloration en rouée, ils ont un air de
famille qui les distingue.
Les Ricin ules ressemblant aux Pourpres par
l'animal et l'opercule, ne peuvent former , selon
nous, qu'une division dans ces dernières ; encore
est-elle assez difficile à établir, si on ne prend
pour base que les piquants et les tubercules de
l'ouverture , car on passe insensiblement des
Pourpres lisses aux Ricinules.
Les Colombelles se rapprochent infiniment des
Pourpres , l'opercule est presque le même.
Nous joignons les Paludines aux Ampullaires.
Nous ne voyons d'autres différences, que dans les
Ampullaires il existe, indépendamment de la
branchie, un organe dont a parlé M. de Blain-
ville , que nous avons reconnu contenir de l'air,
qui tend sans doute à rendre plus léger un Mol-
lusque naturellement très-lourd. ACélèbes, nous
avons trouvé des Paudines dans les ruisseaux et
dans un lac d'une haute montagne , tandis que les
Ampullaires habitaient près du bord de la mer.
Les Turritelles ressemblent aux Cérites. Les
Mêlâmes, les Potamides, les Mélanopsides et les
Pyrènes n'en sont pas éloignées pour la forme de
ranimai. Celui des Mélanies a le manteau pres-
que constamment frangé et l'opercule subspiré;
MOLLUSQUES. \ I
ce que ne présentent pas tontes les Cérites. Ce
sont des Mollusques très-timides, abondants clans
les pays chauds et vivant dans les eaux douces,
courantes ou marécageuses, selon les espèces.
Quant aux Cérites, on peut dire qu'elles se
trouvent partout et en grand nombre. Nous en
donnerons plusieurs espèces nouvelles, ainsi que
la figure de quelques animaux de celles déjà con-
nues. Nous signalerons, comme en différant un
peu par l'opercule, la grande espèce que nous
nommons Cérite lisse. Nous ne l'avons vue qu'au
port du Roi-George, vivant en troupe, dans les
lieux très-abrités, entre les fentes des rochers,
immobile au fond de l'eau ; ce qui fait qu'elle est
couverte d'Hipponyces.
Les vases du Port-Jackson nourrissent une
grande quantité de Cérites Pyrazes, coquille au-
trefois très-rare.
Nous recommandons à ceux qui auront occa-
sion d'observer les Cérites , ce qui n'est pas très-
difficile puisque nous en avons sur nos côtes , de
constater si les sexes sont séparés sur deux indi-
vidus différents. Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que
nous n'avons jamais rencontré que des femelles
Les Troques et les Turbos ont particulièrement
fixé notre attention. Nous avons pu par l'étude
des animaux ranger dans chacun de ces genres
42 ZOOLOGIE.
des coquilles qui n'étaient pas à leur place. Ce
n'est qu'une même famille dans laquelle on peut,
si l'on veut, pour la facilité de l'étude, laisser
subsister ces deux genres qu'on ne saurait vraiment
distinguer que par la forme de l'opercule et
par quelques filaments plus ou moins nombreux
qu'ils ont à la racine du pied. Quant aux Mono-
dontes de M. de Lamarck, nous les faisons ren-
trer, comme l'a fait M. de Blainville, dans les
Troques, dont ils formeront une division fondée
sur le plus grand nombre de lanières tentacu-
laires qu'ils portent aux côtés du pied. Nous n'en
avons jamais vu moins de quatre et plus de huit.
Ces animaux sont généralement de petite taille,
et ils se font remarquer par la vivacité de leurs
mouvements , que le choc ou la manipulation ont
souvent de la peine à réprimer. On peut même
dire qu'ils sont plus souvent hors de l'eau que
dedans.
L'animal des Roulettes leur étant presque en
tout semblable doit être placé dans le même
groupe.
Les grandes espèces, au contraire, sont des Mol-
lusques timides, allongeant à peine la tète hors
de leur coquille, la rentrant au moindre contact,
se tenant toujours sous les eaux et se déplaçant
peu, comme le prouve l'enduit sale dont la plu-
MOLLUSQUES. 43
part sont recouverts. Leur pied est rarement
muni d'appendices filamenteux. Quelques-uns
d'entre eux appartiennent aux Sabots proprement
dits ; et celui connu sous le nom de Télescope
est une vraie Cérite.Ces coquilles, très-répandues
dans les pays chauds, font l'ornement des collec-
tions par la variété et l'éclat de leurs couleurs.
Les Turbos ou Sabots ont dans leur opercule
paucispiré et calcaire un très-bon caractère géné-
rique , indiquant une forme constante dans leur
ouverture; ce qui n'a pas toujours lieu pour les
Troques. Les individus de ces deux genres ont
une organisation toute particulière dont on ne
s'était pas douté. Ils sont hermaphrodites , non à
la manière des Mollusques pulmonés, mais à peu
près comme les Parmophores, les Hipponyces,
les Patelles, les Marginules, les Stomatelles, etc.,
qui jouissent de l'hermaphrodisme qu'on peut
appeler suffisant. Il en résulte une modification
profonde dans plusieurs de leurs fonctions, dont
les organes ont plus ou moins de rapports avec
ceux des genres que nous venons d'indiquer.
Nous entrerons dans plus de détails lorsque nous
en serons à leur article spécial. Mais toujours est-
il que nous sommes arrivés à pouvoir déduire,
d'après l'inspection simple d'un opercule de cette
famille, la forme de l'appareil branchial et celle
4 4 ZOOLOGIE.
tles organes de la circulation, de la génération,
du système nerveux, etc., tous différents de ceux
de la plupart des autres Mollusques pectinibran-
ches.
Les Phasianelles sont de vrais Turbos. Sur les
plages de la partie sud de la Nouvelle-Hollande ,
nous avons été à même d'étudier les habitudes
de ces Mollusques, qui y sont très-nombreux. Ils
se plaisent dans les lieux sablonneux et sur ceux
où croissent les fucus qui protègent leur fragilité.
Aussitôt que la mer les a déposés sur le rivage,
ils se retirent dans leur coquille. Mais que l'eau
les touche de nouveau , ils se développent avec
rapidité et s'agitent dans tous les sens. C'est à la
vivacité de leurs mouvements qu'ils doivent
d'avoir presque tous le bord de leur ouverture
cassé. Leur pied présente cela de particulier ,
qu'il s'allonge en forme de trompe, et que dans
le marcher ses deux parties latérales glissent
alternativement l'une sur l'autre. Ce sont des
animaux voraces habitant une assez grande pro-
fondeur, fuyant la lumière, et qu'on peut pren-
dre avec des appâts de chair.
C'est après cette famille que les lois d'une
organisation presque semblable nous forcent de
placer les Parmophores, les Haliotides, les Fissu-
relles, les Émarginules, et même les Stomalclles,
MOLLUSQUES. 45
malgré la dissemblance de la coquille de ces
Mollusques avec celle des Turbos et des Troques.
Nous démontrerons dans nos planches l'affinité
qui règne entre ces animaux jouissant de l'her-
maphrodisme suffisant.
Le port du Roi-George, mais surtout le port
Western, nous ont donné des Parmophores d'une
très-grande taille. Ils sont entièrement noirs, apa-
thiques , et se cachent sous les pierres dans les
lieux où il n'y a que peu d'eau. Presque partout
on trouve des Ilaliotides; mais les plus grandes
et les plus belles espèces habitent les contrées
tempérées, comme la Nouvelle-Zélande, l'extré-
mité sud de la Nouvelle-Hollande, etc. La colo-
ration peut offrir de bons caractères pour la
connaissance des espèces ; et si nous ne nous
sommes pas attachés à dessiner ces Mollusques ,
cela tient à ce que presque toujours recouverts
par leur large enveloppe, ils n'entrent que diffi-
cilement en expansion.
Les Fissurelles, les Emarginules sont fort rares
dans les pays que nous avons parcourus. Il en est
de même des Stomatelles,que nous n'avons ren-
contrées qu'à la Nouvelle-Hollande , aux îles des
Amis et à Vanikoro. L'espèce de ce dernier lieu,
qui est nouvelle, porte un opercule. Son organe
branchial est comme celui des Troques, formé de
46 ZOOLOGIE.
deux peignes superposés et non écartés , ainsi
que cela a lieu dans les genres indiqués ci-des-
sus. Plusieurs coquilles de Stomates ont été con-
fondues, jusqu'à ce jour, avec celles des Sigarets
qui sont très-fragiles, toujours internes et appar-
tenant à des Mollusques dioïques.
Les Janthines sont assez difficiles à classer.
Nous leur trouvons certaines affinités , quoique
éloignées , avec les Turbos. Ce sont des Mollus-
ques essentiellement pélagiens. Ne leur ayant
jamais trouvé que le sexe femelle, sans accouple-
ment, quoique nous ayons souvent navigué des
semaines entières au milieu d'eux, nous les sup-
posons hermaphrodites suffisants. Us sont com-
plètement aveugles , sans la moindre trace d'yeux
sur leurs tentacules, profondément bifurques.
Dès 1827, nous avons fait connaître à l'Aca-
démie des Sciences la manière dont les œufs
étaient portés sous la vésicule membraneuse
qui sert à faire flotter l'animal. Us sont renfer-
més dans de petites outres en forme de pépin
de courge, placées ordinairement sur deux lignes
régulières. Nous ignorons comment s'opère cet
arrangement. Chaque loge contient des milliers
de petits grains bruns, qu'on reconnaît au micros-
cope pour être des Janthines déjà formées. Indé-
pendamment de cela, nous avons trouvé une fois
MOLLUSQUES. 17
dans L'utérus de petites coquilles qui seraient
probablement sorties sans passer dans les capsu-
les. Ce Mollusque s'aide pour nager de son pied
qu'il allonge en forme de trompe, comme font
les Phasianelles. Il est probable que les membra-
nes qu'il porte sur les côtés de ce pied à la ma-
nière des Troques et des Turbos, lui servent aussi
à ce mécanisme.
La vésicule cartilagineuse , comme l'appelle
Fabius Columna, n'est point placée à l'endroit
où serait l'opercule , mais bien en dessous du
pied et à sa partie postérieure , l'animal étant
censé vu dans sa position normale et en rampant.
Elle se détache facilement et doit sans doute se
reproduire de même. Nous ignorons encore com-
ment cela s'opère.
Par l'observation de l'animal d'un vrai Cadran,
nous trouvons que sa place est à côté des Tro-
ques, ainsi que l'a indiqué M. de Blainville, mais
des Troques à opercule paucispiré, dont l'organi-
sation n'est pas la même que ceux à opercule mul-
tispiré, comme nous le ferons voir. Nous disons
vrai Cadran, parce qu'il en est une espèce, le Sola-
riumvariegatum , qu'on range dans ce genre , dont
la forme de l'animal, et surtout celle plus singu-
lière de l'opercule calcaire en cône , doivent l'en
faire sortir, ou du moins former une divison re-
marquable.
48 ZOOLOGIE.
Viendront ensuite les Dauphinules. Nous n'a-
vons pu nous assurer de la valeur réelle des es-
pèces de ce genre , n'ayant vu que l'animal de la
Laciniée.
Nous avons enfin reproduit, et presque simul-
tanément avec MM. Gray, Ruppel1, l'Aurillard,
le genre Vermet qu'on n'avait pas vu depuis Adan-
son, et qu'il avait décrit et figuré avec sa sagacité
ordinaire. La Nouvelle-Hollande, les îles Ma-
rianes , la Nouvelle-Zélande nous en fournissent
diverses espèces, dont une fort grosse. Il y en a
d'operculées et d'autres qui ne le sont pas. C'est ici
qu'il est bon de s'éclairer de l'animal , pour la
classification de la coquille, dont la forme, peu
fixe en général, n'offre pas des caractères spéci-
fiques bien précis. Nous ferons observer que plu-
sieurs Serpules et Vermilies de M. de Lamarck
doivent faire partie du genre Vermet. Il y a douze
ans que le Muséum possède des Vermets que
nous apportâmes de notre premier voyage. Nous
les reléguâmes parmi les Serpules, d'après un exa-
men superficiel de leur tube. Un peu d'habitude
suffit cependant, au premier aspect, pour ne pas
confondre les unes avec les autres.
Trop souvent les lithographies de l'ouvrage de M. Ruppel sont d'une
mauvaise exécution et même défectueuses, comme, par exemple, son Parmo-
phore austral , qui n'est pas l'austral, et son Vermet, dont tous les organes
sont transposés; ce <jue nous avions de la peine à faire concevoir à l'auteur
lui-même, ce qui ne prouve pas en faveur de la solidité de ses principes
d'organisation animale.
MOLLUSQUES. in
Nous rapportons de la Nouvelle-Zélande un pe-
tit Mollusque qui semble tenir le milieu entre les
Vermetset les Siliquaires , si toutefois ces dernières
doivent constituer un genre différent de celui des
Vermets. Dans une si énorme quantité de maté-
riaux allant toujours croissant, dont se compose
l'histoire naturelle, si l'on multiplie trop les divi-
sions, c'est se priver de ce que la méthode peut
avoir de bon pour servir de guide. On finirait par
là à ne plus trouver d'espèces, et à réduire tout
à des individus qu'on appellerait genre; ce qui ne
serait plus qu'un simple déplacement de mots. Il
semble qu'il y ait une sorte d'amour-propre à
créer des genres. Ce ne sera pas du moins dans
ces essais faciles et trop souvent éphémères que
nous placerons le nôtre. Nous chercherons au con-
traire, autant que nous le pourrons, et sans trop
heurter de rapports, à ramener à des groupes gé-
néraux, par l'étude de leur organisation , les ani-
maux qui nous occupent, dont les formes se
compliquent et varient plus que dans les autres
classes, et ne se prêtent que difficilement aux clas-
sifications.
Si l'on tient à conserver les deux genres Nérite
et Néritine, il faudra en chercher la différence
plutôt dans l'épaisseur de la coquille et les mœurs
des animaux que dans leur organisation, qui est
Zoologie, t. il. /,
50 ZOOLOGIE.
a peu de chose près identique. Mais les Néritines
ont un test mince , épidémie , et vivent dans les
eaux douces à l'embouchure des rivières, sans
craindre toutefois de descendre à la mer. Ce cas
est rare ; du moins nous ne l'avons vu qu'une fois
pour la Néritine auriculée. Les Nérites propre-
ment dites, plus épaisses, habitent l'eau salée.
Ici viennent se ranger les Natices et les Cryp-
tostomes, dont les animaux se ressemblent telle-
ment lorsqu'ils sont développés, qu'il faut y re-
garder de près pour les reconnaître. Les Cryp-
tostomes offrent cette différence que leur coquille
ne peut les contenir; ce qui est le contraire dans
les Natices, qui ont de plus un opercule plus
grand et plus complet. Toutefois, quand le man-
teau et le large pied membraneux de ces dernières
sont dehors, il faut beaucoup de temps et de tra-
vail pour qu'ils puissent rentrer complètement.
Nous n'avons pu nous procurer qu'un individu
de Cryptostome vivant, au port du Roi-Georges;
mais nous allions faire nos provisions de coquilles
dans les nids des hirondelles de mer, qui portent
ce Mollusque à leurs petits, pour lesquels c'est
une nourriture pour ainsi dire toute préparée.
Plusieurs des Sigarcts de M. de Lamarck, et pro-
bablement aussi quelques Stomates sont, comme
l'observe M. de lîla'mville, de vrais Oyploslomes,
MOLLUSQUES. 5 1
La petite Patelle australe de M. de Lamarck ap-
partient aux Uipponyees de M. de BlainviUe. Genre
remarquable en ce qu'il est toujours fixé par un
muscle demi circulaire, qui ne permet à l'animal
qu'un léger mouvement d'élévation et d'abaisse-
ment , il porte et fait éclore ses oeufs dans une
poche à plusieurs loges, placée entre le col et le
pied. Les jeunes en sortent pour se fixer aux alen-
tours et même sur leurs parents. L'espèce citée
abonde au port du Roi-Georges. Les pays chauds
ont également des Hipponyces.
Nous n'avons point négligé de représenter des
Patelles, toutes les fois que nous l'avons pu, afin
d'en tirer des caractères spécifiques. C'est en pour-
suivant cette étude que nous avons découvert le
genre Patelloïde , portant une longue branchie
au dessus de la tête. Il est plus commun qu'on
ne pense parmi les Patelles des pays chauds; nous
ne doutons point même qu'il ne se rencontre
parmi celles de nos contrées. Il est quelquefois
reconnaissable en ce que la coquille est plus mince,
et a son sommet porté en avant. Les espèces Sac-
charina et Fragilis en font partie.
La Nouvelle-Zélande est le lieu qui nous a fourni
le plus de belles espèces d'Oscabrions, riches en
couleurs; et nous avons rencontré assez fréquem-
ment aux îles des Amis cette espèce à osselets à
4*
52 ZOOLOGIE.
peine apparents, dont on a formé le genre Osca-
brelle, mais qui ne doit être considéré que comme
une division parmi les Oscabrions.
Les Mollusques acéphales n'offrant pas le même
intérêt à être peints, du moins ceux à coquille,
nous nous sommes contentés de les récolter et de
saisir ce qu'ils pouvaient avoir de plus remar-
quable dans leur manière d'être. Nous n'indique-
rons donc que quelques particularités sur cer-
tains d'entre eux.
Parmi les Ostracés on trouve presque partout
des Huîtres , mais infiniment moins entre les tro-
piques qu'au dehors. La Nouvelle-Hollande est le
lieu qui en fournit le plus. Partout où se repro-
duit le grès, il est couvert de ces Mollusques, qui
sont longs et plissés. Ainsi à la baie des Chiens-Ma-
rins, au port Jackson , ce fut pour nous une nour-
riture agréable. Le granit dominant au port du
Roi-Georges, il fallait aller au loin pour s'en pro-
curer une espèce qui vit à une certaine profon-
deur sans être adhérente.
Le manteau des Peignes est peint, comme on
sait, de très-belles couleurs. Nous regrettons que
le temps ne nous ait pas permis de les étudier,
car on doit probablement pouvoir en tirer d'assez
bons caractères spécifiques. On sait encore , comme
l'avait autrefois remarqué Aristote , que ces ani-
MOLLUSQUES. 53
maux se meuvent en agitant brusquement leurs
valves, et peuvent même s'élancer hors de l'eau;
mais le Mollusque chez lequel nous avons ob-
servé ce phénomène au plus haut degré, est la
Lime. Sa vivacité dans l'eau est telle, qu'il nous
fallait, à la lettre , courir après. Elle doit cette fa-
culté à la grande élasticité de son ligament et de
son muscle.
II est aussi une autre Bivalve dont le pied s'al-
longe en gouttière pour ramper sur les corps les
plus polis, comme le verre; c'est le çenre Psam-
mobie , dont nous ferons connaître une espèce nou-
velle.
Vanikoro est le pays aux Houlettes. Elles se
creusent une demeure clans les Madrépores, où
elles adhèrent par le fond à l'aide d'un bissus qui
permet un très-petit mouvement d'élévation et d'a-
baissement. Leur ouverture seule, qui sort de
quelques lignes, est constamment béante. Lors-
qu'on veut saisir la coquille, elle ferme ses valves,
et s'applique contre une des parois de son trou , de
manière que pour l'avoir complète, il faut enle-
ver la masse entière d'Astrées dans laquelle ces
Mollusques paraissent plus particulièrement se
plaire : ce qui est souvent difficile, étant couverte
de deux à trois pieds d'eau.
Au port Western de la Nouvelle-Hollande, nous
51 ZOOLOGIE.
vîmes beaucoup de débris de Trigouies, sans pou
voir tomber sur la localité où elles se tenaient vi-
vantes. Ce n'est qu'en pleine mer, sous le cap Dro
madaire, en faisant draguer de nuit, que nous
obtînmes un petit individu de la Pectinée, suffi-
sant pour nous montrer que l'animal se rap-
procbe infiniment de celui des Nucules.
Parmi les Modioles, nous citerons une belle et
grande espèce ovoïde , voisine de la Modiole Dis-
cors , très-commune à la Nouvelle-Zélande. Nous la
trouvions souvent par paquet au milieu des moules,
complètement encbevètrée dans une bourre ou
bissus jaunâtre.
Les Tridacnes ont particulièrement fixé notre
attention par la beauté et la variété des couleurs
de leur manteau. Les Tridacnes proprement dites
sont fixées par un bissus, du moins jusqu'à un cer-
tain âge , et le plus souvent enveloppées de Poly-
piers. Les nuances distinguent très-bien les es-
pèces, comme l'indiquent nos dessins. C'était
vraiment un joli coup-d'œil que de voir réunis un
grand nombre d'individus de l'espèce safranée, éta-
lant leur manteau d'un beau bleu foncé, velouté ,
parsemé de points d'émeraudes. Ces Mollusques
ont à lutter contre les Madrépores, qui les encroû-
tent peu à peu. Ils s'y creusent bien une niche
par le mouvement de leurs valves, et maintien-
MOLLUSQUES.
nenl leur ouverture libre pendant un certain temps;
mais, à la longue, leur ennemi finit par les enve-
lopper complètement, et ils meurent. C'est ainsi
que nous en trouvions quelquefois de renfermés
dans des blocs de Madrépores, que nous cassions
pour avoir des Lithodomes, des Pholades, des
Ampliilrites ou des Siponcles.
A mesure que les Tridacnes prennent de l'ac-
croissement, leur lunule se ferme, le bissus s'a-
trophie, et elles ne sont plus adhérentes. Nous
avons remarqué dans quelques individus, au bord
de la lunule, plusieurs petits osselets, unis entre
eux par des fibres ligamenteuses. C'est à tort qu'on
a cru que ces masses énormes pouvaient se sus-
pendre aux rochers. Elles reposent constamment
sur le sol. Il y en a, comme les Hippopes , qui,
manquant de lunules, n'y adhèrent jamais , et res-
tent à sec à chaque marée : d'autres, comme la
Tridacne Faitière, que distinguent ses petits plis ,
habitent sous plusieurs brasses d'eau. Ce sont de
ces dernières que les Carolins nous péchaient dans
l'île de Guam , par cinquante ou soixante pieds
de profondeur. Ils ne se servent pour cela que
d'un clou avec lequel ils rompent les filaments qui
retiennent la coquille au fond. Tous les naturels
du grand Océan se nourrissent de ce Mollusque,
qu'ils mangent crû.
5G ZOOLOGIE.
C'est de la Tridacne qu'on retire une grosse perle,
rarement ronde, d'un blanc mat ou chatoyant,
avec des stries qui ressemblent un peu à celles
de la Zéolithe. Ce ne peut être que par quelque
malentendu qu'on a cru que cette concrétion pro-
venait de l'intérieur de la noix de coco.
Le port Western abonde en Térébratules. On
drague à quelques brasses de profondeur ces Mol-
lusques par milliers. Ils se tiennent immobiles,
groupés par petits paquets. Lorsqu'on les observe
dans l'eau, on ne leur aperçoit d'autre mouve-
ment que celui produit par l'allongement des
peignes, qui ressemblent à des branchies. Il s'en
trouve aussi dans la rade du port Jackson et à la
Nouvelle-Zélande.
Les Biphores nous ont encore longuement occu-
pés dans ce voyage-ci. Chaque fois que nous pou-
vions nous en procurer, ce qui arrivait souvent,
parce qu'ils sont communs dans les mers chaudes,
nous ne négligions jamais de chercher à saisir
quelques points de leur organisation , qui n'est
pas encore complètement connue. Lorsque le ha-
sard nous en procurait de bien vivants, bien
transparents, au travers desquels on pouvait faci-
lement examiner l'admirable jeu de toutes les par-
ties, nous passions des journées entières, la loupe
et le crayon à la main, pour en saisir le méca-
MOLLUSQUES. 57
nisme. Nous avons plus d'une fois rendu témoins
MM. les officiers de la singulière circulation de
ces animaux, déjà en partie signalée par M. Van
Hasselt. Nous en avons étudié le cours avec soin, et
découvert le système nerveux. Nous ajouterons
plusieurs espèces nouvelles à celles qui sont con-
nues; mais nous dirons qu'il faut avoir long-temps
étudié ces animaux pour ne pas commettre d'er-
reurs dans la détermination des espèces, dont les
individus varient singulièrement de formes selon
l'âge; ce que nos figures démontreront.
Nous possédons une assez belle suite d'Asci-
diens pris dans diverses mers, principalement sur
la Nouvelle-Hollande et la Nouvelle-Zélande.
En terminant cet aperçu général, fort incom-
plet sans doute , sur les Mollusques que nous avons
observés, nous demanderons d'où provient le ver-
nis brillant qui orne l'enveloppe de ceux qui n'ont
ni un large manteau, ni un grand pied pour le
produire, comme cela arrive dans les Porcelaines,
les Olives, les Ancillaires. On ne peut qu'admettre
qu'il est sécrété par le bord du manteau, et formé
en même temps que le reste de la coquille. Nous
avons bien porté notre attention sur cet organe,
dans le but de connaître s'il ne serait point au-
trement configuré; mais il ne nous a rien offert
58 ZOOLOGIE.
de différent dans les Phasianelles, les Vis et quel-
ques Turbos, que ce qu'il présente dans les autres
Mollusques à coquilles rugueuses.
ANliMAUX
MOLLUSQUES.
ANIMAUX
MOLLUSQUES.
Ccpljaliô.
Genre SECHE. — Sepia.
SÈCHE MAMMELONNÉE.
Sepia papillota. Nob.
PLANCHE I. FIGURES 6-l4«
Sepia , corpore subovato; capite crasso, lato,
utroque valde tuberculatis ; alis apice conjunctis .
Cette espèce a le corps court , presque arrondi ,
plus large en avant qu'en arrière, où les nageoires
réunies ne présentent qu'une simple dépression.
Antérieurement le corps forme une pointe très-
obtuse. La tète est excessivement large, bombée,
(i'2 ZOOLOGIE.
et ses tentacules sont fort gros. Ceux qu'on nomme
les bras sont longs, assez grêles, et dépassent
presque du double la longueur du corps propre-
ment dit. Leur extrémité est médiocrement dila-
tée, lancéolée, pourvue d'un petit nombre de
ventouses, du milieu desquelles en ressortent deux
excessivement grosses avec une plus petite en ar-
rière. Ces ventouses sont épaisses, arrondies, et
ont l'aspect d'un œil de squale. Le pédicule qui
les fixe est médian, assez court, et le cartilage du
contour est sans dentelures. Ces deux caractères
appartiennent aussi aux ventouses des tentacules,
qui sont petites et placées sur quatre rangées
obliques.
Les mandibules sont fortes, à pointes courtes
et un peu arrondies. Le siphon est large et fort
court.
Tout le corps en dessus, la tête, les tentacules,
moins les bras, sont couverts de petits tubercules
très-pressés , dirigés en arrière , et formés eux-
mêmes par d'autres tubercules groupés ensemble,
ainsi que l'a montré le dessinateur. Le ventre est
lisse. L'ensemble de ces parties est d'un brun-rou-
geâtre foncé , principalement sur le milieu de la
tète et du dos. La pièce dorsale est un ovale allongé,
bombé en dessus, un peu pointu en avant, plus
large à sa partie postérieure, qui est arrondie et
très-excavée en dessous. La portion crétacée a un
sillon médian, profond, et les lamelles qui la for-
MOLLUSQUES. 63
ment décrivent un angle assez aigu en avant. Ce
caractère peut être bon quelquefois pour la dé-
termination des espèces. Cette pièce était ron-
geàtre, ce qui peut tenir à sa macération dans la
liqueur.
Cette Sèche provient du cap deBonne-Espérance.
Nous ayant été donnée conservée dans la liqueur,
nous ne pouvons indiquer ses couleurs véritables.
Elle diffère de la Sèche tuberculeuse par la forme
<Us excroissances de sa peau, qui sont divisées en
plusieurs petits mamelons , tandis que dans la pré-
cédente elles sont simples et coniques.
DIMENSIONS.
pieds
Longueur du corps
Sa largeur
Longueur des tentacules
Longueur des bras i
Longueur de la pièce dorsale
Sa largeur au milieu
pouces.
lignes
6
5
/
4
3
M
G
G
i/
'i
•y
>
G4
ZOOLOGIE.
SECHE VERMICULEE.
Sepia vcrmiculata. Nob.
PLANCHE I. FIGURES 1-5.
Sepia, corpore piano ; postice emarginato ; an-
tice acuto , desuper transversim lineolato ; pinnis
margine rubro punctatis ; brachiis longissimis .
Grande espèce, élargie, épaisse, peu ova-
laire, à tète et tentacules fort gros. Le manteau
se termine en avant par une pointe large et trian-
gulaire. Les nageoires sont ondulées, et laissent
entre elles, en arrière, une large écliancrure, au
milieu de laquelle parait la pointe de la pièce dor-
sale. La tète, extrêmement large, a les yeux un peu
remontés vers sa partie supérieure. Les tentacules
sont courts, fort épais à leur base. Ils sont gar-
nis de quatre rangées de petites ventouses courte-
ment pédiculées. Leur cartilage n'est point den-
ticulé. Les longs bras sont cylindriques, et dé-
passent le corps de près d'un tiers. Leur extré-
mité aplatie, recourbée en sabre, porte un grand
MOLLUSQUES. 6S
nombre de ventouses, dont huit ou dix sont re-
marquablement grandes; leur limbe est uni, et le
pédicule médian. Les mandibules sont fortes, l'in-
férieure un peu comprimée, médiocrement poin-
tue. La pièce dorsale est un ovale très-allongé,
plus large à sa partie postérieure, où il est régu-
lièrement arrondi et pourvu dune pointe courbe;
il est convexe en dessus. En dessous, la substance
crétacée est bombée dans toute son étendue. La
partie postérieure et dorsale de cet osselet a une
teinte rougeâtre de laque remarquable.
Tout le corps en dessus, sur un fond jaunâtre ,
présente des lignes vermiculées, le plus souvent
transverses et de couleur rouge brun. Sur le bord
des nageoires elles dégénèrent en points de la
même teinte, d'autant plus petits qu'ils appro-
chent davantage du limbe. Le milieu du dos est
d'un brun foncé; le dessous du corps jaune, pi-
queté très-finement de brun rouge. La tète est de
cette même couleur avec de courtes vermicides.
Celles des tentacules sont longitudinales, surtout
vers la pointe. Les bras n'en ont point.
Cette Sèche nous a été donnée au cap de Bonne-
Espérance , d'où elle provient très-probablement.
Elle était depuis quelque temps dans la liqueur,
de sorte que nous ne pouvons assurer quelles
sont ses vraies couleurs. Toutefois les vermicides
qui la caractérisent sont invariables; mais leur
Zoologie, t. ii. 5
06 ZOOLOGIE.
teinte sur le vivant pourrait ne pas être ce qu'elle
paraît et même tenir du bleu de ciel.
DIMENSIONS.
pieiU. pouces, lignes.
Longueur totale (i) i 1 6
Longueur du corps » 9 »
Longueur des tentacules supérieurs, en-
viron 4 6
Longueur des longs bras 1 2 >■
Largeur du corps » 7 »
Largeur de la pièce dorsale » 3 »
Sa longueur ■> 8 »
SECHE DEUX-LIGNES.
Sepia bilineata. Nob.
PLANCHE 2, FIGURE I.
Sepia, corpore elojigato, rhomboïdale , vitta
cœrulea cincto ; pirinis medio dilatatis.
Cette Sèche a le corps très-allongé, en forme
de losange ; ce qui tient à la disposition des na-
(i)Dans la mesure de nos Céphalopodes nous entendrons par longueur
totale, celle prise de l'extrémité du corps à l'extrémité des petits tentacules,
dont l'extension ne varie pas, comme celle des deux longs bras propre-
ment dits.
MOLLUSQUES. G7
geoires. Les yeux sont très-larges; les tentacules
petits, mais les bras peuvent atteindre dix-huit
pouces de longueur. Le dessin les représente à l'é-
tat vivant, et rétractés. Leurs ventouses sont sur
quatre rangées obliques.
La couleur générale de ce Céphalopode est d'un
blanc bleuâtre, piqueté d'une foule de petits
points couleur de laque, plus ou moins foncée. Ces
points s'agrandissent à la volonté de l'animal, et
changent en même temps de couleur, de manière
que, par une sorte de mouvement de dilatation
qu'il produit à volonté, de blanc bleu il devient
violet foncé. Il suffit de le toucher pour que ce
phénomène ait lieu partiellement dans le point
de contact. Mais ce qui distingue spécialement
cette espèce , ce sont deux lignes d'un vert d'aigue-
marine magnifique, qui se font remarquer à l'en-
droit de l'insertion des nageoires au corps. Le
manteau est échancré en avant avec un limbe
bleuâtre. En général, les tentacules sont blancst
piquetés de points couleur de laque. Leur frange
reflète, par intervalle selon la réflexion de la lu-
mière, une belle couleur d'or. Les yeux sont d'un
vert nacré, de même que les parties supérieures de
la tète. Une bande d'un noir bleuâtre prend à la
partie supérieure de l'orbite, et s'étend à la pau-
pière.
Cette Sèche provient du port Western , situé
dans le détroit deBass, à l'extrémité sud de la
5.
(>S ZOOLOGIE.
Nouvelle-Hollande. Elle a été perdue dans l'envoi
que nous fîmes au Jardin du Roi par l'Angleterre;
de sorte que ce Mollusque est du petit nombre de
ceux que nous ne pouvons pas reproduire à l'ap-
pui de nos dessins.
SECHE A LARGES BRAS.
Sepia latimanus. Nob.
PLANCHE 2, FIGURES 2-1 I.
Sepia, corpore ovali; antice posticeque acuto ;
capite lato; brachiis crassis , extremitate valde
palmatis, obtusis.
Cette Sèche a des rapports avec XOfficinalis ,
mais elle est plus allongée. Son corps est ovalaire,
pourvu de nageoires de peu d'étendue, qui laissent
entre elles, à la partie postérieure, un petit espace
libre, pointu, où l'os fait saillie. En avant le man-
teau se prolonge en pointe largement triangulaire.
La tète offre une grande largeur augmentée par la
saillie des yeux. Les huit tentacules sont courts,
larges à leur base, très-pointus à l'extrémité. Ils
sont garnis de quatre rangs de petites ventouses
denticulées à pédicule court, inséré sur le côté.
Les bras dépassent la longueur du corps. Ils sont
MOLLUSQUES. 69
robustes, demi-aplatis ; leur extrémité est remar-
quable par son évasement ovalaire et obtus. Elle
est recouverte de ventouses de grandeurs diffé-
rentes, soutenues par un gros et assez long pédi-
cule qui s'insère au milieu de la cupule. Le car-
tilage qui donne la forme orbioulaire à chaque
ventouse n'est point denticulé.
Les mandibules sont médiocres, de couleur brun
foncé. La supérieure est obtuse, et celle d'en-bas
plus pointue.
La pièce dorsale est ovalaire, arrondie en avant,
pourvue d'une pointe en arrière, presque plane
eu dessus , assez bombée en dessous à sa partie
moyenne, avec une gouttière médiocre. Les la-
melles décrivent une courbe arrondie.
Ce mollusque provient du port Dorey , à la
Nouvelle- Guinée. N'en ayant point fait de dessin
à l'instant où il nous fut apporté mort, c'est dire
que ses couleurs ne présentaient rien de remar-
quable. Celles sous lesquelles il est représenté ont
augmenté d'intensité dans la liqueur. Nous sup-
posons que sa couleur naturelle est blanchâtre
avec des reflets bleuâtres ; elle passe aux diverses
teintes du rouge brun à la mort.
DIMENSIONS.
pouces. ligiir».
Longueur totale fl 6
Longueur du corps 5 /,
70 ZOOLOGIE.
pouces. lignes
Langueur des deux longs bras, environ. ... 8 6
Largeur du corps 4
Largeur de la tète . . . • i î
Longueur de la pièce dorsale 5 3
Sa largeur i »
Longueur du siphon i 3
SECHE ALSTRALE.
Sepia australis. Nob.
PLANCHE 5, FIGURES 3-J.
Sepia , corpore longo , subtriangulari ; antict
acuto ; pinnis tenuibus ; ossiculo elongato , supra
bicanaliculato .
Petit individu dont le corps est ovalaire, élargi,
terminé en pointe en avant, à nageoire étroite,
plus développée à la partie postérieure, où elle
est échancrée. Le siphon est long, la tête et les
tentacules sont gros. Les bras sont déliés , peu
élargis à leur terminaison, laquelle est striée. Les
ventouses en sont extrêmement petites , placées
sur quatre rangées, dont les deux moyennes sont
les plus grosses. La pièce dorsale est étroite, pour-
vue d'une pointe et de couleur jaunâtre. En des-
MOLLUSQUES. 7 1
sus elle présente une arête longitudinale circon-
scrite par deux sillons et couverte de stries ova-
laires concentriques qui donnent à cette pièce de
la ressemblance avec le cartilage des Calmars. En
dessous elle est à peine excavée, avec un sillon mé-
dian bien prononcé.
La couleur du corps est un rouge brun parsemé
de petites taches bleuâtres. Les nageoires sont d'un
blanc bien piqueté de rouge brun. Le ventre est
ponctué de laque et de brun sur les cotés. La tète
et les tentacules sont brun rouge, les bras blancs,
excepté à leur épanouissement, qu'ils ont des mou-
chetures rou«eâtres.
Cette Sèche a été prise sur le banc des Aiguilles,
à trente lieues du cap du même nom. Elle avait
souffert dans le filet, sans cependant être morte.
C'est à cela sans doute qu'il faut attribuer la sor-
tie des yeux de la tête; ce qui pourrait induire à
erreur et être pris pour un caractère , surtout après
que la liqueur a concentré toutes les parties et fait
disparaître les déchirures.
DIMENSIONS.
pouces, lignes.
Longueur totale 2 4
Longueur du corps 1 7
Longueur des bras 3
Longueur de la tète » 9
Longueur de la pièce dorsale 1 7
Sa largeur. . „ „ 7
Largeur du corps 1
7 2 ZOOLOGIE.
SEPIOTEUTHE DE DORE Y.
Sepioteuthis guinensis, Noh.
PLANCHE 3, FIGURES I-J.
Sepioteuthis, corpore elongato , ovali; apice
subacuto ; colore variabili, aut albo aut brunneo ,
punctato.
Le corps de cette espèce est ovale allongé, un
peu pointu à son extrémité postérieure, échancré
à l'antérieure, qui forme également une pointe,
mais peu saillante. La tète est grosse, arrondie.
Les tentacules sont pointus. Les bras ne paraissent
pas atteindre l'extrémité du corps. Les ventouses
de ces appendices sont à peu près de même gran-
deur, à pédicule latéral et ayant leur cartilage cir-
culaire crénelé. Les mandibules sont petites, re-
courbées et fort pointues. Le cartilage dorsal est
large , à manche court. Cependant il ne présente
pas de différence spécifique bien caractérisée avec
celui de plusieurs autres Sépioteuthes. Le siphon
est un peu pointu.
Lorsque cet individu nous fui apporté peu
MOLLUSQUES. 73
de temps après sa mort , il était uniformément
blanchâtre. Nous ne fûmes pas peu étonné deux
ans après, en le retirant de la liqueur, de le trou-
ver d'un brun rougeâtre foncé avec des points
rapprochés de la même couleur. Rien n'est donc
plus variable que les teintes que prennent ces
animaux, non-seulement de leur vivant, mais en-
core après la mort. Dans le premier état, si on
les tourmente ou qu'on leur enfonce une épingle
dans la tète, de blancs qu'ils étaient ils deviennent
bruns , et il se développe par tout le corps une
foule de petits points de la même couleur. Ces va-
riations assez difficiles à expliquer tiennent sans
doute à la circulation des fluides dans le corps
de l'animal , modifiée par la double action des nerfs
et des muscles.
Notre individu a des rapports avec celui qu'ont
ligure MM. Garnot et Lesson dans le voyage de
la Coquille, et qui porte le nom du dernier. Ce-
pendant il est plus allongé dans toutes ses par-
ties , et l'extrémité du corps finit en pointe. Ce
Mollusque habite le port Dorey , à la Nouvelle-
Cuinée.
DIMENSIONS.
pouces, lignes.
Longueur totale G
Longueur du corps 3 8
Longueur des bras, environ 3 ou 4
Largeur du corps 2
Langueur du cartilage dorsal /t
74
ZOOLOGIE.
SEPIOTEUTHE LUNULE.
Sepioteuthis lunulata. Nob.
miro en langue de Vanikoro.
PLANCHE 3, FIGURES 8-1 3.
Sepioteuthis , corpore suborbiculari , brunneo
punctato ; dorso lineis cœruleis notato ; pinnis
lunulatis.
Grande espèce de forme ovoïde , arrondie et
plus large en arrière qu'en avant. Le bord du
manteau s'avance en cœur sur la tète et est échan-
cré en dessous à l'endroit où sort le siphon , le-
quel est court et conique. Les nageoires sont très-
larges, réunies en arrière, où elles ne présentent
qu'une très-petite dépression. La tète est arron-
die et portée sur un col court. La membrane qui
recouvre l'œil, et simule une paupière, est pour-
vue d'une petite pointe. Les tentacules sont longs
et grêles; les supérieurs, externes, dépassent tous
les autres. Les bras sont plus longs que le corps.
Leur extrémité est longuement dilatée, carénée à
sa partie dorsale, couverte de ventouses dans toute
MOLLUSQUES. 75
sa longueur sur trois ou quatre rangées assez irré-
gulières. Celles desbras, plus petites, ont la même
forme et sont seulement sur deux rangées. Les
mandibules sont petites, brunes à la pointe, qui
est obtuse. Le cartilage dorsal est lancéolé, assez
large , en forme de gouttière.
Lorsque ce Céphalopode nous fut apporté
quelques instants après sa mort , sa couleur gé-
nérale était d'un rouge brun très-foncé, due à un
grand nombre de points rapprochés formant un
rang de larges taches rondes sur le bord des na-
geoires, qui elles-mêmes sont bordées de brun.
Le dos est marqué de bandes transverses courtes
et bleuâtres.
Cette espèce habite l'île de Vanikoro. Elle fut
prise à la seine dans la rade de Manévé. Une va-
riété sans lignes transverses bleuâtres se trouve
à la Nouvelle-Guinée.
DIMENSIONS.
pouces, lignes.
Longueur totale n G
Longueur du corps G 4
Sa largeur 5
Longueur des tentacules 4 6
Longueur des bras 11
Longueur du cartilage dorsal 7 2
Sa largeur 1 1 -j
7(i ZOOLOGIE.
SÉPIOTEUTHE DE MAURICE.
Sepioteuthis mauritiana. Nob.
PLANCHE 4, FIGURES 2-6.
Sepioteuthis, corpore lato, tantisper apice
acuto y punctis nigris irrotato ; brachiis extremi-
tate longe palmatis.
Grande espèce dont !e corps est ovalaire, plus
large en arrière, où il est un peu pointu, arrondi ,
légèrement échancré en avant. Les nageoires s'élar-
gissent brusquement peu après leur origine. La
tête est large et forte. Les bras sont gros, un peu
comprimés; leur extrémité est dilatée dans une
longue étendue , couverte d'un grand nombre de
ventouses sur quatre rangées obliques. Celles du
milieu sont les plus larges; leur pédicule, assez
long, s'insère au milieu de la cupule, dont les den-
ticules du limbe sont très-saillantes. Les ventouses
des bras sont plus petites. Des deux mandibules
la supérieure est la plus pointue. Le cartilage dor-
sal, qui est fort grand, joint à ce caractère celui
d'avoir son extrémité postérieure un peu bifur-
MOLLUSQUES. 77
quée. Sa forme est du reste comme dans tous
les individus du genre. De très -petites ven-
touses recouvrent le bord de la membrane qui
entoure les lèvres et correspond à chacun des
tentacules.
Ce Céphalopode était probablement blanc dans
l'état de vie. Mort il est légèrement jaunâtre, fine-
ment ponctué de brun violacé plus intense sur la
tète et au dos. Le ventre a infiniment moins de
points.
DIMENSIONS.
pouces, lignes.
Longueur du corps 6 i
Sa plus grande largeur 3 6
Longueur des bras 8
Longueur du plus long tentacule 3
Largeur de la tète , i $
Largeur du cartilage i i
Sa longueur 6 i
SÉPIOTEUTHE AUSTRAL.
Sepioteuthis australis. Nob.
PLANCHE 4 5 FIGURE I.
Sepioteuthis , corpore albo suborbiculari; an-
tiee cordifbrmi, postice obtuso ; pinnis latissimis ;
7S
ZOOLOGIE.
brachiis extremitate lads , apice obtusis ; ossiculo
lojigo , ovali.
Très-grande espèce remarquable par l'élargis-
sement de ses nageoires, qui font que le corps a
une forme orbiculaire vers le milieu , un peu en
cœur en avant, obtus à sa partie postérieure. Le
dos est bombé dans toute sa longueur. La tète
est courte, ses tentacules sont longs, très-pointus,
les deux supérieurs médians sensiblement plus
courts, à ventouses petites. Les bras dépassent le
corps en arrière ; ils sont fort gros , aplatis , ob-
tus à leur extrémité, laquelle est largement dila-
tée dans une assez longue étendue , recouverte
d'un grand nombre de ventouses, dont les plus
grandes sont au milieu. Toutes sont assez cour-
tement pédiculées. La membrane qui entoure la
bouche est recouverte de quelques ventouses. Les
mandibules sont robustes, peu aiguës, très-brunes
à la pointe, blondes dans le reste de leur surface.
Le cartilage se distingue par sa forme de celui des
autres espèces en ce qu'il est proportionnellement
plus large et plus ovalaire sur toute sa longueur.
Les couleurs de ce Sépioteuthe sont blafardes ;
ce qui indique qu'il devait être blanc sur le vivant.
Une autre preuve, c'est que nous l'eussions des-
siné aussitôt qu'il nous fut apporté , s'il avait eu
quelques caractères remarquables dans sa teinte.
Sa couleur rosée tient à sa macération dans l'es-
MOLLUSQUES.
79
prit de vin. Il provient de la Nouvelle-Hollande,
probablement du port Western.
DIMENSIONS.
pieds, pouces.
Longueur du corps 10
Sa largeur „ 8
Longueur des tentacules » 5
Longueur des bras i j
Longueur du cartilage dorsal io
Sa largeur a
lignes.
io
»
9
3
CALMAR DE VANIKORO.
Loligo vanikoriensis. Nob.
PLANCHE 3, FIGURES 1-2.
Loligo , cozpore elongato , cjlindraceo ; antice
truncato ; pinna terminali, obtusa> mediocri;
brachiis Ion gis , compressés , apice acutis.
Ce Calmar est remarquable par la longueur de
son corps presque cylindrique dans toute son
étendue, si ce n'est vers l'extrémité postérieure,
80
ZOOLOGIE
qui finit en pointe allongée. La nageoire termi-
nale est peu large, obtuse, triangulaire. Le man-
teau ne présente en avant qu'une petite pointe
dorsale à peine sensible , ce qui fait paraître cette
partie comme tronquée. La tête, qui est large,
forme avec les tentacules environ les deux tiers
de la longueur du corps. Le siphon, gros et court,
s'enfonce dans une dépression du cou. Les deux
tentacules externes sont très-gros et portent une
membrane en dehors. Tous sont munis de deux
rangées obliques de petites ventouses assez lon-
guement pédicuiées. Les bras n'atteignent pas
tout-à-fait l'extrémité du corps. Leur terminaison,
élargie et recouverte de deux rangs de ventouses,
finit par une pointe charnue.
Les mandibules sont très - pointues , grêles,
striées transversalement, noires à la pointe, brun
clair à leur base.
Le cartilage dorsal n'offre point de caractère
bien distinct; obtus, élargi d'abord, il se rétrécit
bientôt et devient très-grêle , puis il s'élargit de
nouveau en lame triangulaire à son extrémité
postérieure.
Nous n'avons point de renseignements satis-
faisants à donner sur la couleur naturelle à ce Cal-
mar, dont deux individus nous furent apportés
par les habitants de Vanikoro. Elle ressemblait
plus ou moins à celle que prennent la plupart de
ces Mollusques après leur mort; c'est-à-dire qu'elle
MOLLUSQUES. 81
est blanche ou rosée sur les bords, rougeâtre ou
piquetée de brun rouge sur le corps. Elle devient
brune par le séjour dans la liqueur.
DIMENSIONS.
pouce*, lignes.
Longueur totale 5 a
Longueur du corps 3 3
M
longueur au corps
Longueur de la tète avec les tentacules. ... 2
Longueur des bras 3 9
Longueur du cartilage dorsal 2 11
Circonférence du corps 2 2
CALMAR A COURTS TENTACULES.
Lolign brevitentaculaia , nob.
Loligo, corpore cyli/id/aceo, albo; brachiis mi-
nimis ; pinna triangulari , lateribus acuta.
Nous signalerons ici, sans en donner de figure,
un petit Calmar des parages de la Nouvelle-Guinée,
long d'environ deux pouces , remarquable par la
brièveté de ses tentacules , la largeur et la forme
de sa nageoire presque triangulaire, très-pointue
latéralement, à peu près comme celle de la queue
Znnfogir. T. II. 6
»'
82 ZOOLOGIE.
des cétacés. Nous ne dirons rien des bras, qui
étaient tronqués, ni des ventouses, à cause de
leur petitesse. Le cartilage dorsal est très-allongé,
grêle et élargi en avant. La couleur de ce Mol-
lusque, qui a été déposé au Jardin du Roi , est
blanche.
SÉPIOLE LINÉOLÉE.
Sepiola lineolata.
PLANCHE 5, FIGURES 8-l3.
Sepiola y corpore crasso , brevi, jotwulato, an-
tice ciliato , vittis longitudinalibus notato ; pinnis
elongatis ; capite latissimo.
Cette petite espèce a les formes trapues , ra-
massées, à tel point que la tète ne paraît faire
qu'un avec le corps; ce qui tient à ce que le sac
se continue avec elle sans interruption à la partie
dorsale. Libre et ouvert dans le reste de son éten-
due, il est échancré en dessous où repose le siphon
et présente de chaque côté des yeux une série de
dix-sept à dix-huit petites cirrhes termina les éga-
lement espacées. Le reste du corps est arrondi,
bombé en dessus et en dessous. Les nageoires, qui
MOLLUSQUES. 83
en occupent presque toute rétendue latérale, sont
élargies. La tète large et grosse parait d'un volume
énorme pour l'individu. Les yeux sont très-espaces
et proéminents; les tentacules médiocres; les deun
plus longs en forme de bras n'atteignent pas l'extré-
mité du corps. Les ventouses des premiers sont ex-
cessivement petites, globuleuses, courtement pédi-
culéés , à ouverture étroite , et placées en rangées
obliques de quatre. Celles des bras sont innom-
brables , confluentes et tout-à-fait microscopiques.
Le siphon est long, cylindrique, à ouverture ter-
minale.
La lame dorsale, qui existe ordinairement, est
si petite qu'elle a échappé à nos recherches.
La couleur de ce Mollusque est blanche. Le
corps et la tète, jusqu'à la base des tentacules,
sont recouverts de lignes longitudinales très-pres-
sées d'un blanc mat. On en compte deux ou trois
sur les nageoires , qui ont leur intervalle légèrement
violacé. Trois ou quatre lignes ponctuées de cette
même couleur occupent les parties latérales du
corps, dont le dessous est blanc. Les yeux sont
d'un bleu foncé.
Cette Sépiole a été prise à la seine dans la baie
Jervis, à la Nouvelle-Hollande. Elle vivait encore
lorsqu'on nous l'apporta.
S 4
ZOOLOGIE.
niMKNSIONS.
Longueur totale
Longueur du corps. ...
Longueur des tentacules
Longueur des bras
Largeur du corps
Largeur de la tête
pDuces.
ligne
1
10
I
»
6
»
i
5
i
2
)i
8
ONYCHOTEUTHE ARMÉ
Onycholeuthis arnmtus , nol>.
PLANCHE 5, FIGURES l /\~1^> .
Onychoteuthis , corpore conico , rubro punc-
tato ; pinnis latis , triangularibus ; brachiis tenta-
culisque armatis.
Très-petite espèce prise dans la mer des Mo-
luques, près de l'île Célèbes. Sa longueur totale
est d'un peu plus d'un pouce , y compris les longs
bras; et celle du corps est d'un pouce environ.
Le corps de cet Onychoteuthe est conique , finis-
sant en pointe aiguë , surtout lorsqu'on l'observe
MOLLUSQUES. 85
par le ventre. Les deux nageoires qui le terminent
sont larges et taillées en cœur à leur insertion sur
le dos. Une arête assez saillante occupe toute la
longueur dorsale de l'animal. La tète est grosse.
Les yeux sont grands, latéralement placés, à ou-
verture linéaire et verticale; les tentacules mé-
diocres, de même que les bras, qui ne dépassent
pas la longueur du corps. L'élargissement termi-
nal est excessivement rétréci , muni d'une rangée
extérieure de ventouses denticulées et d'une rangée
interne de crochets. Mais ce qui est particulier à
cette espèce, c'est que tous les tentacules, au lieu
d'être couverts de ventouses, n'en ont qu'à leur
extrémité, et que le reste de leur étendue est garni
de deux rangs de crochets, dont chacun est enve-
loppé en partie par une membrane. Ce caractère
pourrait à la rigueur déterminer une division dans
ce genre. Le siphon est gros et allongé.
Le cartilage dorsal est renflé à son milieu, ré-
tréci ensuite pour se dilater un peu vers la pointe
à la manière d'une rame antique.
Ce Calmar était mort lorsqu'on le prit. Dant
cet état, la couleur du corps était rouge brun , pi-
queté de points de la même couleur; celle de la
tète, d'acier bruni en dessus, et celle de la na-
geoire , blanche seulement sur le limbe.
86 ZOOLOGIE.
POULPE LUNULE.
Octopus lunulatus , uob.
PLANCHE 6, FIGURES 1-2.
Octopus, corpore minimo, ovali , basi tantis-
per acuto , lunulis cœruleis auratisque irrorato ;
cucurbitulis elongatis.
Cette petite espèce n'a que deux pouces de lon-
gueur environ , en y comprenant les tentacules.
Son corps est ovalaire , très-légèrement pointu à
son extrémité , sa tète grosse. Les ventouses qui
recouvrent les tentacules sont élevées, plus larges
à la base qu'au sommet, ce qui leur donne l'as-
pect d'une petite amphore. Le corps est blanc ,
recouvert dans toutes ses parties, ainsi que les
tentacules, de lunules bleu de ciel très -vif sur
leur pourtour et moins intense au milieu. Mais
quand on excite l'animal , il devient rouge brun
et ces lunules passent au bleu d'émeraude.
Cette espèce habite le havre Carteret, à la Nou-
velle-Irlande.
MOLLI BQ1 ES. H7
POULPE CORDIFORME.
Octopus cordiformis, nob
PLANCHE 6' , FIGUKE 3.
Octopus, corpore orbiculari, alato, tubercu-
lose*; brachiis longis cceruleo lunulatis.
Le corps de cette espèce est tuberculeux presque
arrondi, s'élargissant latéralement en forme de na-
geoires, finissant en cœur en avant. La tète est
large ; les yeux sont peu saillants et comme ca-
chés par une paupière tuberculeuse. Les tenta-
cules sont longs , à peu près égaux, moins les laté-
raux qui n'atteignent pas les autres. Les ventouses
sont sessiles.
Le corps est d'un brun rouge pointillé de
la même couleur, et ses côtés, qui s'étalent en
forme d'ailes , sont bordés de bleu verdâtre. Sa
tète et les tentacules, de même couleur que le
corps, ont de plus des lunules indécises bleu de
ciel clair, plus vif sur ces derniers qu'à la tète.
En dessous ce Mollusque est blanc; le siphon seul
est pointillé de brun rouge.
88
ZOOLOGIE.
Cette espèce habite la baie Tasman , à la Nou-
velle-Zélande.
DIMENSIONS
pieds pouces, lignes.
Longueur totale 3 i
Longueur du corps 7 »
Sa largeur 6 »
POULPE DE WESTERN
Octopus superciliosus , nob.
PLANCHE 6, FIGURE 4-
Octopus, corpore ovali, cirrhose* ; tentaculis
crus sis , longis ; palpebris filamento notatis.
Cette espèce d'assez petite taille, dont le corps
est ovalaire, est remarquable par la grosseur du
faisceau que forment les tentacules à leur réu-
nion , lequel égale presque le volume du corps
lui-même. Il l'est surtout par les cirrhes charnues
et espacées qui le recouvrent, dont deux plus
longues occupent le sommet des paupières. Les
MOLLUSQUES. 80
yeux sont tres-bombés et un peu pointus, les ten-
tacules longs , très-déliés , et la membrane de leur
côté extérieur se prolonge jusqu'à leur extrémité.
Le ventre est lisse.
Ce poulpe n'a été dessiné qu'après un assez
long séjour dans la liqueur, de sorte que sa cou-
leur presque blanche sur le vivant est passée au
brun rougeàtre. Il habite le port Western dans le
détroit de Bass , à la Nouvelle-Hollande.
Sa longueur totale est de trois pouces six lignes.
Il atteint probablement une plus grande taille.
POULPE MEMBRANEUX.
Octopus membranaceus , nob.
PLANCHE 6 , FIGURE 5.
Octopus, corpore cjlindraceo , oblique mem-
brana cincto; tcntaculis apice acutis.
Ce Poulpe dont le corps est presque cylin-
drique, un peu allongé, obtus à son extrémité,
nous a paru devoir être figuré à cause de la petite
membrane qu'il porte obliquement en arrière en
90 ZOOLOGIE.
forme de nageoire bien distincte. Elle n'existe toute-
fois qu'au coté droit, celle de gauche ayant été dé-
truite. Nous avons apporté Le plus grand soin à
reconnaître que ce n'est point une déchirure de
la peau, mais bien un pli. Les tentacules, médio-
crement allongés, deviennent brusquement grêles
et sont très -pointus. Le corps et la tète sont
recouverts de granulations très -fines. La cou-
leur naturelle à cette espèce doit être blanchâtre,
car si elle eût offert quelques teintes remar-
quables , nous les eussions dessinées. Elle habite
le port Dorey, à la Nouvelle-Guinée.
DIMENSIONS.
pouces.
ligues
3
2
Longueur du corps jusqu'aux yeux. . .
i
»
Longueur des tentacules moyens supé-
2
■z
MOLLI SQ1 ES. 91
(.iMii: HÉLICE, — Hélix,
HÉLICE ALFOUR.
Hélix undulata , nob.
PLANCHE 7, FIGURES 1-2.
Hélix , testa supra paululum convexa , rugosa,
undulata , transversim striata , castanea et vitta
aurantia in suturis ornata ; peristomate reflexo ,
cœruleo ; umbilico lato profundo ; anfractibus
quinque.
Grande espèce large, un peu aplatie, à spire
peu élevée , largement et profondément ombili-
quée ; le premier tour de spire apparaissant au
fond de l'ombilic , le dernier subcylindrique comme
dans les Cyclostomes. Bouche grande , un peu ova-
laire, péristome arrondi, légèrement réfléchi, non
interrompu, mais n'offrant plus qu'un bourrelet
en ligne droite à son passage sur le dernier tour
près de l'ombilic.
Le dessus de la coquille présente des bour-
relets en forme de larges ondes rugueuses, et des
stries transverses, rayonnantes, un peu tremblées ,
92 ZOOLOGIE.
comme feuilletées. En dessous , ces stries sont
plus régulières et plus fines. La couleurgénéraleest
un marron clair, dessus laquelle se détache une ban-
delette étroite d'un beau jaune qui commence avec
la spire , en suit les sutures, et se termine au der-
nier tour, qu'elle sépare à peu près en deux par-
ties égales. Le contour de l'ombilic a une zone
jaunâtre. Le péristome est bleuâtre et l'intérieur
de l'ouverture est d'un blanc nacré; on y suit la
trace de la bandelette extérieure.
L'animal est grand, de la forme de Y Hélix po-
matia, à tentacules allongés. Yeux assez gros en
bouton. Tentacules antérieurs renflés à leur extré-
mité. La couleur générale de ce Mollusque est un
brun rougeâtre, plus foncé sur la tète et les ten-
tacules qu'aux parties latérales du corps.
Cette belle coquille habite l'île Célèbes. Elle
est fort rare, car il n'en a été trouvé qu'un indi-
vidu par M. de Sainson sur le contour du lac de
Tondano , à deux mille pieds au-dessus du niveau
de la mer et dans une région fraîche et humide.
DIMENSIONS.
pouces, lignes.
Diamètre antéro-postérieur. . ± \
Diamètre vertical i
Épaisseur i
9
MOLLUSQUES. 03
HÉLICE MAMILLAIRE.
Hcli.i- mamilla. Fer. , Prod. additions, pag. 673.
PLANCHE y, FIGURES 3~5.
Hélix , testa subglobosa, rugosa aut sulcata,
subflava; fasciis fusais duabus; apertura ovali ,
tantisper conforta et angustâ; péris tomate re-
flexo albido; umbilico colamella semi-obtecto ;
anfractibus sex.
M. de Férussac, dans son grand ouvrage sur les
Mollusques , a figuré cette Hélice. Il l'avait d'abord
nommée Papilla ; mais ayant reconnu que c'était
une espèce nouvelle, et non celle que Millier avait
appelée ainsi, il lui a donné le nom de Mamilla.
Cette coquille , de la grosseur de notre Hélice Vi-
gneronne , est globuleuse ; tous ses tours de
spire sont larges et ne décroissent pas brusque-
ment; le sommet lui-même est élargi et comme
un peu écrasé. Les sutures sont fines et déliées.
La bouche est un peu contournée, ovale, resser-
rée. Le péristome est arrondi, entier, rebordé,
d'un beau blanc, avec un petit bourrelet au bord
gauche. Tl cache en partie l'ombilic, qui est bien
indiqué et assez profond.
94 ZOOLOGIE.
Cette coquille est couverte de rugosités, qui supé-
rieurement forment des lignes rayonnantes, trans-
verses, et dégénèrent en petits sillons obliques sur
le dernier tour. Généralement sa couleur est jau-
nâtre avec deux bandes brun marron clair, dont
une plus petite. Des exemplaires sont tout-à-fait
marron , et les bandes sont alors d'un brun foncé.
Quelquefois on a de la peine à les apercevoir.
L'animal est grand , ses tentacules sont allon-
gés , les postérieurs terminés par un assez gros
bouton; les antérieurs sont renflés à leur extré-
mité. La dent ne diffère presque pas de celle de
notre limaçon. Tout le corps est rouge brun
foncé sur les tentacules , la tète et la partie pos-
térieure du pied.
Ce Mollusque habite les bords du lac de Ton-
dano, à une très-grande élévation dans l'île de
Célebes. Il n'y est pas très-rare.
DIMENSIONS.
pouces, lignes.
Diamètre antéro-postérkur i n
Diamètre vertical 1 l\
Épaisseur >°
MOLLUSQUES. 9S
HÉLICE GRANULÉE.
Hélix granulata , nob.
BLANCHE J, FIGITRKS n'-Ç).
Hélix, testa globosa, tenuiter granulata, sub-
mtrea; fascia fusca cinc.ta; aperturà semi-lunata ;
péris tomate albo etsubrubro, ad lœvam emargi-
nato; anfractibus sex ; umbilico non distineto.
Assez grande et belle coquille, globuleuse , dont
le dernier tour de spire est très -grand, renflé,
très-bombé en dessous. Ouverture large , semi-
lunaire, infléchie sur le bord gauche, qui recouvre
entièrement l'ombilic. Péristome interrompu, peu
épais, légèrement réfléchi, blanc en dedans, rou-
geâtre sur son limbe.
Cette coquille est très-finement striée et cou-
verte de granulations excessivement fines qui la
font paraître comme piquetée. Sur les premiers
tours de spire ces sortes de verrues affectent des
lignes obliques régulières. Sa couleur est d'un
jaune rougeâtre , plus foncé aux environs de l'ou-
verture. Une bandelette d'uii brun rougeâtre suit
le dernier tour, et va se perdre dans la suture en
devenant très-déliée; au sommet de la spire, elle
96 ZOOLOGIE.
est côtoyée par un petit ruban orangé clair. L'in-
térieur de la bouche, assez profondément, est
d'un blanc tirant sur le bleuâtre.
Cette Hélice , dont nous n'avons pu nous procu-
rer l'animal , habite le port Dorey, à la Nouvelle-
Guinée. Elle n'y paraît pas commune.
Il est probable que des individus doivent avoir
deux ou plusieurs bandelettes.
DIMENSIONS.
pouces.
lignes
Diamètre antéro-postérieur
I
I
1
I I
6
3
HÉLICE PAPOIIA.
Hélix papuensis-, nob.
PLANCHE 7, FIGURES 10-l3.
Hélix y testa trochiformi , luteola aut albida,
fascia castanea aut rubella cincta; spira acuta
vel rotunda ; anfractibus sesquiquinque ; apertura
elliptica ; peristOTJiate elliptico , aliquando uniden-
tato , dilatatOj acuto; umbdico semi-distinvlo.
MOLLUSQUES. 97
Cette espèce, qui a un pou la forme d'un Tro-
que , a ses tours de spire élargis, tant soit peu
déprimés, principalement le dernier, qui est le
plus grand de tous; son sommet est généralement
pointu; un seul individu sur dix l'avait arrondi et
ses tours de spire renflés. L'ouverture est assez
grande, elliptique , à péristome évasé, à peine re-
bordé, tranchant, largement interrompu en ar-
rière. Son bord gauche recouvre en partie l'om-
bilic , et sur un individu , il était pourvu d'une
assez forte dent.
Le test a un aspect lisse, bien qu'il soit cepen-
dant finement strié en travers. Sa couleur varie du
blanchâtre au jaunâtre clair. Une bandelette mar-
ron ou brune suit le contour des sutures. Très-
déliée d'abord , elle s'élargit considérablement sur
le dernier tour; le péristome est blanc, rosé ou
très-brun , ainsi qu'on peut le voir sur les varié-
tés qui sont figurées. Il est même des individus
qui sont entièrement blancs, et où la trace de la
bandelette est à peine apparente. Nous ne connais-
sons point la couleur et la forme de l'animal de
cette Hélice, qui habite le port Dorey, à la Nou-
velle-Guinée.
DIMENSIONS.
Pouces, lignes.
Diamètre t S
Diamètre vertical i i
Épaisseur » 9
Zoologie, t. 11. 7
98 ZOOLOGIE.
HELICE POINTUE.
Hélix acuta , nob.
Rina sapourf., en langage papou.
PLANCHE 8, FIGURES I - 4-
Hélix, testa fragili, conica , tantisper trochi-
formi, carinata, lutea,vitta castanea cincta ; aper-
tura triangulari ; péris tomate lato , reflexo , antice
acuto; columella arcuata ; umbilico distincto; an-
fractibus quinis.
Cette espèce, de grandeur médiocre, assez fra-
gile, légèrement striée, est remarquable par sa
forme conique, pointue, peu élevée; par ses tours
de spire larges, dont le dernier est fortement ca-
réné; par sa partie inférieure très-bombée, enfin
par sa bouche large, triangulaire, à péristome in-
terrompu , évasé , tranchant , fortement, recourbé
en haut, pointu en avant. La columelle un peu
arquée porte un indice de dent; en se déjelant
en dehors, elle masque en partie l'ombilic, qui
est profond. On voit au fond de la bouche la
trace de la carène extérieure , qui vient former
comme une gouttière dans l'angle du péristome.
MOLLUSQUES. ï)9
Du vivant de ce Mollusque, sa coquille est d'un
beau jaune vif en dessus, orné d'une large ban-
delette brun-rouge, occupant les derniers tours
de spire. Elle est côtoyée intérieurement par un
petit filet blanc sur la carène. Le dernier tour
en dessous est rouge brun clair, bordé de blanc,
le péristome est jaune clair.
L animal est grand, saillant beaucoup hors de
sa coquille, laquelle a été représentée ici un peu
renversée, pour mieux faire voir les rapports qui
existent entre elle et le Mollusque. La tète, le
cou , sont gros et jaunâtres sur les côtés. La tète,
rougeàtre en dessus, présente deux petites lignes
médianes longitudinales , terminées par deux
points rouge brun. Les tentacules postérieurs,
longs et gros , portent les yeux à leur extrémité.
Les antérieurs partent d'un mufle légèrement ré-
tréci en arrière; le reste de l'animal est blanc.
On le trouve au havre de Dorey , à la Nouvelle-
Guinée.
Cette coquille a certains rapports avec l'Hélice
petit Bonnet, Pileolus de M. de Férussac; mais sa
légèreté, ses couleurs et la plus grande élévation
de sa spire l'en distinguent assez.
DIMENSIONS.
pouces.
li ^ n< —
Diamètre antéro-posterieur
I
»
»>
11)
»
8
100 ZOOLOGIE.
HÉLICE TROCHOIDF.
H dix ttochus , nob.
PLANCHE 8, FIGURES 5-y.
Hélix, testa conoidea, levé, apice acuta , flam-
mis fuscis pic ta; apertura ampla, triangulari ; pé-
ristomate amplo , acuto, tantisper recurvato; um-
bilico non distincto ; anfractibus seins latis.
Il ne faut pas confondre cette espèce avec la
Trochiforme de Lamarck, qui n'a de commun que
le nom *. La nôtre ressemble parfaitement à cer-
tains Troques; elle est assez légère, à spire élevée,
pointue, brusquement conique; les tours en sont
larges, à sinus déliés et bien marqués.
L'ouverture est grande, évasée, triangulaire,
à péristome interrompu, large, tranchant et peu
rebordé. L'ombilic n'est point distinct. La bou-
che et la base du dernier tour reposent sur un
plan horizontal.
Le test est lisse ou marqué de stries extrê-
mement déliées, ou blanchâtre ou jaunâtre , cou-
* Ce n'est pas non plus la Trochokle du Prodrome de M. de lerussao ,
pag. 52 , n° 376. Ce n'est qu'après que notre planche a été gravée , (pie
nous nous sommes aperçus de cette similitude de nom en français.
MOLLI soi ES. 101
vert de flammes roussâtres obliques et indépen-
dantes sur chacun des tours de spire. Le contour
df la bouche est blanc , niais le fond est rougeâ-
tre marbré.
Nous ne connaissons point L'animal de cette
coquille, dont nos exemplaires n'étaient pas d'une
parfaite fraîcheur.
Elle habite le havre Carteret, à la Nouvelle-
Irlande.
Diamètre aotéro-postérieu
4 Diamètre vertical.
Epaisseur
DIMENSIONS.
pouces.
lignes
I
»
I
9
»
9
HÉLICE A FINES RAIES
Hélix tenuiradiata , nob.
PLANCHES, FIGURES 8-IO.
Hélix, testa oibiculata, perforata , taiitisper
conoidea, apice acuta; subflava , Uneolis rubris
tenuissimis cincta; apertura ovali ; labro antice
acuto, rejlexo ; aiijraclibus latis sex.
102 ZOOLOGIE.
Cette Hélice , de forme orbiculaire , a sa spire
peu élevée, mais conique, assez pointue; les tours
en sont larges, à peu près égaux et légèrement
arrondis, l'ouverture est grande, tant soit peu
triangulaire; son contour est interrompu en ar-
rière, arrondi, tranchant, rebordé, un peu aigu
en avant. Il cache une partie de l'ombilic, qui est
peu large et très-profond.
Cette coquille, marquée de stries obliques et
transverses excessivement déliées, est d'un jaune
isabelle tirant sur le rougeâtre ; ses tours sont
couverts de lignes rouges très-fines, assez espa-
cées. On en compte onze sur le dernier jusque
près de l'ombilic. Ces bandes se joignent en forme
de rubans; sa bouche et son péristome sont d'un
blanc rosé.
Nous ne connaissons point la forme du Mollus-
que de cette espèce assez rare, dont nous n'avons
rapporté qu'un individu.
Habite le port Dorey, à la Nouvelle-Guinée.
DIMENSIONS.
pouces. lignes.
Diamètre antéro-postérieur i 2
Diamètre vertical » 117
Epaisseur » 8
MOLLI soi ES. m:*
HELICE TRANSPARENTE.
Hélix translucida.
PLANCHES, FIGURES ll-l3.
Hélix, testa/'ragili, imperforata , ovato-conica ,
valde ventr/cosa, tota alba , diaphanea, transver-
sirnstriata ; apertura magna , ampla, subrotunda;
peristomate acuto , denticulato interrupto.
Cette jolie espèce, une des plus remarquables
du genre, est turriculée, ventrue , à tours de spire
larges, le dernier, le plus grand de tous, avec un
indice de deux petites carènes vers sa base. L'ou-
verture est grande, ovalaire , évasée; son contour
est tranchant, peu rebordé , crénelé, interrompu
en arrière. Nulle trace d'ombilic.
Le test, diaphane et d'une fragilité extrême,
est couvert de stries assez profondes , rapprochées
et dirigées obliquement en arrière. Sa couleur est
d'un joli blanc mat. Le péristome est d'un blanc
de faïence.
Nous ne connaissons point l'animal de cette
coquille, qui pourrait bien être différent de celui
des Hélices proprement dit. Il habite le port Do-
104 ZOOLOGIE.
rey,à la Nouvelle-Guinée, où il est fort rare,
puisque nous n'avons pu rencontrer qu'une seule
coquille, dont le sommet de la spire était cassé,
ce qui nous empêche de donner le nombre pré-
cis de ses tours.
DIMENSIONS.
ponces. lignes.
Longueur de la coquille , environ i 6
Diamètre antéro-postérieur. i i
HELICE ZONA1RE.
Hélix zonaria.
Voyez laSynonymie dans Lamarek, t. VI, 2 e part., n° 37.
Voyage de l'Uranic, pi. 67, fig. 1 t\- i5.
PLANCHE 8, FIGURE l4-
Hélix, testa orbiculato-depressa , umbdicata,
glabra , albida, fusco-zonata, maculis rufis ad-
spersa ; spira planulata ; labro expanso , margine
reflexo albo aut roseo. Lk.
MOLLUSQUES. 105
Cette coquille bien connue, et qui offre de si
nombreuses variétés de teintes, n'est figurée ici
que pour faire connaître son animal, que nous
avons eu occasion de voir se développer à Bou-
rou, une des îles Moluques.
Il est en tout semblable à celui des Hélices; il
sort beaucoup en avant hors de sa coquille, ce
qui fait que sa partie postérieure se prolonge
peu; cette dernière est lancéolée, un peu aplatie.
Les tentacules sont longs et gros. La couleur de
ce Mollusque est d'un rougeâtre sombre, passant
au jaunâtre sur les flancs et au bord du pied. Le
dessus de la tète et du cou est plus foncé que
les autres parties. Le pied n'offre point sur les
côtés ces lignes obliques qu'on remarque dans
plusieurs espèces de ce genre.
HÉLICE CONIFORME.
Hélix coniformis , uob.
PLANCHE 8 , FIGURES iÔ-I^.
Hélix, testa elongata, coniformi, apice acuta,
irnperforata, subalbida; anfractibus senis , latis ,
106 ZOOLOGIE.
subrotundatis ; ultimo duabus fasciis rubris cincto ;
suturis impressis ; apertura ovali margine acuta.
Petite espèce, turriculée, à spire pointue, dont
les tours très-espaces, arrondis, sont séparés par
des sutures bien marquées; le dernier de tous,
qui est aussi le plus grand, est un peu ventru.
L'ouverture est grande, ovalaire, à péristome
élargi, tranchant, non rebordé. 11 n'y a point de
trace d'ombilic. Cette coquille a des stries à peine
apparentes ; elle est blanchâtre et marquée de
deux lignes rougeâtres , qui ne sont visibles
qu'au dernier tour de spire. La bouche est blan-
che.
Habite le havre Carteret, à la Nouvelle-Irlande.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur de la coquille 10
Diamètre antéro-postérieur 9
MOLLUSQUES. 107
HÉLICE TROIS -LIGNES.
Hclix trilineota , nob.
( Division des Bulinies. )
PLANCHE 9, FIGURES 1-3.
Hélix, testa ovato-conica , imperforata, alba;
strigis rufo-fuscis , longitudiiialibus plus minusve
densis ornata; apertura ouata, violacea; labro
simplici acuto ; columella basi nigra ; anfractibus
quinque et s es qui.
Coquille ovale, turriculée, à spire médiocre-
ment pointue, dont les tours sont un peu renflés;
le dernier aussi grand que tous les autres ensem-
ble, un peu ventru. L'ouverture est ovalaire al-
longée, ample; son péristome simple, droit et
tranchant. La columelle se déjette un peu en de-
hors à sa base, et cache l'ombilic.
Le test est assez fragile , largement strié en on-
des longitudinales, et flambé dans le même sens
de lignes ou fauves, ou rougeâtres, ou brunes,
plus ou moins rapprochées et interrompues à
chaque tour. Sur le bord gauche , en dehors de
la columelle, qui est toujours blanche, se trouve
108 ZOOLOGIE.
une tache d'un brun presque noir, qui varie peu.
L'ouverture a une teinte vineuse ou violacée.
L'animal est allongé, ayant la tète renflée, les
tentacules postérieurs assez longs, les inférieurs
courts. Le pied ne dépasse point l'extrémité de
la spire. Il est linéolé de jaunâtre. Sur le milieu
de la tète et du cou on remarque une ligne noi-
râtre, avec deux bandes latérales brunes plus
larges, qui partent de la base des tentacules , et
d'où nous avons tiré la dénomination spécifique
de ce Mollusque. Le reste de l'animal est blan-
châtre.
Cette espèce habite le port du Roi-Georges, à
la Nouvelle-Hollande. Elle n'y est pas aussi com-
mune que la suivante. On la trouve sur le som-
met de Bald-Head et dans une partie très-circon-
scrite du havre de la Princesse-Royale. L'animal
se développe rarement et lentement. Au premier
aspect on pourrait prendre cette Hélice pour le
Bulimedes Antilles de Lamarck, auquel il ressem-
ble seulement par ses flammes brunes. Lorsqu'il
est un peu décoloré , il a encore certains rapports
avec le Radié du même auteur.
DIMENSIONS.
pouces.
lignes
»
5
MOLLUSQUES. 109
HÉLICE MELON.
Hélix rnclo.
(Division des Bulimos.)
Hélix Melones. Fer., Prod., pa'g. 5/(, n" /(of>,
PLANCHE 9, FICURES 4"7«
Hélix, testa oi'ata, ventricosa, vix perforata,
longitudinaliter striata , alba , flammis subrubris
ornata; apertura mediocri, ovali; labro simplici
acuto ; columella subreflexa; anfractibus quinque .
Varietas castanea ; vitta alba cincta.
Cette Hélice ressemble tellement au Bulime
enflé de Lamarck, qu'il faut comparer avec soin
un grand nombre d'individus pour voir qu'elle
n'a point les flammes pâles, longitudinales et ré-
gulières du Bulime.
Elle est épaisse, courte, très-renflée, ventrue,
à spire obtuse, le dernier tour du double plus
grand que tous les autres réunis. L'ouverture est
assez grande, ovalaire; le péristome interrompu,
simple, tranchant, un peu rebordé à son union
110 ZOOLOGIE.
avec la columelle, pour recouvrir l'ombilic, qui
paraît quelquefois à peine.
Cette coquille est finement striée en oncles lon-
gitudinales. Nous prendrons pour type de sa co-
loration celles qui , sur un fond blanchâtre ,
présentent des flammules d'un rouge jaunâtre.
La columelle et l'ombilic sont assez souvent ta-
chés de brun violacé. Des individus sont jaunâ-
tres, d'autres tout blancs avec une apparence de
ruban aux sutures , traces des flammes qui ont
disparu. D'autres ont l'ouverture entièrement
blanche, et quelques-uns ont le bord interne du
péristome rougeâtre.
Mais une variété bien distincte, assez rare,
est celle qui, entièrement d'un marron clair, est
ceinte d'un ruban blanc qui passe au jaune sur
le dernier tour.
Cette Hélice est très commune au port du
Roi - Georges , principalement sur le sommet
de Bald-Head. On la ramasse par centaines au
milieu des ambrettes, qui y sont également fort
répandues malgré la sécheresse qui semble exis-
ter sur cette montagne. Les individus décolorés
sont quelquefois vivants. Ce Mollusque est telle-
ment timide, que nous n'avons pu le faire se dé-
velopper pour le dessiner. Nous avons reconnu
cependant qu'il ne diffère en rien des vraies Héli-
ces. A l'époque où nous nous trouvions sur la
plage de la Nouvelle-Hollande, au mois d'octobre,
MOLLUSQUES. 1 1 1
les individus que nous rencontrions étaient
presque tous morts. Leur réunion en si grand
nombre sur une montagne tiendrait-elle à l'habi-
tude qu'ont les naturels d'incendier sans cesse
les bois et les herbes des plaines?
DIMENSIONS.
ponces, lignrs.
Longueur i »
Épaisseur » 6
HÉLICE DE SAINTE-HÉLÈNE.
Hélix Helena , nob.
(Division des Bulimes. )
PLANCHE Q, FIGURES 8 - Q.
Hélix, testa ovato-conica , subperforata , squa-
lide lutea, transversim et longitrorsum striata;
spira acuta; anfractibus senis ; suturis valde
prof midis ; apertura subovali ; margine simplici ;
columélla tantisper reflexa.
1 1 2 ZOOLOGIE.
Petite espèce , turriculée , régulièrement ova-
laire , dont la spire est brusquement très-poin-
tue ; ses tours sont élargis, peu arrondis, très-
saillants; l'avant- dernier assez grand, mais le
dernier plus étendu que tous ensemble. Les su-
tures sont remarquablement profondes , à peu
près comme dans les Eburnes. L'ouverture est
longitudinale, ovalaire, grande; le péristome est
simple, un peu anguleux, tendant à devenir en-
tier en se réunissant en arrière; au bord gauche
il se déjette un peu sur l'ombilic, qui est en fente
étroite. Cette coquille, très-finement striée en long
et en travers, est d'un jaunâtre sale, tirant sur le
brun vers son sommet. La bouche est blanchâtre.
Nous n'en connaissons point l'animal. Elle habite
Sainte-Hélène. Nous devons les deux individus
que nous possédons à l'obligeance de M. Seel,
qui a réuni dans son cabinet toutes les produc-
tions de cette petite île. Cette espèce mieux con-
nue sera susceptible de rentrer dans la division
des Partules, dont elle se rapproche par la dis-
position de ses stries, surtout si son péristome
est rebordé.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur 10
Epaisseur 5
MOLLUSQUES. 113
HÉLICE BOSSUE.
Hélix gibba.
( Division des Partules. )
Piirtula gibba. Fér. Prod. , pag. 66 ou 70, n° 3.
Parlula gibba. Voy. de l'Um/iie, Zool., pi. 6<S, tig. i 5-17.
PI, ANCHE i) , FIGURES l8-9.2.
Hélix, testa conico-ovata, perforata, solidius-
cula, striatula, pellucens , lineis longitudinaliter
œqualibus cœlata; albo vel carneo colore; spira
acuta , roseo-rubra ; suturis lacteis ; epidermide te-
nui rufescente ; anfractibus l\ i , ultimo ventricoso,
gibbo , reliquis majore; apertura ovato-elongata ,
subquadrangulari; péris tomate reflexo, largo,
dilatato , albo. (Fér.)
Varietas , elongata , subflava , longitrorsum
albo notata; péris tomate ovali et albo.
Ayant eu, clans ce second voyage, occasion
d'examiner et d'étudier les animaux du genre Par-
tule, nous n'y avons pas trouvé de différences
extérieures avec celui des Hélices. Mais comme
sa coquille offre des caractères particuliers, il
peut être conservé comme une division de ce
Zoologie, t. ir. S
114 ZOOLOGIE.
genre pour faciliter l'étude des individus de cette
immense famille. Nous ne reproduisons ici la
Partule gibheuse que M. de Férussac a fait con-
naître, que pour compléter son histoire en don-
nant la forme de son animal. Il est assez peu long,
et ne se prolonge presque pas en arrière. Son
pied se termine par une pointe obtuse, les ten-
tacules postérieurs sont longs, assez gros. La tète
brun jaunâtre, de même que les flancs jusqu'au
milieu du corps; le reste du pied est jaune clair.
Un sillon, qui indique au côté droit le trajet de
l'organe excitateur, va aboutir derrière le tenta-
cule postérieur du même côté.
Cette espèce est vivipare. L'utérus contient
toujours un assez grand nombre de jeunes indi-
vidus qui sont blancs , ainsi que la coquille ,
qui est très-renflée. Nous avons recueilli un
grand nombre d'exemplaires qui , à cette épo-
que , le mois de mai , se trouvaient presque tous
féconds.
La variété que nous figurons, et qui est assez
rare, se distingue par son plus grand allonge-
ment, par son ouverture assez régulièrement
ovalaire , son péristome blanc, sa couleur jaune
clair, marquée de stries blanchâtres plus intenses
sur le dernier tour.
Ce Mollusque est très-commun à Guam, une
des îles Marianes, cependant il n'habite pas toutes
les parties de l'île. C'est aux environs d'Agagnia
MOLLUSQUES. 115
qu'on le trouve dans les lieux frais et sur les feuil-
les des arbres.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur 8
Epaisseur /,
HELICE DE VANIKORO.
Hélix Vdnihorensis , nob.
(Division des Partules.)
PLANCHE 9, FIGURES C2-IJ.
Hélix, testa ovato-conica, perforata, solida,
longifrorsum ti^ansvei^simque striata,fulva; aper-
tura ovali; peristomate lato , reflexo et albo ; an-
fractibus quinque aut sex.
Tous les individus de cette division des Partu-
les se font remarquer par leur ouverture généra-
lement courte, par leur péristome large et forte-
ment réfléchi , et surtout par des stries très-déliées
se croisant dans les sens transverse et longitu-
dinal.
8*
116 ZOOLOGIE.
Cette nouvelle espèce est solide, allongée, ré-
gulièrement ovoïde. Son ouverture est ovalaire,
un peu rétrécie, et son contour très-élargi , mais
peu rebordé; il tend à devenir entier. Le bord
columellaire est évasé, calleux à sa base, cachant
en partie l'ombilic, qui est ovale et peu profond.
Sa spire est assez pointue; ses tours sont larges,
obliques, arrondis; le dernier un peu renflé est
plus grand que tous les autres; les sutures sont
déliées,
La couleur de la coquille est d'un fauve qui
devient plus ou moins brun. Les individus qui
ont une teinte claire sont marqués, sur le der-
nier tour principalement, de bandes longitudina-
les d'un fauve plus foncé; le péristome est blanc
ou violacé. Le test du jeune âge est globuleux,
ventru, plus fortement strié en travers, et pourvu
d'une double carène très-marquée.
L'animal ne nous a rien présenté de remarqua-
ble dans sa forme; sa teinte tient de celle de sa
coquille, c'est-à-dire qu'elle est d'un fauve jau-
nâtre uniforme.
Ce Mollusque habite l'île de Vanikoro. Il n'y
est pas très-commun ; on le trouve au village
abandonné d'Ocili , sous les feuilles des arbres,
près le bord de la mer.
ÎIIMF.NSIONS.
Lignes.
Longueur 10
Épaisseur 4 ^
MOLLUSQUES. H 7
HÉLICE DE CARTERET.
Hélix Carteriensis , nob.
[ Division des Partules.)
PLANCHE 9, FIGURES IO-1I.
Hélix, testa elongata, apice acuta, perforata
transversim et longitrorsum striata , fulva ; aper-
tura ovali , inflecta; péris tomate lato , reflexo ; an-
fractibus quinis , ultimo ventricoso , reliquis ma-
jore.
Cette espèce est plus allongée et beaucoup
plus pointue que les précédentes; ses tours de
spire sont bien espacés et séparés par des sutu-
res assez profondes. Le dernier , un peu plus grand
que tous les autres , est tant soit peu renflé. L'ou-
verture est obliquement déviée à droite; elle est
ovalaire, son péristome est large, peu rebordé et
blanc. Le bord columellaire est élargi à sa base
et l'ombilic en fente oblique.
Cette coquille, très-finement striée dans deux
sens, est de couleur uniformément jaunâtre. Elle
habite le havre Carteret, à la Nouvelle-Irlande.
Nous n'en connaissons point l'animal.
118 ZOOLOGIE.
DIMENSIONS .
I ignés ■
Longueur .
Épaisseur .
HELICE DE DUERESNE.
Hélix Dufrenii.
Leach Miscell. , Zool. t. II, pag. i53 à i5/| , pi. 120.
PLANCHE IO, FIGURES 1-3.
Hélix, testa ovata, oleaformi , imperforata ,
rufa, longitrorsum tenuiter striata; anfractibus
quinis , convexis, ultimo fasciis luteis et fuscis
cincto; apertura ampla subsemilunata ; labro sim-
plici.
La coquille de cette élégante espèce est de la
grosseur et de la forme d'une petite olive , solide,
bien ovalaire, à spire grosse et obtuse, dont les tours
sont arrondis, espacés, le dernier plus grand que
tous les autres réunis, et ventru. L'ouverture est
assez grande , un peu semi-lunaire; le péristome
MOLLUSQUES. 110
est simple, assez épais, la columelle un peu tor-
due, blanche. Il n'existe qu'un léger indice d'om-
bilic. Le test est finement strié en long. Ces stries
grossissent sur le bord des su tures , où elles forment
de petites varices régulières. Le fond de la couleur
est jaune verdâtre , strié de brunâtre, parcouru
seulement sur les deux derniers tours de spire par
une bandelette brun marron , côtoyée de deux
lignes jaunes. Une large bande brune prend au
sommet du péristome , contourne la columelle , et
se prolonge fort avant dans l'ouverture sur le der-
nier tour. Le sommet de la spire est brunâtre-
Dans le jeune âge , la coquille est globuleuse, à
ouverture arrondie ; on y aperçoit déjà les bandes
brunes.
L'animal a les tentacules postérieurs longs , dé-
liés; les antérieurs sont médiocres. La bouche est
au milieu d'un mufle à deux lobes. Tout le dessus
du corps , ainsi que les côtés , sont d'un brun
presque noir avec des reflets rougeâtres. Le pied
est jaunâtre en dessous, il dépasse à peine la co-
quille en arrière dans sa plus grande extension.
Cette Hélice habite l'île de Van-Diemen. Elle n'y
est pas très-commune. ISous la trouvions cachée
sous les pierres sur les collines qui environnent
la ville rt'Hobart-Town. Quelques individu* étaient
pourvus d'un épiphragme.
120 ZOOLOGIE.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur 1 1
Épaisseur 5
HELICE SENESTRE.
Hélix lœva.
Hélix lœva. Chemnitz, 940-949-
PLANCHE IO, FIGDRE 4-
Hélix, testa siiiistrorsu , ovato-acuminata , ven-
tricosa , perforata , postice viride vcuiegata , ait-
tice Jascia cincta; anfractibus septenis obliquis ;
apertura ovali, arrïpla ; peristomate a/bo, reflexo;
columella bi/îda.
Cette jolie coquille turriculée est connue depuis
long-temps pour avoir toujours la bouche à gauche.
Ses tours de spire sont très- obliques , à sutures
rubanées. Son ouverture est ovalaire , sa colu-
rnelle comme divisée en deux ; son péristome d'un
beau blanc contrastant avec le jaune citron du reste
MOLLUSQl ES. 121
de la coquille , dont quelques individus ont le som-
met piqueté de vert clair. Un ruban à peine distinct
ceint le dernier tour. Ainsi, si nous la faisons figu-
rer, c'est pour mieux faire connaître ses rapports
avec l'animal, qui est grand , tandis que ses ten-
tacules sont médiocres , assez grêles. Le pied ,
pointu en arrière, est pourvu d'un double sillon
marginal. Il est blanc jaunâtre en dessous, le corps
est rougeàtre clair. Le dessus de la tète et les ten-
tacules sont d'un brun rougeàtre très-foncé, pas-
sant quelquefois au noir.
Ce Mollusque habite l'île Célèbes. Il provient
du comptoir hollandais de Manado. Il vit à terre
ou se tient sur les feuilles des arbres.
DIMENSIONS.
pouces.
lignes
Longueur. . . , . .
I
»
6
7
123 ZOOLOGIE.
HÉLICE PAUVRE.
HclLv mise Un.
Férussac, Prodr. ; Limaçons, page 5o , n° 3o6.
PLANCHE IO , FIGURES 5-C;.
Hélix , testa minima, orbiculari, subglobosa,
fragiliy imperforata , subtilissime s tria ta , cari-
nata, cornea pellucida ; apertura ovato-lunari.
Cette petite espèce, que nous avions rapportée
de notre premier voyage sur l'Uranie, est, dit
M. de Férussac « de la taille de Y Hélice serica
« d'Europe , transparente, couleur de corne , assez
« polie et luisante , quoiqu'elle ait de fines stries
« qu'on ne distingue qu'à la loupe. Une carène bien
« sensible règne sur le dernier tour, et devient
« très-obtuse près de l'ouverture. La columelle est
« solide, et le bord interne de l'ouverture semble
« en être la continuation. »
Elle habite l'île Guam. On la trouve en assez
grande quantité à terre sous les feuilles mortes des
palmiers.
Le diamètre de nos plus grands individus est
de trois lignes et demie, et l'épaisseur de deux.
Nous ne connaissons ni la forme ni la couleur de
l'animal.
MOLLUSQUES. 123
HÉIJCE APLATIE.
Hélix explanata , nob.
( Division des Carocolles. )
PLANCHE I(), FlGUltES IO-l3.
Hélix, testa discoidea , perforata, carinata,
desuper plana, subtus convexa , pallide fulva,
transversim striata; vitta castanea infra cari-
nam; labro triangulari , sùnplici, intusalbo; an-
fractibus sertis.
Cette espèce est de grandeur moyenne, très-sen-
siblement aplatie en dessus, bombée en dessous,
à carène peu marquée , arrondie. L'ouverture est
triangulaire, assez grande, à bords simples : il est
vrai qu'ils paraissaient altérés. L'ombilic est très-
étroit. Les tours de spire sont bien espacés ; le
dernier égale en largeur les deux qui le précèdent.
Les sutures sont très-fines et profondes. Cette co-
quille est assez grossièrement striée en travers.
Dépouillée de son épiderme, elle est d'un jaune
rougeâtre très-pâle, avec une bandelette marron
en dessus le long de la carène, qui ne dépasse pas
le dernier tour. 1 /intérieur de l'ouverture est
presque blanc.
121 ZOOLOGIE.
Voilà tout ce que nous pouvons dire de cette
espèce , évidemment nouvelle, mais qui, trouvée
morte et un peu usée, n'avait point l'épidémie
que possèdent presque toutes les Carocolles , et
duquel il est bon de tenir compte pour ne pas
faire de doubles emplois. Nous ne connaissons ni
son animal , ni celui même de cette division des
Hélices. C'est en vain qu'à l'Ile-de-France nous
ayons voulu faire développer celui de la Carocôlle
guillochée, qui est fort commune.
Habite le portDorey , à la Nouvelle-Guinée.
DIMENSIONS.
pouces.
ligne
I
u
I
6
HELICE DE LA NOUVELLE-IRLAiMJE.
Hélix Novœ- Hibcrniœ , nob.
l'LANCHE lO, VIGURES \$- t*j\
Hélix, tes la discoidea , subglobosa, curinata ,
lenuiter striata, lutea; linea rubente eincla; epi-
MOLLUSQUES. 125
dermidefulvOyfugaci; anfractibus senis œqualiter
decurrentibus ; apertura lata, subtriangulari^ la-
bro tandsper reflexo; umbilicù exiguo.
Cette Hélice est orbiculaire, un peu globuleuse,
par conséquent bombée en dessus et en dessous.
Elle est très-finement striée en travers. Ses tours
de spire assez espacés décroissent d'une manière
régulière. Le dernier, divisé par une carène sen-
sible, ne paraît pas beaucoup plus grand que les
autres. Les sutures sont fines et bien marquées.
L'ouverture est demi-circulaire , tant soit peu an-
guleuse. Le péristome est simple et légèrement re-
bordé à gauche. Il est probable qu'avec l'âge il
se prononce davantage. L'ombilic est excessive-
ment étroit. Sans son épidémie , cette Hélice est
d'un jaunâtre sale , ceinte d'une ligne rougeâtre
sur la carène et qui devient capillaire pour se
perdre dans les sutures. Sur le vivant, ce petit
ruban doit être accompagné par un autre, blanc
ou jaunâtre, peu circonscrit. Avec son épidémie,
qui est aussi adhérent que léger, cette coquille est
d'un brun rougeâtre plus ou moins intense. Elle
est voisine de l'Ochroleuque de M. de Férussac.
Elle habite le havre Carteret , à la Nouvelle-
Trlande. Nous n'en connaissons point l'animal.
DIMKNSIONS.
lignes.
Diamètre 10
Épaisseur 5
12fi ZOOLOGIE.
HÉLICE DE JERVIS.
Hélix Jervisensis , nob.
PLA.NC.HE IO , FIGURES l8-2I.
Hélix, testa globosa, subfragili, perfora ta,
valde et oblique striata , carinata , fulva ; suturis
rima umbilicali rubentibus ; anfractibus quinis, ul-
timo ventricoso ; apertura la ta, semilunata; peri-
stomate simplici.
Espèce globuleuse ayant une carène peu sen-
sible et son dernier tour de spire très-volumineux,
arrondi. L'ouverture est fort grande, presque semi-
lunaire , blanche. Le péristome est simple , rou-
geâtre sur le vivant , se déjetant un peu à son
union avec la columelle pour recouvrir en partie
l'ombilic. Cette coquille présente de larges stries
obliques peu profondes, mais régulières, comme
celle de Y Hélix muralis , ressemblant à certains
points de couture. Sa couleur est un jaunâtre sale.
Les sutures sont recouvertes d'un filet violacé, et
l'ombilic est entouré d'une tache de la même
couleur.
L'animal est d'un gris pâle , assez fortement
MOLLUSQUES. 127
lu hercule sur toutes les parties de son corps. Son
cou est allongé , son pied et ses tentacules sont
assez courts. 11 habite la baie Jervis , à la Nou-
velle-Hollande. Il y est rare , puisque nous n'en
avons trouvé qu'un seul individu.
DIMENSIONS.
lignes.
Diamètre ;>
Épaisseur G
HELICE EXCLUSE.
Hélix ex dus a.
Férussac , Prodrome; Limaçons, page 49» n° ly
Voyage de l'Uranie, Zoologie, page 472-
PLANCHE IO , FIGURES 22-25.
Hélix, testa discoidea, depressa, s tria ta, per-
forata, carinata, marmorata ,fascia rubra cincta ;
apertura triangulari ; péris tomate simplici ; anfra-
ctibus dimidio quinis.
Cette Hélice, de grandeur moyenne, avait déjà
été rapportée par nous lors de notre premier
1 28 ZOOLOGIE.
voyage ; clans ce dernier , nous l'avons dessinée
avec son animal. Elle est discoïde, un peu con-
vexe du côté de la spire, comme creuse du côté
opposé. Elle est pourvue d'une carène tranchante,
qui, en laissant le dernier tour, se prolonge sur
tous les autres le long des sutures. Elle est très-
finement striée. Son ouverture est grande, quoique
comprimée , triangulaire en ogive , taillée oblique-
ment; son péristome est simplement bordé, in-
terrompu dans notre individu. On voit cependant
qu'avec le temps il peut devenir continu. L'om-
bilic est très-évasé, profond. En dessus, cette co-
quille est couverte de larges taches de diverses
couleurs, qui la font paraître comme marbrée.
Une ligne d'un rouge assez vif occupe tous les
tours de la spire. Un semblable petit ruban existe
aussi en dessous sur un fond verdâtre, passant au
brun près de la carène.
L'animal a le dessus du corps et ses tentacules
d'un brun foncé ; le pied est allongé , pointu en
arrière, très-comprimé. Un ruban jaunâtre, strié
de brun en travers, règne tout le long de son
étendue.
Cette espèce habite Rawak, Dorey, à la Nouvelle-
Guinée, et l'île de Vanikoro, d'où provient notre
individu.
lignes.
Diamètre 8
Épaisseur.
MOLLUSQUES.
12!)
HÉLICE GEORGIENNE.
Hélix Gcorgiana, nob.
PLANCHE IO , FIGtTRF.S a6-3().
Hélix , testa orbiculari, translucida etfragdi,
desuper valde striata , flava ; anfractibus quater-
nis , ultimo eylindraceo ; apertura amplay sub-
circinata; labro tenui.
Cette petite Hélice , qui a beaucoup de rapports
avec la Nitidula de Stouder, est orbiculaire, ar-
rondie en dessus, avec des stries profondes et
serrées qu'on ne voit bien qu'à la loupe. Le der-
nier tour de spire est presque cylindrique, fort
grand, évidé par l'évasement de l'ombilic, ce qui
rend celte coquille comme concave en dessous.
L'ouverture est presque orbiculaire, à péristome
simple. L'épiderme très - serré est de couleur
blonde, comme tout le tèt, qui de plus est fragile
et translucide.
Cette espèce habite le port du Roi-Georges, à la
Nouvellc-Hollando. Nous n'en connaissons point
l'animal.
DIMENSIONS.
Diamètre.
Épaisseur.
Zoologie, t.
no ZOOLOGIE.
HELICE DE TONGA
Hélix Tonga na , nob.
PLANCHE I I , FIGURES ig-23.
Hélix, testa discoidea, conica , imperforata ,
fragili, pellucida , bicarinata , albicanti; apertura
subtriangulari ; labro simplici acuto ; columella
conforta; anfractibus sex.
Très-petite espèce blanchâtre , fragile et dia-
phane, pourvue d'un épidémie jaunâtre. Quoique
discoïde, sa spire s'élève en cône obtus, le der-
nier tour a une carène bien prononcée, et au
dessus une petite ligne saillante qui remonte sur
toute la spire. Cette coquille est bombée aussi
en dessous. Son ouverture est ovalaire, rendue
un peu triangulaire par le sillon que forme la
carène. Son bord est simple, tranchant, sa colu-
melle torse.
Quelques exemplaires avaient une raie trans-
versale d'un rouge brun. La carène n'est pas très-
marquée sur les jeunes individus.
L'animal a les tentacules postérieurs assez gros
et courts. Le pied, fort long, dépassant la coquille,
MOLLUSQUES. 131
est tronqué à son extrémité en forme de marche
d'escalier. Là probablement il doit y avoir un
pore muqueux , comme dans quelques Vitrines.
Il est blanc ainsi que le reste du corps, à l'excep-
tion du dessus de la tète qui est roux.
Cette Hélice habite l'île basse de Tongatabou.
Nous la trouvions sur les feuilles des arbres dans
la route qui conduit de Bea à Hifo.
DIMENSIONS.
lignes.
Diamètre 4
Epaisseur , 3
HÉLICE CADRAN.
Hélix solarium, nob.
PLANCHE I 1 , FIGURES l\-">S).
Hélix , textadiscoidea,fragili, cari/iata, striata,
fulva ; spira conica, obtusa; apertura triangulari;
rima umbilicali , dilatata , alta ; anfractibus sep-
tenis , valde distinctis.
9-
1 Wï ZOOLOGIE:
Cette petite espèce a quelques rapports de
forme avec XExclusa, mais elle ressemble telle-
ment à un cadran, que nous lui en avons donné
le nom. Elle est discoïde , convexe et un peu co-
nique du côté de la spire, dont les tours sont
rapprochés et bien distincts, à l'aide de la carène
qui, après avoir abandonné le dernier, limite les
sutures de tous les autres. Elle est presque plane
du coté opposé où l'ombilic forme un large trou
qui permet de voir les tours de la spire comme
dans les cadrans. L'ouverture est déprimée, tri-
angulaire. Le péristome paraît être simple et
tranchant. Le têt est très-finement strié, à épi-
derme mince et de couleur blonde.
L'animal est allongé, très-comprimé, dépassant
de beaucoup la coquille en avant et en arrière.
Ses tentacules postérieurs sont longs et cylindri-
ques, la tête est marquée de deux lignes noires
longitudinales. Les côtés du pied sont bruns avec
une ligne rougeâtre, au-dessus de laquelle en est
une autre ponctuée de noir.
On la trouve sur les arbres du havre Carteret,
à la Nouvelle-Irlande.
DIMENSIONS.
lignes.
Diamètre 4
Épaisseur 2
MOLLUSQUES. 133
HÉLICE PETIT-CLOU.
Hclut clavulus.
Hélix clavulus. Fér., Prod. , pag. 5i , n° 38i.
PLANCHE I I , FIGURES 3o-33.
Hélix y testa perforata , elongato - acuminata ,
pellucida, fragili, cornea, tenuissime striata; an-
fractibus obliquis , octogonis, ultimo longiore;
apertura longa , ovali; labro simplici ; columella
paululum conforta.
Cette espèce , de la grandeur et de la forme de
nos petites Clausilies de France, a sa spire très-
pointue; les tours en sont un peu obliques et
renflés, les deux derniers surtout. Ils sont cou-
verts de stries longitudinales fort déliées. L'ou-
verture est allongée , ovalaire dans le plan de
l'axe de la coquille. Le péristome est simple ,
tranchant , tres-légèrement rebordé sur le côté gau-
che , la columelle un peu tordue.. L'ombilic est
134 ZOOLOGIE.
en fente. Cette Hélice est très-fragile, translucide
et de couleur de corne ou blanchâtre.
Elle se trouve à l'Ile-de-France.
DIMENSIONS.
Longueur A t
Épaisseur 1 *
MOLLUSQUES. 1.89
G en b ê VITRINE. — farina, Draparnaud.
VITRINE DE WESTERN.
VUrina nigra , nob.
PLANCHE I 1 , FIGURES 8-y.
Vitriiia, Lesta ovali , planiuscula , rufa; aper-
tura elliptica , ampla ; margine sinistro leviter in-
flexo; anfractibus quaternis.
Cette Vitrine est ovalaire , allongée , très-peu
bombée en-dessus, à spire plutôt enfoncée que
saillante, très-courte, le dernier tour très-grand.
Les sutures en sont bien marquées; l'ouverture
est fort large , elliptique ; son bord gauche est un
peu fléchi en dedans. Le têt est translucide, lisse,
de couleur blonde tirant sur le fauve.
L'animal, malgré son assez grand développe-
ment, peut être contenu dans sa coquille. Le cou
est allongé ; les tentacules postérieurs sont gros ,
courts, renflés à l'extrémité qui porte les yeux.
On a infiniment de peine à apercevoir sur le vi-
vant l'auricule placée à l'entrée de l'ouverture
pulmonaire, ainsi que les appendices de droite et
136 ZOOLOGIE.
de gauche du manteau, qui ne recouvrent point la
coquille. On les distingue mieux après la mort du
Mollusque. Le pied, qui se prolonge en pointe,
porte à son extrémité et en dessous une appa-
rence de pore muqueux; ce qui est le contraire
d'autres Vitrines qui ont cette dépression en des-
sus. Tout l'animal est noir. Il habite le port Wes-
tern, dans cette partie de la Nouvelle-Hollande
qui regarde le détroit de Bass. Nous le trouvâmes
sur le bord d'un ruisseau.
Le port du Roi-Georges nous a fourni des indi-
vidus plus petits, vivant sous les arbres, loin de
l'eau douce.
DIMENSIONS.
lignes-
Longueur de la coquille 6"
Épaisseur ai
VITRINE FLAMMULÉE.
Fitrina Jlammulata , nol).
PLANCHE I I, FIGURES 5-7.
Purina, testa subgiobosa , perforata , pellucida,
Jragi/i, levi , fulva, flammulis rufis cincta; aper-
tura semilunata ; margine sinistro nec inflexo.
MOLLUSQUES. 137
Cette coquille a la forme d'une Hélice discoïde;
elle est subglobuleuse, à spire un peu saillante,
dont le dernier tour va en s'arrondissant. La su-
ture est double ; l'ouverture grande , semi-lunaire, à
péristome tranchant, sans inflexion au bord gau-
che. L'ombilic est à peine perceptible; le test est
lisse , fragile, pellucide, d'un blond roussâtre avec
des flammules plus foncées de la même couleur.
L'animal est très-grand et ne peut être contenu
en entier dans sa coquille. Ses tentacules sont
longs, déliés; la tête porte deux sillons rappro-
chés. Le pied est tronqué en escalier avec un
pore profond; il a près de son bord un sillon sur
lequel viennent se rendre des lignes obliques.
Des expansions du manteau, celle de droite re-
couvre presque entièrement la coquille; les anté-
rieures sont médiocres, toutes sont de couleur
grise. Les tentacules sont brunâtres; la tète, rouge
brun , a de chaque côté une bandelette d'un brun
presque noir. La partie postérieure du pied est
marquée de lignes triangulaires brunes, dirigées
en arrière; leur intervalle est jaune. Le reste du
corps est jaune tendre.
Ce Mollusque, que nous avons un peu grossi,
habite l'île Célèbes. Nous l'avons trouvé sur les
feuilles, dans les lieux humides, à une très-grande
élévation, en allant au lac de Tondano.
138 ZOOLOGIE.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur de la coquille 6
Largeur 5
Épaisseur 3 i
VITRINE VERTE.
Farina viridis, nob.
PLANCHE II, FIGURES l6-l8.
Vitrina, testa solida , discoidea, valde carinata,
desuper convexa, infra globosa , viride fascia lu-
tea cincta ; apertura ampla , triangulari ; péris to-
mate simplici acuto; rima umbilicali vix dis-
tincta.
Grande espèce , discoïde , ressemblant à une
Hélice , bombée en dessus, davantage en dessous,
à spire obtuse, mais saillante, formant environ cinq
tours, dont le dernier très-renflé est fortement
caréné. Le ruban de cette carène se prolongeant
le long de la suture la fait paraître comme dou-
ble. L'ouverture est grande, subtriangulaire, à
MOLLUSQUES. 130
bords tranchants. La coin nielle se rabat an de-
hors et donne lien à un ombilic excessivement
petit. Tout le tèt est très-finement strié et couvert
d'un épidémie épais. Du vivant de ranimai, il est
d'un beau vert émeraude, son arête seule est
jaune; mais après sa mort, la coquille devient d'un
jaune clair; ce qui prouve de quelle utilité est
l'étude de ces animaux sur le frais.
Ce Mollusque est du nombre de ceux que la
coquille ne peut entièrement cacher, et son pied
est toujours extérieur. Son extrémité, tronquée
en forme d'escalier, cache un pore muqueux pro-
fond. La tête, le cou et les quatre auricules sont
d'un beau vert d'émeraude à reflets bleuâtres ; les
tentacules sont bleuâtres aussi. Au dessus du pore
sont des lignes triangulaires bleuâtres et vertes.
Le reste du corps est blanc. Le bord du pied a
un sillon auquel viennent se rendre les lignes obli-
ques qui parcourent les côtés. L'appendice auri-
culaire du manteau ne paraît pas autant recou-
vrir la coquille que dans la précédente.
Cette espèce, qui paraît rare, habite les mon-
tagnes de Manado , dans l'île Célèbes.
DIMENSIONS.
lijine».
Diamètre o
Épaisseur. . g
1 40 ZOOLOGIE.
VITRINE CITRINE.
V Urina citrina .
Lamarck. An. Sam. v., t. 6, i, p. 7
PLANCHE II, PIGUKES l~4-
Hélix, testa orbiculato - convexa , subumbili-
cata, lœvi, diaphana , nitida , paUide lutea , œtate
castanea ; ultimo anfractu fascia alba aut nigfa
cincto; spira obtusa; labro acuto.
D'après notre habitude de dessiner tous les ani-
maux, même des coquilles les plus connues, nous
ne fûmes pas peu surpris en nous promenant
dans les jardins d'Amboine , de reconnaître que
l'Hélice citrine, si' commune dans les collections
et si variée dans ses couleurs, était une Vitrine de
l'espèce à tèt solide.
Nous ne nous étendrons donc point sur les ca-
ractères dune coquille aussi répandue et figurée
dans beaucoup d'ouvrages; nous dirons que l'ani-
mal, quoique très-grand, rentre tout entier dans
son enveloppe. Il se prolonge à peu près égale-
ment en avant et en arrière. La tète est grosse ,
arrondie; les tentacules postérieurs sont courts,
les antérieurs assez longs , les lèvres légèrement
MOLLUSQUES. lit
effilées, ce qui les fait un peu ressembler à
des tentacules , et pourrait faire croire que rani-
mai en aurait six. Les appendices auriculaires an-
térieurs sont larges et cachent en partie l'ouverture
pulmonaire; les latéraux sont minces, allongés; ce-
lui de droite, un peu canaliculé, n'est que rudi-
mentaire comparé à ceux de quelques-unes des es-
pèces que nous venons de décrire. En jetant un coup
d'œil sur la planche où sont réunies nos Vitrines,
on pourra mieux saisir ces différences. Le pied ,
avant que de finir en pointe, présente une tron-
cature pour un pore , d'où s'échappe une assez
grande quantité de mucosité. Il est couvert de
stries obliques, qui se rendent sur une ligne lon-
gitudinale qui avoisine son limbe.
La couleur de ce Mollusque est jaunâtre sur la
tête , blanchâtre ou rougeâtre à l'extrémité posté-
rieure du pied qui présente une ligne brune di-
vergente. Les auricules sont blanches. Comme dans
quelques-unes de nos Hélices deFrance, on aper-
çoit au travers de la coquille les ramifications des
veines pulmonaires. La dent est étroite et cour-
bée en forme d'arc.
Nous sommes portés à croire que toutes les Hé-
lices regardées comme des variétés de la Vitrine,
ne doivent pas être des Vitrines. Des observations
directes des animaux feront seules connaître ces
différer! ces.
142 ZOOLOGIE.
VITRINE DE TENERIFFE.
Vitrina Teneriffœ , nob.
( Division des Hélicolimaces. Fér. )
Bobusso par les habitants de Sainte-Croix.
PLANCHE l3, FIGURES 4"9 et 9*-
Vitrina, testa ,fragilissima , ovali , planiuscula ,
pellucida, virescente ; apertura maxime aperça,
elliptica ; margine sinistro valde inflexo ; spira
brevi; anfractibus ternis.
Venant de démontrer que des Vitrines ont des
coquilles solides comme celles des vraies Hélices,
et que la plupart peuvent y rentrer en entier, il
peut être bon de faire une division des Vitrines
que le test ne peut contenir en totalité , et qui de
plus ont presque tout le corps couvert en avant
par une sorte de cuirasse. Ce sont les Hélicoli-
maces de M. de Férussac auxquelles appartient
l'espèce suivante.
La coquille est ovalaire , peu bombée , arron-
die en dessus , à spire très-courte , dont le der-
nier tour est fort grand et constitue presque toute
MOLLI SQUES. 143
la coquille , qui , en petit , ressemble parfaitement
à celle intérieure de certains Sigarets. Son ouver-
ture est ovalaire fort ample , et son bord gauche
est fortement fléchi en dedans. Les sutures sont
pleines et bordées par une petite lamelle ruban-
née. Elle est translucide excessivement fragile ,
lisse, car les stries dont elle paraît couverte ne
sont que celles d'accroissement. La couleur, qui
est verdâtre clair, peut tenir à l'épiderme ; quel-
ques exemplaires qui en sont dépourvus parais-
sent blanchâtres. Cet épiderme est quelquefois
fort épais, membraneux.
L'animal a la tète assez petite; le dessus du cou
présente une ligne longitudinale saillante, accom-
pagnée de chaque côté d'une rainure. Les tenta-
cules postérieurs sont minces et déliés, les anté-
rieurs fort petits. L'écusson est très-long , presque
conique, libre antérieurement, recouvrant posté-
rieurement la coquille d'une manière assez va-
riable, puisque l'animal peut à volonté la rendre
plus ou moins apparente et même quelquefois la
cacher entièrement. Cependant le plus souvent
la spire seule est recouverte , et l'écusson paraît
alors comme échancré. Il est strié transversale-
ment. L'orifice de la respiration est placé fort en
avant de la coquille, caractère qui distingue cette
espèce des autres connues. Le pied , en forme de
queue, presque aussi long que la partie antérieure
du corps, est pointu, très-comprimé latéralement,
144 ZOOLOGIE.
tranchant supérieurement. Il offre à son origine
en dessus, à toucher la coquille, un large sillon
triangulaire. La couleur de ce Mollusque, dont les
plus grands individus avaient un pouce et demi de
longueur, est d'un noirâtre sale, plus foncé sur le
bouclier et à la base du pied, lequel dans le reste
de son étendue est plus clair et piqueté de points
noirâtres. Les organes que recouvre la coquille sont
tachés de brun et de jaune. Le foie offre, comme
dans les Limaces, un réseau vasculaire brillant et
délié. La dent est munie d'une petite pointe mé-
diane.
Cette Vitrine habite les lieux humides et sombres,
le longdes ruisseaux , sous les pierres. Nous en trou-
vâmes un assez bon nombre à la rivière iï léguas
Gracias, que nous nourrîmes pendant quelques
jours avec des feuilles de laitues. Elles sont
très-vivaces et presque toujours en mouvement.
Si on les irrite en touchant la tête, elles la
rentrent et la recouvrent en élargissant consi-
dérablement Técusson , qu'elles agitent fortement.
Elles impriment aussi à leur queue un mouvement
qui la fait se redresser au-dessus de la coquille.
Nous avons essayé de les représenter dans ces deux
états.
niMF.NSKWS.
lignes.
Longueur de la coquille.
Largeur
MOLLUSQUES. H3
Genre LIMACE. — Limax, Linn.
LIMACE DE L'ASCENSION.
Lîmax Ascensionis , nob.
Arion Ascensionis. Gar. et Less., Voy. de la Coquille ,
Moll., pi. 16 , %. /).
PLANCHE l3, FIGURES l4"l8.
Limax , corpore desuper et antice fulvo ; pos-
tice plumbeo ; tentaculis minimis ; cljpeo lato,
ovali; ossiculo minimo ovali-acuto.
Cette Limace a un peu plus de deux pouces de
longueur. Elle est assez grosse, à pied obtus en
arrière, sans troncature et sans pore. Les tentacules
postérieurs sont courts, noirâtres. Le bouclier est
grand , ovalaire ; la place de l'osselet est marquée en
dessus par un renflement. Cette pièce est petite,
ovalaire et un peu pointue. Toutes les parties que
nous venons de décrire sont d'un fauve clair. Le
dessus du corps en arrière est bleuâtre, le limbe et
le dessous du pied sont jaunâtres. Des stries, obli-
Zootftgie. t. 11. 10
146 ZOOLOGIE.
ques d'avant en arrière , viennent se terminer à
une ligne qui règne sur le bord du pied. La dent
est très-faible, arquée, avec une saillie au milieu.
Une seule de ces Limaces, sur près de cent, était
presque noire en dessus.
Ce Mollusque habite sous les pierres , au som-
met des montagnes, et dans les lieux humides de
l'île dont il porte le nom. Probablement que c'est
le seul terrestre qu'on y trouve , et peut-être
même y a-t-il été apporté.
LIMACE DIAPHANE.
Lima.v perlucidus , nob.
PLANCHE l3, FIGURES IO-l3.
Limax, corpore oyali, depresso, perlucido ,
albo , punctis nigris notato; tentaculis minimis ,
crassis, nigro striatis ; ossiculo corneo , ôvato.
Cette espèce, non moins remarquable par sa
transparence , qui ressemble à celle d'une gelée
animale , que par sa forme ovalaire allongée, très-
aplatie , semble faire le passage des Limaces aux
Parmacelles. Sa longueur est d'un pouce à un
pouce et demi. Le pied, le manteau , sont comme
confondus ; ce dernier est arrondi en arrière, et
MOLLI SOIES. 147
la tète est large et aplatie. Les tentacules posté-
rieurs sont courts, gros, et parcourus clans leur
longueur par une ligne noire. Uu léger sillon trace
la séparation de la bouche d'avec le pied. Le milieu
du dos est surmonté d'un écusson charnu , ova-
laire, sur le bord droit duquel est l'ouverture de
l'organe pulmonaire. Sous cet écusson est une co-
quille cornée , ovalaire , un peu bombée , striée
et roussâtre, avec une indication de spire à la par-
tie postérieure.
La couleur de ce Mollusque est généralement
blanchâtre, avec de petits points enfumés accou-
plés. Le dessus de la tète est légèrement rougeâtre,
et la partie postérieure du corps est marquée d'une
ligne brune. L'écusson est mélangé de brun et de
jaunâtre.
Les animaux s'accouplent comme les Limaces,
parle bord droit du tentacule postérieur. Ils habi-
tent l'Ile-de-France. Nous ne les avons trouvés que
dans une seule localité que nous indiqua M. Des-
lisse fils; c'est sur la montagne du Pouce, au lieu
où on laisse le sentier qui conduit à Moka pour
mouter sur le sommet du Piton. Ils sont assez
communs en novembre , à l'ombre des feuilles
des arbres environnants. Dans les endroits plus
ou moins humides nous n'en avons plus trouvé.
ni
148 ZOOLOGIE.
LIMACE BITENTACULEE.
Limax bitentaculatus , noh.
PLANCHE l3, FIGURES 1-3.
Limax , corpore elojigato , subcylùidraceo ,squa-
lideluteo; dorso canaliculato ; tentaculis duo bus.
Ce Mollusque possède des caractères qui, dans
une monographie des Limaces, lui feraient former
une division basée sur l'absence des petits tenta-
cules inférieurs. Long d'un pouce environ , grêle,
il a du reste toute la forme d'une Limace. La tète
est distincte, la bouche ovalaire; les tentacules
assez courts, un peu en massue, sont pourvus
d'yeux très-petits à leur extrémité. Le dos présente
une rainure assez profonde, régnant dans toute
son étendue à commencer de la tête. Elle se di-
vise un peu à gauche pour contourner l'ouverture
pulmonaire, qui dans cette espèce est plus re-
montée vers le dos. Des stries obliques viennent
de chaque côté aboutir à cette rainure. Le pied
est assez peu distinct du reste du corps. Il est d'un
blanc jaunâtre. La couleur de ce Mollusque est
d'un jaunâtre sale tacheté de brun clair. Il n'v
MOLLUSQUES. 149
avait point d'apparence de bouclier cachant une
pièce cornée, et n'ayant qu'un seul individu très-
mince, nous n'avons pas fait de recherches à ce
sujet.
Habite l'anse de l'Astrolabe, dans la baie
Tasman, à la Nouvelle-Zélande. Il vit sur les
feuilles.
150 ZOOLOGIE.
Genre AMBRETTE. — Succinea, Draparnaud.
AMBRETTE AUSTRALE.
Succinea australis.
PLANCHE l3, FIGURES IQ-23.
Succinea, testa ovato-oblonga, ventricosa, pel-
lucida, Jragili, flava aut nigricante , oblique
striata; apertura ovali; anfractibus ternis.
Cette espèce a beaucoup de rapports avecl'Am-
brette amphibie de France; elle s'en distingue par
son dernier tour de spire plus renflé , et par ses
stries obliques plus brunes. Son ouverture est
grande , ovalaire. Sa couleur varie , ce qui peut
tenir à la saison, à la nourriture que prend l'ani-
mal , et au lieu qu'il habite. Au premier aspect ,
lorsqu'on la détache de dessous les pierres , elle
est noire, et après qu'on l'a fait développer dans
un lieu humide, elle devient brune ou ardoisée,
ou même verdàtre. La coquille décolorée est trans-
parente et jaunâtre. Une variété sénestre a l'ou-
verture plus allongée et presque noire.
MOLLUSQUES. 151
Quoi qu'il en soit, l'animal a l'aspect de celui
d'une Limace. Les tentacules postérieurs sont
courts, gros, renflés à l'extrémité, où sont les
yeux; les antérieurs très-petits. Sa tête est arron-
die, offrant en avant une sorte d'écusson. Le mufle
est divisé en deux lobes et séparé du pied par un
sillon. La bouche est ovalaire. Le pied est court et
ne dépasse point -l'extrémité de la coquille ; ses
bords sont denticulés , et ses côtés obliquement
striés. Il est blanc jaunâtre en dessous. Le reste
du corps est jaunâtre sale, ponctué de brun.
Cette Ambrette habite l'île de Van Diémen. Nous
la trouvions dans les environs d'Hobart-Town , sur
les lieux élevés, arides et dépourvus d'eau.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur de la coquille S~
Epaisseur 3
152 ZOOLOGIE.
Genre AGATHINË. — Achatina , Lamk.
AGA.THINE MA.UR1TIENNE.
achatina Mauritiana.
Lamarek. \x\. s. v. , t. VI, 2e* part. , page 12g.
Hélix fulica. Daudeb. Hist. des Moll. , n° M7.
Garnot et Lesson , atlas de la Coquille.
PLANCHE II, FIGURES IO-l 5 J et PLANCHE 4p, FIGURE 21 ,
pour de plus amples détails anatomiques.
Achatina, testa ovato-conica, longitudinaliter
s triât a , albido lu tes ce rite ; strigis longitudinalibus
confertis , rufo aut flavo-fuscis ; spira apice acu-
tiuscula ; apertura albida aut violacea ; labro mar-
gine interiore fusco .
Dans notre premier voyage, nous avions ap-
porté l'animal de l'Agathine , dont s'est servi
M. de Blain ville dans son ouvrage sur les Mol-
lusques pour caractériser ce genre. En passant
de nouveau à l'Ile-de-France, nous avons été plus
à même d'étudier ces animaux et d'en prendre un
dessin sur le vivant. Ils se sont tellement multi-
MOLLUSQUES. 153
plies dans cette île qu'on en trouve à chaque pas,
et que les propriétaires les font détruire avec
soin par les noirs , qui les nomment Couroupas.
On ne voyage pas sans voir des monceaux de
leurs coquilles sur le bord des champs. Il y a de
ces Mollusques d'une énorme grosseur qui doi-
vent occasioner beaucoup de dégâts , surtout
dans les jardins.
Il y a dans ces coquilles de nombreuses varié-
tés, qui auront probablement porté à trop mul-
tiplier les espèces.
L'animal a beaucoup de rapports avec celui des
Hélices. Il est d'un rouge brun plus ou moins
foncé, plus intense sur la tête, laquelle est rayée
longitudinalement ainsi que le cou. Les tentacules
postérieurs sont assez courts , coniques , tandis
que les antérieurs sont allongés. Les lèvres sont
proéminentes et bifides. La bouche a une dent en
fer à cheval sans dentelures sur son bord libre.
Le pied est long, large, subarrondi à sa partie
postérieure, sans sillon marginal. Il est couvert
de granulations charnues de couleur rougeâtre
avec des teintes bleuâtres, et jaune sale à sa face
inférieure. Dans la reptation il s'étale quelquefois
en ovale, à la manière des Mollusques marins. Le
collier est épais, continu dans toute son étendue.
Il règne en dessous une lamelle, qui se divise au
coté droit en deux feuillets formant une ouver-
ture ovalaire pour la respiration, et une autre ar-
154 ZOOLOGIE.
rondie,un peu plus en dehors, pour la sortie des
excréments. Elles ne sont séparées que par une
cloison fort mince.
L'organisation intérieure de l'Àgathine diffère
peu de celle des Limaces, comme on pourra s'en
assurer sur l'anatomie que nous en donnons ,
faite partie sur le vivant et partie sur le mort.
L'œsophage est gros , ovalaire. Il reçoit les con-
duits excréteurs de quatre glandes salivaires allon-
gées qui recouvrent l'estomac. Leurs quatre ca-
naux séparés se réunissent pour n'en former que
deux. L'estomac est ovalaire. Le canal intestinal
se rétrécit à sa sortie dans l'étendue de plus d'un
pouce, et se dilate ensuite en un énorme gésier
arrondi , recourbé sur lui-même, lisse dans son
intérieur. Le reste de l'intestin forme deux anses,
dont la plus grande est enveloppée par le foie ,
avant que de former lerectum. Ce dernier est long,
ample et bosselé. Le foie forme une masse con-
sidérable, homogène, très-brune, qu'il est diffi-
cile de séparer en lobes bien distincts. Le plus
considérable de ses conduits s'ouvre à la partie
postérieure du gésier; les autres versent dans l'in-
testin que le foie embrasse immédiatement.
La cavité respiratrice n'a de remarquable qu'une
grande veine pulmonaire, qui la traverse oblique-
ment avant que de s'ouvrir dans l'oreillette. Elle
reçoit dans son trajet le réseau des autres vais-
seaux. Le ventricule est allongé, pyriforme. L'or-
MOLLUSQUES. 155
gane dépurateur est fort long , un peu triangu-
laire; son conduit se comporte comme dans le
Limaçon.
L'ovaire est caché dans le bord gauche du foie.
L'oviducte est fort long, délié et tortillé. L'utérus
est formé de cellules accolées , représentant une
frange ; il s'élargit ensuite en tube longitudinale-
ment plissé à l'intérieur, et reçoit, avant que de
s'ouvrir dans le vestibule commun, le canal de la
vésicule arrondie , qui est assez court.
Le testicule, placé en dedans et près l'anse que
forme le gésier, est un peu recourbé sur lui-même
à sa pointe. Il touche à l'utérus. Les deux canaux
sont assez long -temps intimement unis ; le défé-
rent se sépare, croise l'utérus et se porte à la base
de la verge, laquelle est peu longue. Son enve-
loppe est pourvue d'un muscle rétracteur. Cet or-
gane donne dans le vestibule qui s'ouvre à la base
du tentacule droit. Il n'y a point cet appareil d'ap-
pendices frangés , ni de dard calcaire , comme
dans l'Escargot. Nous n'avons point parlé du dé-
veloppement plus ou moins grand de toutes ces
parties, selon le temps où on les observe. Le reste
est comme à l'ordinaire. Voyez les planches.
15G ZOOLOGIE.
Gknri: AURICULE. - Auricida, Lanik.
AURICULE MIDAS.
Auricula Midce.
Voyez la synonymie dans Lamarck, t. VI, p. 137.
Garnot et Lesson , atlas de la Cor/iiillc.
Insoumour par les Papous de Dorey.
PLANCHE l4-
Auricula, testa ovato-oblonga, crassissima ,
striis decussata , superne granosa , alba ; épidémie
castaneo fusca; spira brevi, conoidea; apertura
niedio angustata ; columella biplicata.htxmk.
Il n'est probablement pas de coquille qui ait
été aussi souvent figurée que celle-ci. Aussi évi"
terions-nous de la reproduire si nous n'avions
à faire connaître les rapports de l'animal avec son
enveloppe et quelques détails de son organisation.
Ce Mollusque enlevé de sa coquille est ovalaire-
conique , spiral, mais dont toutes les parties sont
MOLLUSQUES. 157
ramassées les unes près des autres. La tète et le
cou sont gros et allongés. Cette première partie a
un mufle saillant, élargi, et porte à son sommet
deux tentacules médiocrement longs, un peu co-
niques, rugueux, non élancés et roides comme
ceux des Hélices , sans aucune trace d'yeux à la
partie interne de leur base, encore moins à leur
sommet, où ils ne doivent pas en avoir pour ap-
partenir réellement à un animal de la famille des
Auricules. Le pied est gros , ovalaire , dirigé en
arrière, et se terminant en pointe obtuse. Il est
séparé du mufle par une rainure transverse pro-
fonde , et du cou par un sillon qui n'existe qu'au
côté droit, dans lequel vient s'ouvrir l'utérus et
qui sert, comme dans beaucoup de Mollusques ,
à conduire les œufs. Toutes ces parties sont d'un
rouge brun foncé, tuberculeuses; le dessus du cou
est strié transversalement. Le collier forme tout
autour de la bouclie de la coquille un bourrelet
épais qui la déborde un peu et en remplit toute
l'étendue, ne laissant que trois ouvertures, une
pour la tète et le pied réunis qu'il embrasse étroi-
tement, et deux autres qui pénètrent dans la ca-
vité respira trice et le rectum. Ces dernières, très-
rapprochées l'une de l'autre et placées dans l'an-
gle postérieur du péristome, sont contenues clans
une fossette du collier. La pulmonaire est ronde
et plus étroite; l'anale se termine en gouttière
ou cornet, qui fait sur le vivant une saillie je-
158 ZOOLOGIE
marquable. Le bourrelet est de plus marqué d'une
rainure , que l'on ne voit qu'après que l'animal
a été macéré dans l'esprit-de-vin. Le muscle co-
lumellaire, très-aplati, a deux cannelures profon-
des pour s'accommodera la double dent du bord
gauche.
L'Auricule Midas est complètement aveugle ,
dans ce sens qu'elle n'a aucune trace d'yeux à l'ex-
térieur; mais en l'anatomisant avec soin on aper-
çoit sous la peau, qui est fort épaisse, deux très-
petits points noirs qui sont les rudiments de ces
organes. Ils sont placés où ils doivent être , c'est-
à-dire à la base interne des tentacules, très-près
du ganglion supérieur, qui leur envoie des filets
nerveux.
L'ouverture de la bouche est située au milieu
de deux lèvres épaisses. La masse buccale pro-
prement dite est renflée à peu près comme dans
le Limaçon , et porte aussi en arrière une petite
vésicule linguale ;elle est pourvue d'une dent cor-
née, arquée, lisse. La langue n'est qu'une plaque
membraneuse recouverte de petites aspérités qua-
drilatères.
Le ganglion céphalique embrasse l'œsophage
derrière et fort près de la dent, disposition qui
doit probablement varier selon l'allongement ou
le raccourcissement de la tète du Mollusque. Deux
forts muscles, bifurques à leur insertion à la masse
buccale, servent à la retirer en dedans. C'est près
MOLLUSQUES. 159
d'eux que viennent s'ouvrir deux longues glandes
salivaires, qui par leur extrémité opposée vont se
fixer sur l'œsophage , ou plutôt sur le premier es-
tomac qui donne dans un énorme gésier en boule,
ne ressemblant pas mal au fronteau qu'on met
sur la tète des enfants. Cet organe , placé entre
le testicule et le dernier lobe du foie, est blanc ,
très-charnu , comme celui des oiseaux, à colonnes
musculaires intérieures. Sur sa partie postérieure,
qui est membraneuse, il reçoit l'estomac qui, avant
que de s'y ouvrir, présente un petit cœcum court,
en spirale. A sa sortie du gésier l'intestin est aussi
renflé en cul-de-sac ; il décrit ensuite deuxgrandes
anses dans le foie, et se termine par un rectum
fort ample et bosselé. On peut considérer le foie
comme formé de deux à trois lobes bruns presque
noirs, dont deux des canaux s'ouvrent immédia-
tement dans l'intestin, et celui du troisième lobe,
assez long, se porte au sommet du gésier. Tous
ces viscères digestifs sont recouverts de vaisseaux
lymphatiques nacrés. Le plus remarquable, après
avoir passé sur l'œsophage, se porte au gésier, où
il forme de jolies ramifications.
La cavité respiratrice est très-ample, supérieu-
rement tapissée d'un grand nombre de vaisseaux
anastomosés, dont la réunion forme deux veines
pulmonaires qui vont séparément se jeter dans
l'oreillette. L'une des deux n'est qu'un rameau :
100 ZOOLOGIE.
la plus grosse côtoie l'organe dépurateur*. L'o-
reillette est très-large , blanchâtre , le cœur peu
volumineux.
L'organe de la dépuration, placé à la paroi su-
périeure pulmonaire, est très-gros, aplati , allongé
en arc; il reçoit une grande quantité de vais-
seaux. Il s'ouvre par un très-petit trou à la pointe.
Son intérieur est tapissé de plis transverses réu-
nis à une sorte de raphé. La matière qu'il sécrète
est brunâtre.
A. travers le plancher qui forme la paroi infé-
rieure de l'organe pulmonaire on aperçoit à droite
le rectum, et près de lui les replis jaunes de l'uté-
rus allant aboutir à la rainure du col.
L'ovaire, de couleur orangée, est situé à l'ex-
trémité spirale de l'animal entre les divisions du
dernier lobe du foie. L'oviducte , aussi long que
mince, est tortillé sur lui-même, blanc. Il côtoie
le gésier, traverse le foie et descend sur le corps
de l'utérus. Ce dernier est une masse ovalaire ,
gélatineuse, jaunâtre , formée de granulations qui
la font ressembler à une glande. Son conduit ex-
créteur, contourné sur lui-même, est plissé dans
sa longueur, ce qui lui donne l'apparence de deux
* Il existe une particularité dans l'arrangement de ces vaisseaux, sur-
tout de ceux qui du rectum vont à l'organe dépurateur; c'est que les troncs
d'un côté alternent avec l'extrémité des vaisseaux de l'autre côté. Voyez les
figures.
MOLLliSQUES. !Gl
canaux adossés. Sous l'utérus est une vessie bru-
nâtre, de la grosseur et de la nature de celle du
Colimaçon , avec cette différence qu'il en part
deux canaux ramifiés, dont l'un se porte en ar-
rière sur le corps de l'organe, et l'autre en avant
le long du conduit de l'utérus. Nous avons indi-
qué plus haut l'ouverture de ce conduit de l'or-
gane femelle, dans la rainure du col en arrière du
tentacule droit. L'organe excitateur sort par une
ouverture placée à la base de ce tentacule , ainsi
que cela a lieu dans les Hélices : mais il est loin
d'avoir le même développement. Il est conique ,
pointu et un peu tortillé à son extrémité. Sa gaine
est fort longue, éminemment érectile , pourvue
d'un muscle rétracteur et , dans sa longueur, de
deux lames charnues. Le testicule est gros , glo-
buleux , compacte , jaunâtre , recouvert par le foie
et avoisinant une des anses intestinales. 11 s'unit
au pénis par un conduit déférent assez court.
Les Auricules sont essentiellement terrestres ,
quoique en général elles se tiennent peu éloignées
de la mer. Elles peuvent même exister plusieurs
jours sous l'eau, comme nous l'avons vérifié. L'es-
pèce qui nous occupe abonde à la Nouvelle-Guinée,
dans le port Dorev. Ce sont les naturels qui se char-
geaient de nous les apporter. Ce Mollusque paraît
susceptible de vivre long-temps, à en juger par quel-
ques-uns, dont les coquilles étaient usées extérieu-
rement par un long frottement dans la progression.
Zoologie, t. il. ii
102 ZOOLOGIE.
AURICULE AVELINE.
Auricida Scarabœus.
Voyez la Synonymie dans Lamarck.
PLANCHE l3, FIGURE lf\.
Auricida, testa ouata, convexo-depressa , per-
f'orata, laterlbus oppositis subangulata, glabra ,
œtate rufo-castanea; spira breviuscula; apertara
ringente , utroque latere dentata. (Lam.)
• M. de Férussac a fait connaître sons le nom
de Scarabe, genre établi par Denys de Montfort ,
l'animal de l'Àuricule Aveline, d'après des individus
rapportés par nous dans notre premier voyage
( Voyez la Zoologie de VUranie , page 487 ). M. de
Blainville le décrivait en même temps dans le
Journal de Physique. C'est pour compléter ce
qu'ont dit ces naturalistes de l'organisation de ce
Mollusque que nous en donnons une figure faite
sur le vivant.
La saillie qu'il fait hors de la coquille est assez
considérable en avant. La tète et son mufle sont
»ros. Ses tentacules fusiformes , pointus , renflés
au milieu, ont à leur base interne deux petits yeux
MOLUJSQUKS. 103
noirs. Le pied se termine en pointe et ne dépasse
pas la spire. Tout le corps est légèrement rou-
geâtre en avant, brun sur la tète, jaunâtre dans
sa partie postérieure.
Ces animaux vivent à terre non loin des riva-
ges. Nous ne les avons jamais vus couverts par la
mer. Ils sont apathiques, fuient la lumière, se
cachent sous les feuilles mortes , et sont presque
toujours profondément enfoncés dans leur enve-
loppe. 11 faut une forte pluie pour les déterminer
à en sortir. Ces difficultés nous ont empêché d'en
dessiner plusieurs, afin de voir si on peut trou-
ver par la couleur ou la forme de l'animal des
caractères propres à distinguer les espèces, qui
ne nous paraissent pas déterminées avec assez
de précision. On en trouve dans tout l'archipel
Indien.
AURICULE JAUNE.
Auricula luira , nob.
PLANCHE I?> , FIGURES 25 - 2 y.
Auricula , testa ovato-conica , postice dilatata ,
lœvigata , nitida :, lulcola; spira brevi , coniça;
164 ZOOLOGIE.
columella quinque dentata-? labro dextro den-
tato.
Espèce assez grande, olivaire, à spire courte,
conique, formée de sept à huit tours rapprochés,
dont le dernier s'élève assez brusquement, et qui
élargit la partie postérieure de la coquille plus que
l'antérieure. L'ouverture est étroite , plus large en
avant, à péristome uni, presque droit sur le bord
droit, lequel porte ordinairement huit plis. La co-
lumelle, arrondie à sa base, cache presque entière-
ment l'ombilic ; elle est chargée de cinq dents ou
plis qui ne varient presque pas sur un grand
nombre d'individus. Il est rare d'en trouver avec
la bouche achevée, aussi ont-ils pour la plupart
le bord droit un peu arrondi en arc et tranchant.
Cette Auricule est d'un jaunâtre sale uniforme;
morte, elle devient d'un assez joli blanc très-poli.
C'est alors qu'on distingue quelquefois au travers
du tèt des lignes transverses d'un blanc mat. Quel-
ques exemplaires offrent aussi des sillons longi-
tudinaux irréguliers d'accroissement.
L'espèce que nous figurons provient de l'île
Vanikoro. Il en existe une variété plus grande ,
en tout semblable, à Guam , dans l'archipel des
Marianes. Elles ont quelques rapports , de forme
seulement, avec l'Auricule coniforme.
L'animal a les tentacules fusiformes, très-poin-
tus , portant les yeux à leur base interne. Le mufle
MOLLUSQUES. 165
est arrondi; il s'élargit de manière à égaler le pied,
avec la partie antérieure duquel on pourrait le
confondre, s'il n'en était séparé par une très-petite
rainure. Le pied est ovalaire, large, bifurqué en
arrière, séparé en avant par un sillon transverse
pour former une sorte d'écusson, qu'il ne faut pas
confondre avec le mufle. La bouche fermée a la
forme d'un T. L'animal est d'un jaune semblable
à celui de son enveloppe, seulement le pied est
d'une teinte plus foncée en dessous. Les tenta-
cules sont bruns.
Nous n'avons trouvé ce Mollusque que sur un
seul point de la petite île de Nanoun-ha , qui
touche Vanikoro. Il se tenait sous les arbres du
bord de la mer.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur m
Epaisseur au milieu 4
166 ZOOLOGIE.
ADRICULE A COLLIER.
Auricula rnonile.
Lamarck. a. s. v., t. VI, 2e part. , page 141.
Deshayes , Encycl. me th. vers. , t. II, page 90, n" S.
PLANCHE l3 , FIGURES 28-33.
Auricula, testa ovato-conica , turblnata, basi
attenuata, lœvigata, niticla, albido cœrulescente ,
Juh'O fasciata; spira brevissi/na; columella qua-
driplicata ; labro clextro dentato. (Deh.)
Varietas; inagis elongata , pluiïmis fasciis
cincta.
L'Auricule à collier et la Fasciée de M. Deshayes
sont la même espèce; ce que nous avons eu
occasion de vérifier d'après un grand nombre
d'individus, dans la collection de M. le prince
d'Esling, qui a appartenu autrefois à M. Lamarck.
Si nous la reproduisons ici, c'est pour faire
connaître la forme extérieure de l'animal, qui
dans ces petites espèces diffère assez des grandes
pour en former une division. Nous ne pouvons
mieux faire que de donner la description de
l'exact et consciencieux auteur des Coquilles
fossiles des environs de Paris.
MOLLUSQUES. 167
« Cette coquille est bien voisine de l'Àuricule
« coniforme, mais elle se caractérise constamment
« d'une manière si tranchée, que nous ne pensons
« pas qu'on la confonde avec elle. Sa taille est pe-
« tite; elle est de forme ovalaire, conique, plus
« large à la base que la plupart des Conovules,
« parce que son ombilic, fortement évasé, occupe
« un assez grand espace; la spire est courte, ré-
« gulièrement conique, formée de huit à neuf
« tours très-rapprochés ; l'ouverture est longitu-
« dinale , fort étroite postérieurement , un peu
« plus évasée antérieurement. La columelle pré-
ce sente quatre plis, dont les inférieurs sont les
ce plus gros, le bord gauche n'est sensible qu'à la
« base de la columelle; il se renverse au dessus
« de l'ombilic en le laissant ouvert ; le bord droit
ce est tranchant, s'épaississant un peu en dedans;
ee il est chargé vers l'ouverture de quatre ou cinb
ce dents assez saillantes, il n'est pas strié. Toute
ce la coquille est lisse , polie , de couleur blanc
ce bleuâtre, interrompue par quatre ou cinq zo-
cc nés brunes , régulières et transverses. »
Nous ajouterons que cette espèce présente pour
la forme une variété plus allongée , dont l'ombi-
lic est quelquefois apparent , et une autre qui va-
rie beaucoup pour sa coloration. Il est des indi-
vidus tout blancs; d'autres fauves avec des fascies
de la même teinte; d'autres, et c'est le plus grand
nombre, avec trois larges bandelettes brunes sur
168 ZOOLOGIE.
le dernier tour, qui est chamois. Toute la spire
est d'un brun rougeâtre; mais les quatre plis de
la columelle et les dentelures du bord droit ne
varient jamais et caractérisent fort bien cette es-
pèce, quelles que soient ses diverses nuances.
Dans son extension , l'animal dépasse sa co-
quille. Ses tentacules sont fusiformes, pointus,
presque noirs. Sa tête assez grosse est brune; sa
bouche s'allonge pour former un petit mufle sé-
paré du pied par un très-léger sillon. Ce dernier,
plane , allongé, bifurqué en arrière, offre en avant
l'indice d'un sillon transverse, comme l'espèce
précédente. La bouche, dans ses mouvements de
dilatation, a la forme d'un écusson en cœur bordé
de noir. Nous avons figuré tous ces détails très-
grossis.
La couleur de ce Mollusque est légèrement
rougeâtre. Nous l'avons trouvé en très -grand
nombre au havre Carteret de la Nouvelle-Irlande,
non loiu du rivage. Il existe aussi à la Nouvelle-
Guinée. Ces animaux sont assez agiles et se meu-
vent beaucoup par un temps pluvieux.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur des coquilles de 5 -£ à 7
Epaisseur i
MOLLUSQUES. if,o
AURICULE AUSTRALE.
Auricula australis , nob.
PLANCHE l3 , FIGURES 34"38.
Auricula , testa turriculata , ovoidea , lœvi , vi-
rescenti; brunneo-fasciata ; spira conica elongata,
apice erosa ; columella biplicata.
Au premier aspect on prendrait cette espèce
pour un petit Bulime; elle est ovoïde, allongée, à
spire conique, obtuse, à cinq ou six tours, dont le
premier est toujours rongé, et le dernier fort
grand , ventru. L'ouverture est étroite , subovalaire;
la columelle a deux plis écartés, le postérieur plus
développé et plus tranchant. Le bord droit est
lisse. L'ombilic est presque entièrement caché par
la columelle. Cette coquille est plus ou moins
grossièrement striée en long , recouverte d'un épi-
derme épais. Vivante, elle est verdâtre, sale ou
brune , avec des fascies noirâtres , qui varient de
trois à cinq. Pour les bien voir il faut les plonger
dans l'eau. La bouche est d'un violet foncé et le
péristome généralement blanchâtre.
L'animal est médiocrement grand; ses tentacu-
les , fusiformes, peu aigus, sont quelquefois très-
170 ZOOLOGIE.
renflés, bruns, annelés de noir; les yeux sont
placés à leur base interne. Le mufle est allongé, le
pied ovalaire un peu pointu, sans bifurcation :
ces parties sont d'un brun foncé , excepté le bord
du pied qui est d'une teinte plus claire.
Les individus qu'on trouve au port Western
ont les tentacules beaucoup plus gros et dilatés
vers leur milieu. Ceux de la terre de Van Dié-
men nous ont paru d'une taille un peu plus grande.
Ces deux localités, peu distantes l'une de l'autre,
appartiennent à la Nouvelle-Hollande.
Ces Mollusques habitent par milliers les plages
saumâtres couvertes d'arbrisseaux, au milieu des-
quels ils se plaisent; aussi ne les rencontre-t-on
pas partout. A Hobart-Town il faut les chercher
le long des fossés qui séparent les cultures du
bord de la mer; ils vivent avec notre genre Am-
pullacère. Au port Western , c'est au milieu de
l'île aux Anglais qu'on les trouve, là où la mer
forme comme une petite rivière.
DIMENSIONS.
lignes.
6
Épaisseur 3
Longueur 6
MOLLUSQUES. 171
AURICULE ALÊNE.
Auricula subula , nob.
PLANCHE l3, FIGURES Zç)-^Q.
Auricula, testa ovato-conica ; apice acuta, lœvi,
luteo-fulva; apertura ovali, alba; columella tri-
plicata.
Cette Auricule a quelques rapports pour la
forme et la petitesse avec Y Auricula myosotis de
nos contrées. Elle est turriculée, ovalaire, comme
pointue aux deux extrémités, mais beaucoup plus
vers la spire, qui est aiguë , à cinq ou six tours obli-
ques, bien espacés, dont le dernier est olivaire.
Il est marqué d'un petit sillon, ou plutôt d'une
dépression transversale en arrière. L'ombilic n'est
point apparent.
Cette coquille est lisse, blanche , recouverte
d'un épiderme assez épais d'un jaune tirant sur le
fauve et brillant comme un vernis.
Elle habite le havre Carteret, à la Nouvelle-Ir-
lande. Nous n'en connaissons point ranimai.
172 ZOOLOGIE.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur 7
Épaisseur 2
AURICULE OREILLETTE.
Auricula aurilac.ea , Fér.
PLANCHE l3, FIGURES ^l-fa.
Auriculciy testa solida, cylindracea, apice acuta,
lœvi, alba ; apertura subovali; columella lœvi-
gata.
Cette Auricule a la forme et l'épaisseur d'une
Tornatelle. Elle est cylindrique , à spire allongée,
brusquement pointue et très-aiguë. On compte
six ou sept tours, dont le dernier l'emporte de
plus du double sur tous les autres réunis. L'ou-
verture est allongée , ovalaire, plus large en avant
qu'en arrière. Le bord droit est lisse , un peu
tranchant; le columellaire un peu évidé à sa base,
lisse et sans pli. Mais ce défaut de dent pourrait
MOLLUSQUES. 173
bien tenir à ce que notre individu a un peu souf-
fert; car un autre, que nous avons vu dans la
collection de M. de Férussac, et qui provient de
la baie des Chiens-Marins, a une dent à la colu-
melle. L'ombilic n'est point apparent.
Cette coquille est lisse et uniformément blan-
châtre. Il est probable que, vivante, elle est pour-
vue d'un épidémie qui peut lui donner une
autre couleur; mais sa forme la fera toujours re-
connaître. Nous n'en connaissons point l'animal.
Elle provient de l'île Guam.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur 8
Epaisseur 3
AURICULE A COTES.
Auricula costata , nob.
PLANCHE l3, FIGURES fô-ffi.
Auricula, testa ovata, subglobosa, rufula,for-
titer longitrorsum costata; spira brevi; columella
triplicata.
74 ZOOLOGIE.
Cette très-petite espèce a la forme d'une harpe
en miniature. Elle est globuleuse , un peu ovoïde,
à spire courte, arrondie, pointue seulement à
son sommet; formant cinq à six tours, dont les
premiers sont très-serrés, le pénultième plus large,
et le dernier trois fois plus grand que l'ensemble.
Tous sont couverts de côtes longitudinales, pro-
fondes et arrondies. L'ouverture est oblongue,
plus large en avant, où elle s'arrondit; elle a des
rapports avec celle de la grande Auricule Midas ,
c'est-à-dire que le bord droit est épais, un peu
fléchi en dehors vers sa terminaison en arrière.
La columelle porte trois plis bien distincts sur
les quatre individus que nous possédons. Leur
couleur est un jaune ferrugineux fort clair, un
peu plus intense sur le sommet des côtes.
Cette Auricule, dont nous ne connaissons point
l'animal, provient du havre Carteret, à la Nou-
velle-Irlande.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur 4
Epaisseur 2
MOLLUSQUES. i7û
.»
Genre PYRAMIDELLE. — Pjramidella , Lam.
PYRAMIDELLE VENTRUE.
Pyramidelia ventricosa , nob.
Gtiérin, Magasin de Conchyliologie, i'e livraison.
PLANCHE 65, FIGURES 3-7.
Pyramidelia, testa ovato-turrita , ventricosa,
apice acuta, longitrorsum tenuissime striata, sub-
eœrulea, marmorata, flammulata; ultimo an-
fractu longo; vittis fuscis cincto ; labro margine
intus albo, infundo striato yel denticulato.
A chaque pas qu'on fait dans l'étude approfon-
die des Mollusques , si on saisit des rapports pro-
pres à éclairer une classification, on en trouve
aussi d'autres fort embarrassants pour les métho-
des auxquelles se ploient difficilement les orga^
sations si diverses de ces animaux. Les Pyra,;^'-
delles, qui donnent lieu à cette observation, scOt
dans ce cas : voisines par la coquille des Auricules
et surtout des Tornatelles , qu'on ne connaît pas
176 ZOOLOGIE.
encore bien *, elles en diffèrent par les formes
extérieures, par la présence de l'opercule, et sur-
tout par la disposition de l'organe pulmonaire , qui
est une vraie blanchie. Elles ne peuvent donc
que former un groupe particulier, voisin cepen-
dant des Auricu lacés.
Ce sont des animaux marins très-timides, dont
le lent développement nous a donné d'autant
plus de peine à saisir que, sur des centaines d'in-
dividus, nous n'avons pu nous en procurer que
trois de vivants.
Le pied est arrondi , sans sillon marginal, se
rabattant en avant en forme d'écusson auriculé,
portant postérieurement un opercule ovalaire,
membraneux, à lamelles sans spirale, ayant une
ou deux échancrures pour glisser sur les plis co-
lumellaires. Un de ces sillons se continue sur le
pied. La tète est surmontée de deux larges et assez
longs tentacules en cornet pointu, latéralement
ouverts, portant des yeux sessiles à leur base in-
terne. La bouche se trouve placée dans un mufle
aplati, large, dilaté, et assez profondément bi-
lobé, séparé du pied par une rainure. Ces parties
* N us en avons cependant une sur nos côtes qu'il paraît difficile de se
oC ar vivante. MM. Audoin et Edwards, dans' leur voyage de la Mail"
fc»e nit rencontré une Toi natelle dont ils n'ont pu étudier le développe-
B»e..t, parce que l'animal était mort, mais toutefois assez bien conservé poul-
ies autres détails de son organisai ion. Comme il porte un opercule, il est
probable que ces naturalistes lui trouveront plus de rapports avec les Pyra-
midelles qu'avec les Auricules, et que c'est un mollusque peclinibranclic
MOLLUSQl ES. 177
vues de face, ont quelque ressemblance avec la
tête d'un âne.
La cavité inspiratrice est ouverte dans toute
la largeur du manteau. Elle porte au bord droit
une Longue et étroite branchie; le cœur est par
conséquent dirigé de droite à gauche. Le rectum
et l'utérus, accolés l'un à l'autre, longent la bran-
chie, et donnent dans une gouttière en forme
d'auricule produite par le bord du manteau. Les
follicules qui. sécrètent la mucosité tapissent la
paroi supérieure de la cavité. Nos observations
anatomiques se sont à peu près bornées là, et
lorsque nous avons voulu les reprendre , ces Mol-
lusques étaient tellement racornis par la liqueur,
qu'en ouvrant l'abdomen nous n'avons pu distin-
guer qu'un gros organe cylindrique, gélatineux,
ayant à son côté , et au dessus de l'œsophage , un
autre corps plissé en zig-zag. Tous deux doivent
probablement appartenir à la génération, indice
que les sexes seraient réunis en hermaphrodisme
insuffisant, ce qui serait encore fort singulier pour
ce genre.
La couleur de tout le corps est blanc mat. L'o-
percule et le bord seul du manteau sont jau-
nâtres.
L'animal de la Pyramidelle tachetée (pi. 6&,
fîg. i — %) est en tout semblable à celui de la
Ventrue. Il faudrait avoir examiné un beaucoup
plus grand nombre d'animaux pour s'assurer si
Zoologie, t
■->
11
178 ZOOLOGIE.
la place de la branchie à droite est constante, ce
que nous n'avons encore rencontré que dans un
assez petit nombre de Mollusques, comme les
Ampullaires, les Paludines, etc.
Ce n'est qu'après un examen bien attentif fait
sur un grand nombre d'individus, tous parfaite-
ment semblables, que nous nous sommes décidés
à regarder cette Pyramidelle comme une espèce
distincte , quoique nous ne dissimulions pas
que par des passages on arrive fort près de la
Tachetée , comme nous nous en sommes assurés
dans la collection de M. de Férussac. Mais il est
une limite qu'on peut saisir et des caractères dif-
férents que possède seule l'espèce nouvelle ;
comme, par exemple, d'être plus courte, plus brus-
quement pointue , d'avoir les tours plus allongés ,
les sutures plus profondes , mieux marquées ; l'ou-
verture moins dilatée et plus allongée, toujours
sillonnée, denticulée dans sa profondeur et sur le
bord droit, qui est blanc, ce que n'offre pas la Ta-
chetée. Enfin, au lieu d'être ponctué, son sommet
est marbré, barriolé en long de brun et de bleuâ-
tre; et sa base, cerclée de bandelettes brunes, s'é-
largit sur le dernier tour, qui en a trois. Le
contour extérieur de la columelle et du bord droit
est jaunâtre.
Cette Pyramidelle habite l'île de Vanikoro, où
se trouve également et en grand nombre l'espèce
MOLLUSQUES. 179
plissée, et moins communément la tachetée. Elles
nous étaient apportées par les naturels , de sor-
te que nous n'en connaissons point la localité
précise ; mais c'est clans l'eau de mer que nous
étudiâmes leur développement.
lignes.
Longueur 1 4
Épaisseur 5 i
12'
180 ZOOLOGIE.
Genre CYCLOSTOME. — Cyclostoma, Lamk.
CYCLOSTOME JAUNE,
Cyclostoma lutea , iioh.
PLANCHE 12, FIGURES 11-12.
Idem, variété, figures i3-i4-
Cyclostoma, testa veutricoso-conica , umbili-
cata , diapliana, lutea - virescenti ', tenuissime
striata; spira acuta; anfractibus quaternis et ses-
qui;labro lato, reflexo , tantisper interrupto.
Varie tas , minima; m agis stria ta.
Cette espèce, d'assez petite taille, a la forme du
Cyclostome multilabre. H est ventru, à spire courte,
conique et pointue; le dernier tour porte une très-
petite carène. Tous sont marqués de stries fines,
transversales et tremblées, qu'on ne peut bien voir
qu'a la loupe; elles sont croisées par d'autres lon-
gitudinales et obliques. L'ouverture est grande, à
péristome large, rebordé, tranchant, assez ordi-
nairement interrompu en arrière. L'ombilic est
étroit. Vivante, cette coquille est d'un jaune ver-
MOLLUSQUES. 181
dâtre clair; morte, elle devient blanche et trans-
lucide lorsqu'elle a perdu son épiderme. La bou-
che est blanche.
L'animal a deux longs tentacules pointus, rou-
geâtres , portant des yeux noirs à leur base et
en dehors. Le mufle est assez long , de cou-
leur blanche, de même que le pied, qui est aplati,
pointu et dépassant de beaucoup la coquille en
arrière. Il porte vers son milieu , en dessus , une
languette charnue, s:ir laquelle repose un oper-
cule arrondi , membraneux , muîtispiré, dont les
tours sont entrecoupés.
La variété, plus petite, est plus profondément
striée.
Ces Cyclostomes habitent le havre Carteret, à
la Nouvelle-Irlande. On les trouve aussi à Bou-
rou, dans lesMoluques. Un, entre autres, était pi-
queté de rougeâtre , avec une bandelette de la
même couleur sur le dernier tour. Peut-être n'est-
ce pas la même espèce , malgré la ressemblance
de forme.
1)1 IIENSIONS.
lignes
Longueur 7
Épaissi m- , G
182 ZOOLOGIE.
CYCLOSTOME DE CARTERET.
Cyclostoma Novce Hiberniœ , nob.
PLANCHE 12, FIGURES l5-IC).
Cyclostoma, testa minima, ventricoso-conica ,
perfbrata, apice acuta, longifrorsum striata, ru-
fula ; spira virescenti, anfractibus quinis et ses-
qui ; apertura dilatata, tantisper reflexa.
Espèce plus petite que la précédente, de même
forme, mais s'en distinguant par son manque de
carène et de stries transverses. Il n'en existe seu-
lement que de longitudinales et obliques. L'ouver-
ture est grande , complète , à péristome évasé,
à peine rebordé. La couleur est d'un rougeâtre
orangé, tirant sur le fauve sur le dernier tour,
tandis que l'extrémité de la spire est verdâtre.
L'animal est court, à pied ovalaire , dépassant
peu la coquille; les tentacules sont gros, courts,
obtus ; toutes ces parties sont légèrement rou-
geâtres. L'opercule est calcaire, arrondi et multi-
spiré.
Ce Cyclostome habite le havre Carteret , à la
Nouvelle-Irlande.
MOLLUSQUES. IS3
m: M 1 . NM UN s.
lijînc..
Longueur 5
Épaisseur ft
CYCXOSTOME MULTIIABRE.
Cyclostoma multilabris .
Lamarck. An. s. v., t. VI, %e part., page i/,8, n° 25.
PLANCHE 12, FIGURES 20-22.
-
Çyclostoma , testa ventricoso-conica , perforata,
diaphana, cinerea, apice cœrulescente; ultimo an-
fractu, striis quinqueacutisprominentibusasperato;
spira brei'i, acuta; labro margine reflexo , postice
marginibus pluribus antiquis subimbricato. (Lk.)
Notre individu , que nous ne figurons que pour
faire connaître son animal , est une variété du
Multilabre, dont les carènes sont à peine sail-
lantes. Vivant, il est marqué de bandes brunes
transverses , séparées par d'autres plus étroites
184 ZOOLOGIE.
et jaunes, qui sont celles qui répondent aux ca-
rènes. Le péristome est blanc.
Ce caractère spécifique de Multilabre n'est pas
bon , car plusieurs espèces accroissent ainsi le
bord de leur ouverture, ce que n'offre pas notre
individu , bien qu'il soit en tout ressemblant au
Multilabre.
L'animal a le mufle gros, allongé , carré ; les
tentacules longs , pointus : ces parties sont rou-
geâtres. Le pied est très-long, pointu, jaunâtre
en dessus , avec une tacbe lancéolée brune. L'oper-
cule est membraneux, multispiré et rougeâtre.
On le trouve au port Dorey, à la Nouvelle-Gui-
née. Est-il bien sur que celui que M. de Labil-
lardière a donné à M. de Lamarck provient de la
Nouvelle-Hollande ?
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur 5
Epaisseur 4
MOLLUSQUES. 185
CYCLOSTOME PAPOU A.
Cyclostoma Papua , nob.
PLANCHE 12, FIGURES 23-20.
Cyclostoma, testa orbiculari, planulata , subtus
profit ride umbdicata, lœvi; albida, flammis rubro-
castaneis ornata; apertura intégra, rotunday
vix reflexa; anfractibus quaternis.
Jolie espèce, planorbique, lisse, dont la spire
peu élevée a ses tours bien arrondis , espacés , le
dernier très-grand , cylindrique à sa terminaison ,
comme l'indique son ouverture , qui est entière, à
péristome fort peu évasé , à peine réfléchi. Les
sutures sont linéaires et profondes. L'ombilic , lar-
gement évasé et profond , permet de voir tous les
tours, qui sont parfaitement évidés.
Le fond de cette coquille est blanchâtre , cou-
vert de flammes transverses et pressées rouge-
brun, qui, sur le dernier tour, forment un
cordonnet irrégulier. L'ouverture est d'un blanc
bleuâtre.
Nous ne connaissons point l'animal île ce Cyclos-
tonif , qui habite le port Uorey, à la Nouvelle-
< ruinée.
186 ZOOLOGIE.
DIMENSIONS.
lignes.
Diamètre 8
Epaisseur.
CYCLOSTOME CANNELÉ.
Cyclostoma striata, nob.
PLANCHE 12, FIGURES 2y-3o.
Cyclostoma, testa longe turriculata, cyliadra-
cea,fulva longitrorsum valde canaliculata ; aper-
tura subovali.
Ayant perdu cette coquille après l'avoir dessi-
née, elle sera du petit nombre de celles que nous
ne pouvons reproduire. Ce n'est que par l'ensemble
de la forme de l'animal que nous en faisons un
Cyclostome , car l'ouverture de la coquille est plu-
tôt celle d'une Hélice. Elle est turriculée , longue
de trois lignes, cylindrique, à spire grosse vers la
pointe , qui est tronquée ; les tours , au nombre de
six ou sept, sont un peu obliques ; le dernier, le
MOLLUSQUES. 187
plus grand de tous ; ils sont chargés de cannelures
profondes , longitudinales. Le péristome est épais
sans être rebordé. La couleur de ce Cyclostome
est jaunâtre tirant sur le fauve.
L'animal fait une grande saillie hors de son en-
veloppe. Il a un mufle arrondi , échancré en avant,
prodigieusement long ; les tentacules sont co-
niques, médiocres, portant les yeux à leur base
externe. Le pied est court. Son opercule , non mul-
tispiré comme dans les espèces précédentes , est
ovalaire pour s'accommoder à l'ouverture , et pauci-
spiré. Il existe une rainure longitudinale entre le
pied et le cou du côté gauche. Ce Mollusque, que
nous avons figuré un peu grossi et dans la posi-
tion qu'il prenait assez souvent , est à peu près de
même couleur que sa coquille. Le dessus de la tête
est de plus réticulé de jaunâtre.
Habite l'île de Vanikoro. Il y est rare, et on le
trouve sur les feuilles.
JSS ZOOLOGIE.
CYCLOSTOME FRANGÉ.
Cyclostoma fimbriata.
Lamarck. An s. v., t. VI, 2e part., page 148, n° 24.
PLANCHE 12, FIGURES 3l-35.
Cyclostoma, testa ventricoso-cojioidea, subper-
J'orata, transversim striata, albido lutescente,
fusco cincta ; anfractuum rnargine superiore pli-
cis Jîmbriato ; spira brevi, acuta; apertura lutea.
C'est du Cyclostome frangé de M. de Lamarck
que cette espèce se rapproche le plus , bien qu'elle
n'ait pas ses sutures cannelées , comme l'indique
la phrase caractéristique. Il a encore des rap-
ports avec le Cerclé du même auteur; mais il n'a
point de stries transverses. Dans tout son déve-
loppement, cette espèce, longue de huit lignes,
est conique , ventrue, à spire un peu aiguë, dont
les tours sont arrondis. L'ombilic n'est ouvert que
dans le jeune âge. Assez communément sa couleur
est d'un jaune clair tirant sur le rougeâtre. Quel-
quefois elle est tachetée de bleuâtre , comme dans
l'individu que nous avons figuré. Le dernier tour
est marqué d'une bandelette brune ou rougeâtre.
MOLLUSQUES. l.sïJ
L'animal ressemble assez à eelui de notre Cyclos-
tome élégant 3 sa tête, son mufle et ses tentacules
sont d'un brun violacé. Ces derniers sont comme
tremblés sur leur longueur. Les côtés du pied
sont jaunâtres. L'opercule est arrondi , avec une
petite pointe, et paucispiré.
Ce Mollusque est très-commun à l'Ile-de-France.
On le trouve, dans les mois d'octobre et novembre,
caché sous les pierres qui avoisinent les bords de
la mer. Au Mapou il y en a beaucoup.
Les individus décrits par M. de Lamarck sont
indiqués venir de la Nouvelle-Hollande. Est-ce bien
vraiment de cette localité ?
CYCLOSTOME A TENTACULES ROUGES.
Cyclostoma rubcns , nob.
PLANCHE 12 , FIGURES 36-OQ.
Cyclostoma, testa turrita, conica, perforata,
cari/iata, apice acuta, oblique striata, lutea ru-
bro variegata; apertura subrotimda, alba; an-
fractibus se/iis.
190 ZOOLOGIE.
Très - petite espèce régulièrement conique , à
spire prolongée pointue, que l'on prendrait bien
certainement pour une Hélice , sans la connais-
sance de l'animal. Son dernier tour est un peu
ventru, caréné; son ouverture est légèrement ova-
laire, à péristome blanc non continu, et quelque-
fois rebordé dans le très -jeune âge. L'ombilic est
étroit, formé par un canal bordé d'une petite arête.
Cette coquille est obliquement striée , comme
plissée à sa base. Elle est d'un jaune verdâtre
varié de rouge ou de rosé au milieu de la spire ;
le dernier tour est pourvu d'un petit ruban rou-
geâtre. Après la mort, le jaune devient plus clair.
L'animal a le mufle allongé, pourvu d'un petit
chaperon près du bord. Ses tentacules sont longs,
cylindriques, d'un rouge vif, portant de gros yeux
noirs à leur base. Le pied est assez long, d'un vert
jaunâtre ; il règne un petit rebord charnu sur
toute sa longueur. L'opercule est membraneux ,
paucispiré et un peu pointu.
Ce Cyclostome habite l'Ile-de-France. Nous ne
l'avons trouvé que vers le sommet de la mon-
tagne du Pouce, sur les arbres et dans les lieux
un peu humides.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur 4
Épaisseur i. \
MOLLUSQUES. 191
CYCLOSTOME A BANDEAU.
Cyvlosloma erosa , nob.
»
PLANCHE 12, FIGURES 4o~44-
Cyclostoma, testa turrita, conica , perforata ;
apice acuta, ultimo anfractu semper erosa, vio-
lacea , aut rubra ; spira luteola ; apertura rubeola ;
péris tomate simplici, integro , subovali; umbilico
canaliculato.
Petite espèce, de même forme, mais un peu
plus grande que la précédente, conique, à spire
pointue, dont les tours, au nombre de cinq et demi,
sont arrondis à sutures profondes; le dernier, qui
est aussi grand que tous les autres ensemble, est
un peu ventru et constamment couvert de rugo-
sités obliques, qu'on ne voit bien qu'à la loupe.
Elles effacent en partie une carène, qu'on aper-
çoit cependant près de l'ombilic. Celui-ci est en
fente demi-circulaire, et limité en dehors par un
bourrelet. L'ouverture est demi - circulaire , un
peu anguleuse en arrière. Le péristome est simple
et continu. Ces dernières parties sont rosées.
Cette coquille est rougeâtre ou violacé sombre
192 ZOOLOGIE.
à sa base, jaunâtre au sommet avec de petites
flammules rougeâtres.
L'animal porte un mufle assez long d'un jaune
clair, surmonté d'une ligne violette en chevron
brisé en avant des tentacules. Ces derniers sont
gros, courts, et portent à leur base, sur un petit
renflement, dés yeux noirs et volumineux. Le pied
est de la même couleur que la tête. L'opercule
est membraneux, paucispiré.
Ce Mollusque habite l'île Guam , une des Ma-
rianes. Il n'y est pas très - répandu , car il nous
avait échappé dans notre premier voyage.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur 4
Épaisseur 2
MOLLUSQUES. iî)3
Genre HÉLICINE. — Helicina , Lamk.
HELICINE FLAMMÉE.
i
Helicina flammea , nob.
PLANCHE 12, FIGURES 1-5.
Helicina, testa globoso-conoidea, minima,
striata, subalbida , flammis rubris convertis or-
nata; péris tomate crasso, tantisper reflexo.
Très-petite espèce , de deux lignes et demie de
diamètre, globuleuse, subdiscoïde, à spire coni-
que, un peu élevée , ayant quatre à cinq tours ar-
rondis, striés et couverts de flammes brun rouge,
en ziz-zag et très -pressées. L'ouverture est sur-
baissée, demi-circulaire , à péristome un peu re-
bordé; et cela jusque dans les individus les plus
petits.
L'animal est très-long, à pied étroit, légèrement
tronqué à sa pointe. Les tentacules sont fusiformes,
pointus. Ces parties sont d'un blanc jaunâtre. La
forme de l'opercule nous a échappé. 11 n'est même
pas indiqué dans le dessin , ce qui tenait à ce qu'il
était très-probablement caché sous la coquille.
Zoologie, t. ii. i3
IU4 ZOOLOGIE.
Ce Mollusque habite l'île de Tonga. Nous le
trouvions sur les arbres. Les coquilles mortes per-
dent leur jolie couleur rouge et deviennent en-
tièrement blanches.
HÉLICINE RUBANEE.
Helicina tœniata , nob.
PLANCHE 12, FIGURES 6-IO ,
et variété planche ii , figures 34-38.
Helicina, testa discoidea, tenuiter striata, ca-
rinata, desuper paululum conoidea, subtus inflata,
alba, rubro cincta; apertura semilunata; peri-
s tomate subreflexo; columella unidentata.
Varietas, minima, globosa, rubra, albo uni
vel bicincta.
Cette Hélicine est d'assez petite taille. Le plus
grand nombre des individus ne dépassent même
pas celle de l'espèce précédente. Un seul qui nous
a servi de type a quatre lignes et demie de diamètre.
Il est discoïde , à spire peu élevée , conique , dé-
crivant quatre tours et demi, dont le dernier est
excessivement grand et fortement caréné. Le des-
MOLLUSQUES. EOS
sous de la coquille est très-bombé, sou ouverture
médiocre, semi-lunaire, un peu ovale, àpéristome
simple, blanc et très- légèrement rebordé. La co-
lumelle, très-déprimée, en rejoignant le bord gau-
che forme une petite dent à sa base. Le fond du
têt est d'un blanc jaunâtre ceint d'une bandelette
iVun rouge de laque.
La variété, plus petite et globuleuse, a deux ou
trois bandelettes , ou bien est entièrement rouge
brun, avec un cercle jaunâtre. Enfin il est des in-
dividus tout jaunes. Un caractère qui ne varie pas,
mais qui n'existe que sur le vivant, est une tache
blanche vers le bord droit de l'ouverture , qu'au
premier abord on pourrait prendre pour un pli.
L'animal a un mufle allongé, cylindrique, bien
distinct du pied par une rainure transverse et par
une autre longitudinale dans le sens du cou. Les
tentacules sont fusiformes , annelés de brun. Le
pied est médiocre, pointu. La tête est rougeâtre
en dessus et jaunâtre sur les côtés, ainsi que le
pied. L'opercule est membraneux, un peu pointu,
à éléments concentriques et de couleur jaune.
Cette Hélicine habite Vanikoro. Nous ne l'avons
trouvée que sur la petite île de Vanoun-ha. Elle
y était très-commune , après la pluie, sur les arbres.
La variété de la planche 1 1 se trouve à Tonga ,
près de Bea.
i3"
196 ZOOLOGIE.
Genre AMPULLACÈRE. — Ampullacera, nob.
Animal spiral globuleux, renflé, à pied court,
quadrilatère, avec un sillon marginal antérieur.
Tête large , aplatie , échancrée en deux lobes ar-
rondis portant deux yeux sessiles, sans apparence
de tentacules. Cavité pulmonaire limitée en avant
par un collier, ayant son ouverture au bord droit;
bouche membraneuse. Les deux sexes réunis.
Coquille assez épaisse, globuleuse, ventrue,
profondément ombiliquée, à ouverture ronde ou
oblique, les bords réunis; spire courte, mais sail-
lante.
Opercule membraneux, mince, à stries obli-
ques, paucispiré, portant quelquefois un talon.
AMPULLACERE AVELINE.
Ainpullacera avellana.
Ampullaire aveline. Lamarck. A. s. v. , l. VI , ie part,
page 179, n° 9.
Bulimus avellana. Brug. Dicl. , n° 1.
Hélix avellana. Gml. Moll. , p. 36/jo, 110 181.
MOLLUSQUES. 197
Nerita iiu.r avcllana. Martini, pi. 188, li^. 1810., 189.0.
Lunax crcnata. Martyn , %. 6g.
PLANCHE l5 , FIGURES I , 8 ,
et 9 , variété clans la coquille.
Ampullacera , testa suborbiculata , globosa,
vaille perforata; crassiuscula , longitudinaliter
rugosa, Joliacea, glauca aut luteo-fuscescente ;
anfractibus quinis , ultimo superne angulato , sub-
carinato; spira brevissima, obtusa; apertura obli-
qaa ■ , subovali, violacea, dextrorsum marginata;
péris tomate albo,foris inflexo.
Varietas , testa minima, flavescenti, rugosiore ;
spira acuta.
Il n'est pas étonnant que cette coquille et la
suivante aient été placées parmi les Ampullaires,
avantqu'on connût leur animal. En effet, rien n'y
ressemble davantage. Nous y fûmes pris aussi nous
d'abord, et ce n'est qu'en dessinant et étudiant
avec soin ces Mollusques que nous vîmes qu'ils
étaient pulmonés, par conséquent que toute leur
organisation devenait différente de celle des Am-
pullaires. Voici ce que présente celui de J'Arn-
pullacère Aveline.
Le pied est grand , transverse, jaunâtre, séparé
de la tète par un sillon. Celle-ci a la forme d'un
cbaperon divisé en deux lobes arrondis, dépour-
vus de tentacules, et portant deux très-petits yeux
198 ZOOLOGIE.
sessiles sur un fond d'un assez beau jaune. En ar-
rière est un collier assez bien formé par le bord
du manteau , qui ne laisse au côté droit qu'un
trou rond pour l'entrée de l'air, et offre un peu
plus en dehors l'ouverture de l'anus sur un pé-
dicule saillant, bifurqué , comme dans l'Auricule
Midas. Ces parties ainsi que celles que cache la
coquille sont d'un brun foncé.
La cavité pulmonaire est grande , et porte sur
son plancher un large organe dépurateur, folli-
culeux, dont on voit très-bien l'ouverture sur un
très-court pédicule antérieur. Le cœur lui est ac-
colé en arrière , et l'on distingue au travers le
pigmentum noir, dont le plancher est recouvert ,
une grosse veine qui vient du collier et côtoie le
rectum. Après avoir enlevé la cloison qui sépare
l'abdomen, on trouve l'œsophage recouvert de
deux glandes salivaires , linéaires et fixées par
leurs extrémités. L'estomac ne s'en distingue
point , de sorte qu'il donne dans un gésier glo-
buleux, musculeux et nacré comme celui d'un
oiseau, contenant dans son intérieur quatre pe-
tites dépressions ou fossettes. L'intestin qui en
sort, après avoir reçu les canaux du foie qui l'en-
veloppe , se termine par le rectum sans circonvo-
lutions apparentes. La bouche est petite et mem-
braneuse.
Plus en dehors , on voit l'organe excitateur
s'ouvrant près de l'œil droit , au lieu où serait le
tentacule du même côté. Il a en arrière un muscle
MOLLUSQUES. 1 99
protracteur et un long canal tortillé. Nous n'avons
pu nous assurer , tant ces parties sont délicates ,
si ce canal fait suite et se continue avec un sem-
blable beaucoup plus long, qui enveloppe le tes-
ticule placé près du gésier.
A la droite du pénis est l'utérus, très-renflé en
arrière où il reçoit l'oviducte, qui vient en ser-
pentant de l'ovaire, lequel occupe la partie posté-
rieure du tortillon.
Ainsi voilà bien un Mollusque respirant l'air en
nature, quoiqu'il vive dans les mares, possédant
les deux sexes réunis, mais étant cependant her-
maphrodite insuffisant. Il est apathique, ne fait
que peu de saillie hors de sa coquille, dans la-
quelle il rentre profondément au moindre con-
tact. Nous le trouvions à demi enfoncé dans le
sable vaseux , sous quelques pouces d'eau sau-
mâtre, son ouverture pleine de terre.
Cette espèce n'a encore été trouvée qu'à la Nou-
velle-Zélande. Elle est commune dans certaines
localités. Les plus gros individus ont donné leur
nom à une plage de l'anse de l'Astrolabe , dans la
baie Tasman. Nous trouvions les plus petits, dans
une autre anse peu éloignée, entassés devant les
cabanes des naturels, qui les mangent. Ces deux
variétés sont bien distinctes, et ne nous ont pas
paru vivre ensemble. On en rencontre encore ,
mais plus rarement, à la baie des îles sur les bords
de ce qu'on nomme la rivière Kaoua-Kaoua.
200 ZOOLOGIE.
La grande variété, qui était inconnue, a la spire
moins pointue ; son ouverture est d'un beau violet
très-foncé, qui passe au brun après la mort. Ses
stries longitudinales sont moins profondes. L'es-
pèce de carène qu'on voit sur le dernier tour forme
un canal dans l'intérieur qui aboutit à l'échancrure,
et qui doit probablement être produit par la saillie
que fait le rectum. Enfin sa couleur est d'un ver-
dâtre glauque. L'opercule est membraneux , ova-
laire, couleur de terre de Sienne, à stries obliques,
avec un indice de commencement de spire. 11 ne
clôt pas complètement l'ouverture comme celui
des vrais Ampullaires.
La variété, plus petite, est celle qu'on connaissait
dans les collections, et qu'a figurée Martyn. Elle
est plus légère, sa spire est plus aiguë, ses stries sont
plus profondes, davantage espacées et foliacées.
Sa couleur est jaunâtre. Mais les dessins qui en
ont été faits ne la présentent que polie et usée en
partie. La rupture de ses bords plus fragiles fait
facilement disparaître son échancrure, qui est
un caractère si remarquable que nous l'aurions
donné comme spécifique de cette espèce, si déjà
elle n'avait eu un nom généralement adopté.
DIMENSIONS.
pouces, lignes.
Diamètre transverse des plus grosses.. i 9
Idem de la variété . 11
MOLLUSQUES. 201
AMPULLACERE FRAGILE.
Ampullacera fragilis.
Jmpullnirc fragile , Lamarck , A. s. v. , t. VI , -±e part. ,
page 179, n° m.
PLANCHE IJ, FIGURLS IO-I2 ,
et i3-i6, variété dans la coquille.
Ampullacera, testa semiglobosa, wnbilicata r
pellucida, tenuissime striata, gris eo- corne a , flarn-
mis undulatis ornata; spira acuta ; anfractibus
senis ; apertura semilunata.
Varietas, testa maxima, squalide cœrulea,
vitta violacea cincta; spira obtusiuscula.
Cette espèce tient encore pins des Ampullaires
pour la coquille que la précédente. Elle est ex-
trêmement petite, à ouverture presque ronde, à
spire élevée, pointue, formant de cinq à six tours.
Elle offre de nombreuses variétés de coloration.
La plus élégante est un fond jaunâtre traversé de
deux bandes brunes , couvertes longitudinalemcnt
202 ZOOLOGIE.
de zigzags réguliers très - pressés de la même
teinte. Ces lignes sont plus ou moins apparentes
et étendues. Des individus sont jaunâtres , d'au-
tres sont rubanés comme dans la famille des Am-
pullaires.
Nous ramassions à pleine main cette variété sur
les plages herbeuses et saumâtres de la rivière des
Anglais, du port du Roi-Georges, à la Nouvelle-
Hollande. C'est sans doute de ce lieu que Pérou
l'avait rapportée. Elle se trouve aussi, mais rare-
ment , à l'île de Van-Diemen. En longueur et en
largeur elle a cinq lignes.
C'est dans ce dernier lieu que nous recueillîmes
la variété plus grande , qui mesure huit lignes
dans ses deux diamètres. Elle est très-ventrue, à
spire obtuse, grossièrement striée, d'un bleuâtre
sale, avec une bande violacée sur le dernier tour;
le péristome a aussi une teinte de la même cou-
leur. Quelques individus ont des flammes brunes
comme ci-dessus. Elle habite les bords des fossés
remplis d'eau saumâtre qui séparent les cultures,
près la ville d'Hobart - Town , à la gauche de la
rade.
L'animal est entièrement le même pour les
deux variétés , comme on peut le voir par nos
dessins. Son pied est un carré long, arrondi à ses
angles , un peu plus en avant où il est un peu en
cœur. 11 est jaune en dessus. La tète, séparée du
pied par une rainure, forme un large écusson
MOLLUSQUES. 203
aplati, découpé en cœur, d'un brun fauve, mar-
qué dans sa longueur dune bande brune , de
chaque coté de laquelle sont les yeux, entourés
d'un petit cercle brun, comme dans certaines
Bulles. Le collier et la cavité pulmonaire sont
jaunâtres, le tortillon est orpin piqueté de noir;
ce sont aussi les couleurs de l'ovaire et du foie.
L'opercule est semi-lunaire un peu allongé, mem-
braneux , brun, régulièrement paucispiré , por-
tant un onglet recourbé à sa face interne près
de la spire.
20 i ZOOLOGIE.
Genre LYMNÉE. — Lj/n/iœa, Lain.
LYMNÉE VERTE.
Lymnœa viridis, nob.
PLANCHE 58, FIGURES lti-lî).
Lji?inœa, testa ovato-longa , tenui , pellucida ,
longitrorsum striata , fusco-viridl; anfractibus
quùiis convexis; rima umbilicaliformi ; spira
acuta.
Cette espèce, que nous avons trouvée dans l'île
de Guam, a de grands rapports avec la Lyranée
voyageuse. Toutefois nos plus grands individus
n'ont que quatre lignes de longueur; ils sont d'un
brun légèrement verdâtre sur le vivant, et on
peut leur compter cinq tours de spire , caractères
qui dilférentient cette espèce de la précédente.
Elle est courte, ventrue, striée longitudinale-
ment, à ouverture large, ovalaire, dont le pé-
ristome est quelquefois entier. La columelle est
ondulée avant que de se déjeter en dehors pour
former une scissure qui simule un ombilic. La
MOLLUSQUES. 205
spire est courte, pointue, ses tours sont con-
vexes.
L'anima] est grand, à pied ovalaire allongé,
s'élargissant beaucoup , se relevant sur les côtés
dans la natation. Les tentacules sont courts, trian-
gulaires , aplatis. L'extrémité de la tête s'allonge
en un petit mufle plus ou moins élargi, bien
distinct du pied. Au côté droit est un petit bour-
relet saillant où s'ouvrent l'anus et l'organe pul-
monaire. Toutes ces parties sont verdâtres avec
des taches brunâtres.
Morte, la coquille est d'un brun clair de cou-
leur de corne.
20f.
ZOOLOGIE.
Genre PHYSE. — Physa , Drap.
PHYSE DE TONGA.
•
Physd Tongana , nob.
PLANCHE 58 , FIGURES IC)-20.
Et variétés idem, figures 21-22.
Physa, testa sinis trorsa, elongata , ventricosa,
longitrorsum striata, subpellucida , fulvo-casta-
nea; spira longa ; anfractibus obliquis quinque
vel senis.
Varietas (aut species nova) minima, seniper al-
bida vel f lava, pellucida.
Grande espèce, de onze lignes de longueur sur
cinq ou six de largeur, à spire allongée, pointue;
les tours en sont obliques , arrondis , le dernier
très-grand, ventru; tous ont une petite dépres-
sion en forme de ruban près des sutures. L'ou-
verture est assez rétrécie , ovalaire , à bord tran-
chant. Le têt est très-finement strié en long, lui-
sant, un peu translucide, d'un brun clair, pas-
sant au jaunâtre vers l'extrémité de la spire. La
base de la columelle est blanche.
MOLLUSQUES. 207
Cette coquille nous fut toujours «apportée morte
par les naturels de Tonga, de sorte que nous
ne pouvons dire quelle est sa vraie couleur dans
l'état de vie, ni connaître la forme de son animal.
Une variété qui n'a que cinq lignes de lon-
gueur, en tout semblable, est d'un blond très-clair
ou presque blanche. ISous en possédons un assez
bon nombre d'individus qui tous se ressemblent,
ce qui pourrait faire supposer que ce serait une
espèce. On sait du reste que celles de ce genre
sont aussi difficiles à bien caractériser que les
Lvmnées.
PHYSE GÉORGIENNE.
Physa Georgiana , nob.
PLANCHE 58, FIGURES lZ-l\.
Physa, testa sinistrorsa , ovato-oblonga , cor-
nea, crassa, tenuissime longitudinaliter striata;
spira brevissima , acuta ; apertura angustata, sub-
ovali.
Cette espèce se fait remarquer par sa forme
ovoïde, par sa spire très-courte, pointue, qui n'a
208 ZOOLOGIE.
que quatre à cinq tours, dont les deux derniers
sont fort grands , sans dépression , rubanée près
des sutures. L'ouverture est rétrécie, subovalaire,
son péristome épais, ainsi que toute la coquille,
qui est finement striée en long avec d'autres stries
transverses qu'on ne voit qu'à la loupe.
La couleur est d'un blond de corne. La pointe
de la spire est rougeâtre, le bord gauche de l'ou-
verture brun. Habite le port du Roi-Georges, à la
Nouvelle-Hollande.
DIMENSIONS.
li^nPS.
Longueur 6
Épaisseur 3
MOLLUSQUES. 209
Genre PLANORBE. — Planorbis , Brug.
PLANORBE DE TONDANO.
Piannrbis Tondanensis , nol».
PLANCHE 58, FIGURE 3<J.
Planorbis, testa discoidea , minima plana,
subdepressa, rubente, transversim tenuiterstriata;
apertura ampla , obliqua, subangulata.
Très-petite espèce, qui n'est peut-être qu'un
jeune âge, de deux lignes et demie de diamètre,
discoïde, plane, quoique le dernier tour soit sub-
arrondi, très -finement strié en travers, de cou-
leur rougeâtre de laque sur le vivant. Son ou-
verture, assez grande, est coupée obliquement,
subarrondie avec des indices d'angles.
Nous l'avons trouvée à Célèbes , dans le lac
de Tondano, situé sur une montagne. Nous n'a-
vons pu observer l'animal.
Zoologie, t. ir. xa
210 ZOOLOGIE.
Genre ONCHIDIE. — Onchidium Buchanam.
Peronia. (Blainville) '.
ONCHIDIE DE TONGA.
Onchidium Tonganum , nob.
Papa par les indigènes.
PLANCHE l5, FIGURES I^-lB.
Onchidium, corpore maximo, squalide luteo;
tuberculis pediculatis mamillatisque onusto; veli
margine lato.
Grande espèce, ayant de six à sept pouces de
longueur, dont le manteau , largement développé
sur ses bords, recouvre un pied qui est large aussi.
La partie supérieure du dos est jaune et couverte
de tubercules pédicules, mamelonnés, jaunâtres,
grisâtres, passant au brun assez foncé, ce qui
donne à cette Onchidie une couleur sombre. La
1 Bien que M. de Blainville ait démontré que M. Cuvier avait en tort
de donner ce nom à ce genre de Mollusques , qu'il croyait être le même que
celui découvert par Bucbanan , l'usage, probablement appuyé d'une bonne
anatomie, semble avoir prévalu ; TOncbidie de l'auteur anglais pourra pren-
dre le nom de Vaginule ou de Véronicelle.
MOLLUSQUES. 211
tète et les tentacules sont d'un jaune assez vif:
ceux-ci portent les yeux à leur sommet. Le des-
sous du manteau est d'un blanc jaunâtre; et le
dessous du pied jaune d'orpin un peu sale.
Dans l'état ordinaire ce Mollusque est ovalaire ,
mais il prend aussi une forme allongée. On le
trouve sur les récifs de la petite île de Panhi-Mo-
tou.
ONCHIDIE "DÉCOUPÉE.
Oiichidium incisant, nob.
PLANCHE l5, FIGURES IÇ-20.
Onchidium, corpore minirno , ovali , tubercu-
lato, luteo-viridi ; fusco mixto; margine veli duo-
decim acuminato.
Très-petite espèce, à peine longue de deux à-
trois lignes, ovalaire, bombée, ayant le contour du
manteau assez régulièrement découpé en pointes,
au nombre de douze, séparées par des échan-
crures. Ces tubercules se voient mieux en des-
sous. Us paraissent être la terminaison d'un con-
duit qui s'ouvre par un pore , comme nous l'avons
vu dans quelques autres espèces. La tète ne dé-
14*
212
ZOOLOGIE.
borde point le manteau , et nous devons à sa
petitesse de n'avoir pu distinguer les tentacules.
Le dessus du corps est tuberculeux, d'un vert
jaunâtre, mélangé de vert plus foncé et de quel-
ques taches brunes; le dessous est d'un jaune
verdâtre.
Ce Mollusque, qui est représenté très-grossi,
habite les rivages de l'île de l'Ascension.
ONCHIDIE PÀTELLOIDK.
Qnchidium ptitelloïdr^ noh.
Pipiton par les naturels de la baie Tasman,
PLANCHE l5, FIGURES 2 1-2 3.
Onchiclium , coipore orbiculare, supra conico ,
tuberculis luteo-viridibus obtecto; veli margine
foraminis sexdecim peiforato.
Cette Onchidie, d'un pouce environ de dia-
mètre, a, dans l'état de repos, le corps orbicu-
laire, bombé en pointe, ce qui, joint aux saillies
très-marquées des pores qui occupent le pourtour
MOLLUSQUES. 2L'i
du manteau, donne à ce Mollusque la forme dune
patelle. Son dos est recouvert de très-petits tu-
bercules jaune verdâtre , avec quelques stries noi-
râtres. Le dessous du corps est blanc, tirant sur
le jaunâtre. Le chaperon céphalique est bilobé,
jaune sur le bord. Les tentacules sont assez courts,
coniques, brunâtres, oculés à leur extrémité.
L'animal les allonge quelquefois assez pour qu'ils
dépassent le manteau. Ce dernier est muni sur
ses bords de seize pores triangulaires, blancs, ap-
parents sur les deux faces. Lorsqu'on les touche
il en sort une liqueur lactée. Nous pensons que
tous les individus de cette famille sont pourvus
de ces organes, qui paraissent plus ou moins.
Cette espèce habite la Nouvelle-Zélande. On la
trouve à la baieTasman, dans le lieu qui porte
le nom d'Anse de l'Astrolabe. Elle fuit la lumière
et se cache sous les pierres. Elle offre quelques
différences dans la teinte, qui peut aller jusqu'au
brun.
214 ZOOLOGIE.
ONCHIDIE NOIRATRE.
Onchiditun nigricans, nob.
PLANCHE l5 , FIGURES 1^-0.6.
Onchidiuni, corpore minimo , ovali, desuper
carinato, toto nigro ; tentaculis apice tuberculatis.
Cette très-petite espèce n'a que trois lignes de
longueur; elle est ovalaire, à dos peu élevé, lar-
gement caréné et noir en dessus. Les tentacules
sont gros, courts, arrondis en bouton à leur extré-
mité. Ils sont noirs ainsi que le bouclier cépha-
lique.
Ce qui nous fait croire que c'est une espèce et
non un jeune âge, c'est qu'à mer basse on la
trouve par milliers sur les rochers granitiques de
l'Anse de l'Astrolabe, à la Nouvelle-Zélande. Dans
quelques individus la couleur noire passe au
verdâtre.
MOLLUSQUES.
215
ONCHIDIE PIQUETÉE.
OncKidium punctatum , nob.
Baïnikm par les habitants de Dorey.
PLANCHE l5, FIGURES 27-28.
Onchidium , corpore ovali, colore variegato ,
luteo aut fusco ; punctis nign's notato , tubercu-
lato; tuberculis posticis ramosis.
On trouve dans le port de Dorey, sur la plage,
une grande quantité d'Onchidies , d'un à deux
pouces de long, à corps bombé, régulièrement
ovalaire , et variant beaucoup pour la teinte,
quoique sans aucun doute ce soit la même es-
pèce. Elles sont généralement verdâtres ou grisâ-
tres; mais il y en a de cendrées, de brunes, de
noirâtres et de jaunâtres tachetées de points noirs.
L'Onchidie que nous avons représentée appar-
tient à ces dernières. Son dos, parsemé de gra-
nulations, a de plus en arrière des tubercules
très-finement ramifiés. Le manteau et les parties
latérales du pied sont jaunes. Il est possible que
celte diversité de coloration tienne à quelque
216 ZOOLOGIE.
circonstance particulière à l'animal , et varie selon
la nourriture, ou même l'heure du jour à laquelle
on l'observe.
• \ Aucun lieu ne nous a offert un plus grand
nombre d'Onchidies que cette partie de la Nou-
velle-Guinée. On y trouve également la grande
espèce des îles des Amis , que nous avons nom-
mée de Tonga, et que les Papous, qui savent
bien la distinguer de l'autre, appellent Angou-
man. Ici elle est vert-d'eau passant au noirâtre.
Son pied est jaune verdâtre en dessous.
MOLLUSQUES. 217
Genre SIGARET. — Sigaretus, Cuv.
SIGARET DE TOINGA, mâle.
Sigaretus Tongamis , nob.
PLANCHE 66 (bis), FIGURES 4~8, et 8'.
Et figure 9, Coquille du Sigaret de Maurice.
Sigaretus , testa ovata, pellucida, convexo-de-
pressa, fragili, albida; spira minima , obtusa ,
versus marginem incumbente ; apertura ampla.
Nous ne parlerons de l'organisation des Sigarets,
après MM. Cavier et de Blainville , que pour dire
seulement qu'il y a dissidence entre ces auteurs
sur un point majeur, celui des sexes , que M. Cuvier
a séparés , et que M. de Blainville réunit dans le
même individu. Sa description ne permet pas de
croire que ce soit sur un autre Mollusque qu'un
Sigaret qu'il ait opéré. Cependant ceux que nous
avons examinés ont bien certainement chaque sexe
sur un individu à part. Celui que nous représen-
tons est un mâle et porte un long organe excita-
218 ZOOLOGIE.
leur à crochet, qui, clans l'état ordinaire, pend au
bord droit de la tête.
Ces animaux sont tellement mous et deviennent
si racornis quand ils arrivent dans les collec-
tions, qu'on ne sera pas fâché de voir quelle est
leur forme dans l'eau. C'est celle d'un ovale pré-
sentant en devant deux longues pointes obtuses
produites par une scissure dans le manteau. C'est
une sorte de canal par lequel l'eau arrive à l'or-
gane respirateur. Cet organe est une branchie à
lamelles extrêmement minces, allant d'un côté à
l'autre du plafond supérieur qu'elles tapissent. Elles
sont quelquefois si peu apparentes que nous avions
d'abord cru les Sigarets des Mollusques pulmonés.
Le cœur, placé à gauche, est allongé, très-mou. La
coquille ne protège, à bien dire, que le foie et le
testicule qu'elle contient ; ce n'est que sa partie
membraneuse qui s'avance sur la cavité branchiale.
Le manteau, convexe , bosselé, fort épais, n'a
aucune ouverture en dessus, et contient la coquille
dans son intérieur sans qu'il en paraisse d'indice
au dehors.
Le pied est allongé , fort étroit , comparé à la
masse du corps, un peu plus élargi en avant, avec
un sillon marginal. Les tentacules sont gros, fort
courts, portant les yeux sur un petit renflement
externe près de leur base.
La langue , garnie de crochets , est très-enroulée
derrière le renflement buccal.
MOLLUSQUES. 219
Le Sigaret de Tonga a de larges tubercules , ar-
rondis, peu élevés; il est d'un beau noir velouté,
excepté vers la racine du pied , qui est brun rouge
assez vif. Sa couleur tient à un pigmentum qui
s'enlève facilement et laisse les chairs d'un blanc
mat. Nous n'avons point trouvé de différence, par
rapport aux animaux , entre cette espèce et celle
de l'Ile-de-France ; il en existe cependant de con-
stantes dans les coquilles. Celle de notre espèce est
pins ovalaire et plus large, presque plane , quoique
arrondie en dessus. Sa spire est arrondie, peu sail-
lante , abaissée vers le bord droit , tandis que , dans
le Sigaret de Maurice, elle est proéminente; son
dernier tour, plus développé et plus arrondi en ar-
rière de l'ouverture, diminue d'autant l'ampleur de
celle-ci. Un coup d'œil sur les individus fait mieux
juger de suite des différences , que la plus longue
description. Ces coquilles, minces , pellucides ,
pour ainsi dire membraneuses , sont d'un blanc
jaunâtre. Les nôtres doivent leur couleur terne
au séjour dans l'esprit-de-vin.
Ces animaux sont extrêmement apathiques et
craignent apparemment l'éclat de la lumière. A mer
basse, on les trouve tapis dans de petites flaques
d'eau. Dans notre premier voyage, nous en prîmes ,
dans la rade du Port-Louis de Maurice , par plu-
sieurs brasses de profondeur. Ils se tenaient immo-
biles sur un fond sablonneux, et ce n'est que leur
couleur noire qui nous les fit distinguer. Il serait
220 ZOOLOGIE.
très-possible que ce fût un jeune de cette espèce
dont M. de Blainville fit dans le temps son getire
Coriocelle , qui n'est véritablement qu'un Sigaret.
Ainsi donc dorénavant pour s'entendre , il fau-
dra appeler coquilles de Sigaret toutes celles qui
seront bien reconnues pour être complètement
internes , à moins cependant qu'il n'y ait des Siga-
rets à coquille externe; les autres appartiendront
ou aux Cryptostomes ou aux Stomatelles.
DIMENSIONS.
ligne
longueur de la coquille de notre espèce 19
Largeur 1 3
MOLLUSQUES. 221
( : knre CR YPTOSTOME. — Cryptostoma , Blainv.
CRYPTOSTOME ZONAL.
Crysptoiomu zonalis , nob.
PLANCHE 66(bl's) , FIGURES 1-3.
Cryptostoma, testa ovali , convexo-depressa,
subarcuata, transversim tenuissime striata , alba,
zona longitudinali rufa cincta; apertura alba.
C'est le seul individu de ce genre que nous
ayons rencontré avec son Mollusque dans tous
nos voyages ; encore avons-nous eu le désagrément
de le perdre à Paris avant que de pouvoir donner
quelques détails sur son organisation. Il doit être
presque en tout semblable aux Natices , dont il se
rapproche tant pour les formes extérieures, et a,
comme elles, deux peignes brachiaux , quoiqu'on
n'en indique qu'un. Nous ne croyons pas non plus
qu'il soit hermaphrodite \
' Depuis, nous avons eu occasion de pouvoir affirmer ce que nous
n'avions pu qu'indiquer par analogie, sur une espèce de Cryplostome qui
avoisine le Sigaretus coiicavus , sans cependant l'être. Nous croyons que
e'est le même que celui qu'a figuré M. Gray dans ses Spicitegica zoologica,
pi. 5, fig. i , 2. Il n'y a d'autres différences entre ces Mollusques et les
222 ZOOLOGIE.
Sa coquille est ovalaire un peu plate, convexe
en dessus, légèrement arquée, à spire obtuse, non
terminale, placée fort près du bord droit. L'ouver-
ture est fort large , ovalaire. Cette espèce est en-
tièrement blanche, avec une bandelette fauve lon-
gitudinale, qui prend à sa spire et vient finir au
bord antérieur. Elle n'est pas toujours bien mar-
quée et ne paraît même quelquefois pas. Des stries
transverses très-fines sont dépendantes de l'accrois-
sement de cette coquille. En dedans elle est d'un
beau blanc vitré. Elle est extérieure et ne protège
seulement que les principaux viscères d'un ani-
mal qu'elle ne peut contenir tout entier. En effet,
son pied énorme la dépasse de beaucoup en avant
et en arrière , mais principalement dans ce der-
nier sens , en formant deux prolongements lin-
guiformes, qui la recouvrent en partie , sans ja-
mais la cacher entièrement. Ainsi ce n'est point
une coquille intérieure. Nous voyons dans notre
dessin qu'au bord droit du bouclier qui recouvre
le devant de la coquille , est un petit appendice
Natices que de ne pouvoir être contenus dans la coquille, et d'avoir un
opercule rudimentaire. C'est du reste la même organisation. Ils sont dioï-
ques , manquent d'yeux, et ont deux branchies. La plus petite présente
un aspect particulier dans ses folioles, qui sont bombées et plissées en tra-
vers ; celles de la grande sont plates, en partie libres et fort peu consistantes.
L'opercule est oblong, très-mince, paucispiré.
Nous pensons, avec M. Gray, qu'il n'y a pas de caractères suffisants pour
séparer les Cryptostomes des Natices, mais assez seulement pour en faire
une division. Relativement aux coquilles , on passe insensiblement des uns
aux autres par les Natices Mvlanostoma et noire Mclanustumoules.
MOLLUSQUES. 223
élargi, qui se rebrousse sur elle; c'est sans doute
l'organe excitateur : ce que nous n'avons point vé-
rifié à l'instant, de même que de nous assurer s'il
avait un opercule; ce qui est probable. Ce Cryp-
tostome est d'un blanc jaunâtre. On l'apporta
mort, mais encore très-consistant. C'est la nour-
riture des jeunes mouettes. Les parents n'ont en
effet besoin que d'enlever d'un coup de bec, à
cette masse de chair, la coquille qui la surmonte,
pour avoir un aliment naturel tout préparé. Aussi
trouvions -nous un grand nombre de coquilles
bien propres dans les nids de ces oiseaux. Nous
ignorons les lieux où ils vont les chercher; ce doit
être dans les îlots et sur les rochers battus de
la mer ; car dans toute la circonférence du port
du Roi-Georges nous n'en avons pas trouvé une
seule.
Notre individu, quoique vivant, manquait de
la bande zonale spécifique. C'est surtout dans
l'ilot du Jardin que nous en amassâmes le plus.
DIMENSIONS.
Ii
Longueur
* •• 7
Largeur 10
Nota. Après avoir examiné ce genre, nous pen-
sons , avec M. de Blainville , que la plupart des
Sigarets de M. Lamarck , moins le cancellé , sont des
224 ZOOLOGIE.
Cryptostomes. Nous dirons même plus, c'est que
toutes les espèces qui seront solides, striées ou
non , appartiendront à ce genre , et pour nous
seront des coquilles extérieures ; tandis que les
minces, légères et pellucides, seront intérieures,
entièrement enveloppées dans le manteau , et
celles des vrais Sigarets de M. Cuvier , qui ne
paraissent point être le même genre qu'avait formé
Adanson. Les Cryptostomes viennent donc na-
turellement lever les doutes qui pourraient exis-
ter sur les coquilles devant appartenir à l'un ou
à l'autre de ces genres.
MOLLUSQUES. 225
Genre NATICE. - - Natica, Lamk.
Les Natices sont des animaux à qui leur pied
donne un aspect tout particulier. C'est une longue
lamelle ovale , assez ordinairement carrée en
avant, ovalaire en arrière, doublée dans les deux
sens. En avant, où elle est plus large, c'est un écus-
son épais, un peu auriculé, qui remonte sur la
partie antérieure de la coquille qu'elle recouvre,
en même temps qu'elle cache toute la tète de l'ani-
mal, dont il ne paraît ordinairement que la pointe
des tentacules. Une rainure de chaque côté in-
dique les deux parties du pied.
L'écusson postérieur, moins considérable, sup-
porte l'opercule qu'il déborde, pour recouvrir le
bord gauche et l'extrémité de la coquille. Il est
des individus où i! a la même grandeur que le
pied, dont il se distingue par une rainure circu-
laire. Ainsi dans tout leur développement les Na-
tices représentent une masse de chair, sur le som-
met de laquelle on aperçoit une partie de la
coquille. L'opercule , quoique fort grand , n'est
point apparent; placé en travers, il se trouve ca-
ché par l'extrémité du test qui contient la masse
des viscères. Un muscle fort petit lie tout ce déve-
loppement de chair à une columelle assez exiguë
Zoologie, t. ir. i5
22G ZOOLOGIE.
par elle-même. Le reste de l'animal, qui est peu
spire , n'offre rien de remarquable.
La tète est large ; les tentacules fort distants ,
aplatis, longs et pointus; nous n'y avons point
vu d'yeux. La cause finale est applicable ici: à
quoi serviraient-ils étant toujours cachés par l'é-
cusson antérieur, qui vient à la rencontre du bord
du manteau, lequel est sans siphon? La cavité
respiratrice est peu grande. Elle porte à gauche
deux branchies inégales comme à l'ordinaire. La
plus grande a de larges lamelles triangulaires ,
libres dans une partie de leur étendue. Le cœur
est ovoïde, à une seule oreillette et un seul ven-
tricule. Le rectum et l'utérus sont placés au côté
droit de la cavité. Dans le mâle , l'organe excita-
teur est très - gros , triangulaire , cannelé sur son
bord droit , et placé fort près du tentacule droit.
L'ouverture de la bouche est profondément ca-
chée en arrière du chaperon que forme la tête. Une
petite trompe fort courte, deux plaques cornées,
surmontées d'un très-petit ruban lingual à cro-
chets, forment un petit bouton ovalaire, derrière
lequel viennent s'ouvrir les deux conduits de deux
petites glandes salivaires. Toutes ces parties ont
un muscle rétracteur. L'œsophage est long, grêle,
précédant un estomac globuleux , occupant à lui
seul tout l'espace abdominal ; l'intestin , qui est
délié, passe sur le foie, et se termine par le rectum,
sans circonvolutions.
MOLLUSQUES. 227
Le foie et le testicule sont groupés ensemble.
Le canal déférent de ce dernier est peu long.
Dans la femelle, l'ovaire touche à l'utérus, qui est
très-volumineux. Tous ces organes sont tassés en
raison du peu de développement de cette partie
de l'animal, qui est à peu près le tiers ou le quart
de son volume total.
On a de la peine à croire, en voyant le peu de
capacité de la coquille , et toute l'extension que
prennent les parties de la locomotion , qu'elles
puissent toutes rentrer et complètement dispa-
raître. La chose a cependant lieu , lentement il
est vrai, et l'opercule vient clore parfaitement
l'ouverture. Mais comme ce mécanisme paraît coû-
ter à l'animal, nous avons remarqué qu'il se dé-
veloppait rarement deux fois. L'opercule est ova-
laire , paucispiré , représentant un arc de cercle
sous-tendu. Il est membraneux ou calcaire. Cette
différence n'en amène pas de constante dans la
forme de la coquille; ainsi elle est de peu d'inté-
rêt pour les divisions qu'on pourrait chercher à
établir. L'opercule calcaire nous a presque tou-
jours paru appartenir aux Natices , dont la fente
ombilicale est adroite d'une colonne calleuse; car,
celles qui ont cette fente à gauche de cette même
callosité ont le plus souvent un opercule corné.
Nous ne connaissons encore qu'une exception à
cela ; c'est pour une Natice sans nom qui est au
Muséum , à laquelle est l'opercule.
i5*
228 ZOOLOGIE.
Ces Mollusques ont beaucoup de vivacité. L'exa-
men de leurs viscères indique qu'ils doivent se
nourrir de substances déjà très-atténuées. Toutes
les mers fournissent des Natices, qui sont plus ré-
pandues dans les pays chauds. Cependant, d'après
l'inspection des débris des plages, la partie aus-
trale de la Nouvelle-Hollande en aurait autant que
plusieurs contrées plus rapprochées de l'équateur.
Quelques espèces ont un épiderme,et peut-être
toutes. En général, elles prêtent peu par la cou-
leur aux caractères spécifiques. Nous allons en
décrire quelques-unes.
NATICE BOUCHE-NOIRE.
Natica melanostoma.
Lamk. , loc. cit., t. VI, ire part., pag. 178, n° 8.
Idem pour la synonymie.
Roui par les indigènes de Tonga.
PLANCHE 66, FIGURES 1-3.
Natica, testa ovali , ventricosa , convexo-de-
pressa , tenui , albida , fulvo-zonata ; spira promi-
nula; labio fusco - /ugrica/ite; umbilico semi-
clauso. (Lamk.)
MOLLUSQUES. 229
Cette coquille, qu'il est facile de connaître à sa
légèreté , à ses trois bandes transversales fauves et
surtout à sa colutnelle empreinte d'un joli brun
marron, a son animal d'un blanc de lait pur. Son
pied est quadrilatère, obtus, légèrement auriculé
en avant. La partie postérieure s'appointit un peu.
Les tentacules ont leur extrémité rabattue sur la
coquille.
L'opercule est membraneux, ovalaire , paucispiré
au bord gauche ; le reste de ses lamelles est obli-
quement transverse. Sa couleur est brun marron
très-foncé, plus clair sur les bords. Habite Tonga,
les Moluques et plusieurs autres lieux.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur ! 5
Diamètre transverse 1 1 ^
NATICE MELANOSTOMOIDE.
Natica melanoslomoïde , nob.
PLANCHE 66 , FIGURES 4"8.
Natica, testa impeiforata, ovali, subventri-
cosa , deprcssa, tenuissima, alba , maculis fulvis
230 ZOOLOGIE.
subzonata; labro fusco-nigricante ; spira acutius-
cula.
Nous sommes étonnés que cette Natice ait tou-
jours été confondue avec la Bouche-Noire, même
par M. de Lamarck. C'est très -certainement une
espèce distincte, ne variant presque jamais , beau-
coup plus légère, plus blanche, mate, ayant aussi
trois rangées de taches brunes qui ne deviennent
point des bandelettes comme dans la précédente.
Sa forme est moins bombée, sa spire un peu plus
saillante et pointue. Son ouverture est blanche ,
plus largement ovalaire par une légère échan-
crure dans le contour postérieur de la columelle ;
antérieurement le bord droit ne forme pas un an-
gle avec le columellaire , ainsi que cela a lieu dans
la Mélanostome. Enfin , l'ombilic est tout-à-fait ca-
ché, et la columelle, fort étroite, ne présente qu'un
filet brun marron , qui ne s'étend point sur une
partie du bord gauche. Son épidémie est jaunâtre.
Tous ces caractères très -visibles sont plus que
suffisants pour la faire reconnaître. Son animal
est tout blanc , et son opercule membraneux , brun
foncé.
Elle habite la Nouvelle - Guinée et la Nouvelle-
Irlande.
DIMENSIONS.
pouces. lignes.
Longueur.
Largeur
1
MOLLUSQUES. '2;u
NATICE PLOMBÉE.
Naticn plumbca.
Lamk , loc. cit. , pag^igS , n° 8.
PLANCHE 66, FIGURES l3-l5.
Natica, testa subovali , ventricosa, longitudi-
naliter substriata, griseo-rufescente ; spira produc-
tiuscula; labro in tus purpureo-violacescente ; la-
bio circa umbilicum aurantio ; umbilico partim
obtecto. (Lamk.)
Nous ajouterons un caractère de plus à ce que
vient de dire M. de Lamarck, c'est une petite ban-
delette brune , transverse , au bord columellaire.
Assez souvent une autre de couleur jaune prend
de la partie postérieure de la lèvre droite et con-
tourne les sutures.
L'animal est entièrement d'un jaune clair. Son
pied en avant est court , quadrilatère , plus élargi
sur les côtés. De même, sa partie postérieure est
aussi carrée, et la lamelle qui supporte l'opercule
se relève sur le côté gauche de la coquille. Les
tentacules sont fort déliés. Tous nos individus
étaient d'assez petites tailles, comparés à ceux de
la collection de M. le duc de Rivoli. Sous un épi-
232 ZOOLOGIE.
derme mince, d'un blanc grisâtre, la coquille est
d'une couleur de plomb luisante. Son opercule
est membraneux, rouge brun, et paucispiré. Ha-
bite le port du Roi-Georges et celui de Western
de la Nouvelle-Hollande. #
DIMKNSIONS.
lignes.
Longueur 1 1
Largeur 9
NATICE PETITE-BOUCHE.
Natica micros toma , nob.
PLANCHE 66, FIGURE y.
Natica, testa ovato-turbùiata, perforata, crassa,
ventricosa , aurantiaca; spira prominenti ; anfra-
ctibus convexis quaternis; apertura ovali , mi-
nima; columella callosa basi effundente.
Grande espèce , turbinée , épaisse et ventrue ,
à spire allongée, obtuse à son sommet , mais dont
les tours sont arrondis. Son ouverture est petite ,
ovalaire , tendant à devenir transverse. Le bord
MOLLUSQUES. 233
columeilaire est largement répandu, calleux, lisse,
sans trop masquer l'ombilic, qui est profond.
Cette coquille est lisse, et vivante doit être d'un
bel orangé , avec des nuances de brun autour des
sutures. Son opercule doit être membraneux, d'a-
près ce que nous avons dit au commencement, de
ce que la callosité est placée au bord droit de
l'ombilic.
Son ouverture, son ombilic et sa spire allon-
gée la feront distinguer de l'Orangée , avec la-
quelle on pourrait la confondre. Son avant-der-
nier tour plus grand la différencie également de
la Plombée.
Le seul individu que nous ayons avait souffert.
Il provient de la Nouvelle-Hollande , et probable-
ment du port du Roi-Georges.
DIMENSIONS.
lignes.
l9
Largeur ^
Longueur , IQ
234 ZOOLOGIE.
NATICE OMBILIQUÉE.
Natica umbilicata , nob.
PLANCHE 66, FIGURES 22-23.
Natica, testa ovato-globosa, vent/icosa, albi-
canti , fulvo trizonata; apertura ovali ; umbilico
plicato et amplo.
Cette Natice est légère , plutôt globuleuse qu'o-
vale, très-bombée en dessus, à spire courte. Son
ouverture est ovalaire et longitudinale ; sa colu-
melle étroite , sans callosité et bien évidée , laisse
voir un large et profond ombilic en entonnoir ,
dont le contour est plissé. On peut le suivre jus-
qu'au commencement de la spire. Cette coquille
est d'un blanc jaunâtre , marqué de trois bandes
transverses formées par des taches irrégulières
rousses.
Elle provient de la Nouvelle-Hollande.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur i4
Largeur n
MOLLUSQUES. 23S
NATICE COSTULÉE.
Natica costulala , nob.
PLANCHE 66 j FIGURES 20-3I.
Natica, testa parvula , fragili , ovali, convexo-
depressa, grisea , sulcis transversis striata; aper-
tin a alba et ovali ; columella simplici.
Petite espèce ovalaire, un peu convexe , légère
et fragile , de couleur grisâtre , et marquée de sil-
lons transverses très -réguliers et peu profonds:
ce sont les espaces qui existent entre eux qui for-
ment de petites côtes plates , d'où vient le nom
que nous avons donné à cette Natice. Son ouver-
ture est ovalaire , fort longue. La columelle est
sans callosité et laisse voir l'ombilic. Elle ne peut
pas être confondue avec la Treillisée.
Habite les Moluques.
UIMENSIONS.
hgnts.
Longueur 7
Largeur 5
236 ZOOLOGIE.
NATICE PLURISÉRIALE.
Naticci Marochiensis.
Larak,, loc. cit. , paye 2o3, n° a5.
Chemn. 5 , t. CLXXXVIII , fig. 1 905-1908.
Nerita Marochiensis. Gmcl. , page 3673, n° i5.
Touï par les habitants de Tonga.
planche 66, figures 1 6-i 7 ; et sa variété, 18-19.
Natica, testa ovato-ventricosa , glabriuscula ,
griseo-cœrulescente vel squalide rufa, maculis ob-
longis, spadiceo-fuscis subquinque seriatis cincta;
spira exsertiuscula ; umbilico subtecto. (Lamk.)
Varietas , testa olivacea ; spira api ce solwn
punctata.
L'animal de cette coquille, que nous avons ob-
servé à Tongatabou , ne présente rien de remar-
quable dans sa forme. Sa couleur est un blanc
jaunâtre ponctué de rouge brun ; les points en
sont très-rapprochés. Son opercule est blanc, cal-
caire, paucispiré, et calleux sur sa face externe à
l'endroit qui correspond à la spire. L'épiderme
est jaunâtre.
Nous regardons comme une variété , quitte à
en faire une nouvelle espèce quelque jour, si on
MOLLUSQUES. 237
trouve beaucoup d'individus semblables, une Na-
tice que nous avons prise à la Nouvelle-Guinée,
en tout pareille pour la forme à la Plurisériale,
mais qui est olivâtre et n'a de points qu'au commen-
cement de la spire. Les autres lignes sont repré-
sentées par des bandes transverses très - fugaces.
L'animal offre aussi des différences par ses cou-
leurs ; car il est blanc et finement piqueté de noir.
Ces points sont beaucoup plus rapprochés sur la
partie antérieure du pied. Il y en a également aux
tentacules. Son opercule est le même.
Du port Dorey.
NATICE ZÉLANDAISE.
Natica Zelandica , nob.
PLANCHE 66, FIGURES II- 12.
Natica, testa globulosa , ventricosa, glaùra, lu-
tea, maculis subrubris, virgulatis , sex seriatis
transversim tessellata; spira prominente; umbi-
lico subtecto.
Cette jolie espèce est bien nouvelle et ne peut
être confondue avec la Parée, parce qu'elle est
'238 ZOOLOGIE.
toujours jaune et que ses points sont plus nom-
breux et différemment arrangés.
Elle est globuleuse, légère, lisse et polie. Sa spire,
latérale, est saillante, avec ses tours arrondis, au
nombre de cinq. Son ouverture est ovalaire, assez
grande , subtransverse , blanchâtre , ainsi que la
callosité qui cache en partie l'ombilic. Son oper-
cule doit probablement être calcaire.
Cette coquille est d'un joli jaune chamois ,
ceinte de dix bandes ponctuées, dont les points
sont en guillemets dirigés en arrière ; leur couleur
est rouge brun. Les premiers tours de spire ont
une bandelette brune un peu plus foncée que le
reste de la couleur.
Dans Chemnitz (t. V, pi. 188, fig. 1921 ) est
une assez mauvaise figure de Natice qui pourrait
avoir des rapports avec la nôtre si ses bandes
étaient plus nombreuses, mais il n'y en a que
trois.
Nous n'en connaissons point l'animal.
Habite la Nouvelle-Zélande.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur 11
Largeur S
MOLLUSQUES. 239
Genre VÉLUTINE. — ï'elutina , Blainv.
VELUTINE CANCELLÉE.
Velutina cancellata.
Sigarel canccllé , Lamarck, loc. cit. , t. VI , 2 e part. ,
page 208 , n° 5.
Nérita cancellata, Chem. 10, t. CLXV, fig. 1596-
i5cj7.
PLANCHE 66 (bis), FIGURES 20-2 2.
Velutina, testa ovato-globosa, clorso convexa,
scabriuscula , s tria ta , sulcis longitudiiialibiis de-
cussata, alba; spira oblique versus marginem in-
cumbente ; umbilico partim tecto. (Lam.)
Quoiqu'il y ait quelques différences entre ce
Mollusque et celui dont M. de Blainville a fait
son genre Vélutine, ses rapports généraux sont
suffisants pour ne pas l'en séparer et former un
genre nouveau, comme nous l'avions fait sous le
nom de Vanikoro. En le plaçant dans ce groupe
de genres assez voisins les uns des autres, nous
ne nons dissimulons pas qu'il y est aussi disparate
que partout ailleurs où nous pourrions le mettre.
Il en est de même de la Janthine qui vient après,
et, disons-le, de beaucoup d'autres Mollusques qui
240 ZOOLOGIE.
se prêteraient volontiers à former des séries la-
térales , mais non directes et décroissantes.
Quoi qu'il en soit, l'animal fait peu de saillie hors
de sa coquille ; son pied est comme formé de deux
parties , l'antérieure allongée , concave , en manière
de trompe, la postérieure parfaitement arrondie,
séparée de l'autre par un profond sillon. Si l'on ne
veut pas que cet appendice appartienne au pied,
qui en effet a l'air bien complet , ce sera un chape-
ron sous-buccal , comme dans les Hipponices. La
tête porte un mufle assez saillant et deux longs ten-
tacules comme en cornets, renflés au milieu, très-
pointus, ayant des yeux sessiles fort petits à leur
base externe. Deux folioles membraneuses, assez
larges, prennent de chaque côté du pied et re-
montent en pointe vers la tête. Un petit opercule,
mince, papiracé,est fixé par un de ses bords seu-
lement à la partie postérieure du pied, et lui
devient perpendiculaire quand ce dernier est ren-
tré. Il est sans spire , et l'on n'aperçoit même pas
la disposition de ses éléments.
La cavité respiratrice est grande, ainsi que la
branchie, dont les folioles sont libres en partie.
Là se sont bornées nos recherches, ne possé-
dant qu'un seul individu, que nous avons voulu
déposerai! Muséum. Ce Mollusque est d'un blanc
légèrement jaunâtre; l'opercule seul est jaune.
N'ayant point vu d'organe excitateur à la place
qu'il doit occuper, nous présumons que c'est
une femelle.
MOLLUSQUES. 241
Nous l'avons observé long -temps dans l'eau
sans le voir plus développé , et même moins qu'il
ne l'est dans le dessin. Souvent il s'enfonçait plus
profondément.
La coquille est extrêmement légère, jaunâtre,
presque globuleuse, ombiliquée, à ouverture plus
que demi-ronde et presque complète; elle est
très-finement striée en long et largement sillon-
née en travers, ce qui la rend treillisée. Sa spire,
obtuse, arrondie, rapportée vers le bord droit,
décrit quatre tours.
Habite l'île de Vanikoro, où cette espèce est
rare; il en est de même à Guam, où nous avons
trouvé des individus plus épais et dont le con-
tour de l'ouverture est un peu plus évasé.
DIMENSIONS.
lignes.
Longueur . . 7
Largeur 5
Zoologie. T. II.
242 ZOOLOGIE.
OBSERVATIONS SUR LES JANTHINES.
Voyez PLANCHE 2Q , FIGURES 1-8.
Il nous semble difficile de trouver une place
convenable à ce Mollusque , qui formerait pres-
que un ordre à lui tout seul. En lui associant no-
tre Vélutine , nous avons cru trouver certains rap-
ports entre eux; mais nous ne tenons nullement
à la place provisoire que nous assignons à l'un et
à l'autre.
Nous commencerons par dire qu'il est très-fa-
cile d'augmenter le nombre de Janthines sur des
caractères qui ne suffisent pas à notre avis pour
former des espèces, et qui tiennent le plus sou-
vent à l'âge s'ils sont relatifs aux formes , à la
localité s'ils appartiennent aux couleurs. Ainsi , par
exemple, la Janthine commune devient très-grosse
dans certains parages de l'Océan atlantique , aux
environs de la terre de Van-Diémen, et se nuance
de deux teintes différentes de violet. Elle est d'un
blanc bleuâtre jusqu'à la moitié du dernier tour,
et violet assez foncé sur le reste; une petite ca-
rène établit la ligue de démarcation des deux
couleurs.
Dans le jeune âge, l'ombilic est apparent et le
bord columellaire s'allonge en pointe; ce qui ne
MOLLUSQUES. 243
doit plus avoir lieu plus tard. Ainsi maintenant,
nous ne reconnaissons que trois espèces bien
distinctes, la commune, la naine qui serait mieux
nommée striée, et la prolongée de M. de Blain-
ville , qu'on trouve dans la Méditerranée et ail-
leurs, dont le bord droit et la spire sont remar-
quablement longs.
L'animal enlevé de sa coquille est fortement
coloré sur son tortillon après qu'on a enlevé un
pigmentum blanc qui se détache très-facilement.
La partie antérieure , qui correspond à la bran-
chie, semble emprunter sa couleur de la pourpre,
qui est violette; la postérieure, qui contient le
foie , est d'un rouge brun vif.
Le reste de l'animal est blanc avec des taches
violacées ou noires que nous ferons connaître.
Il n'y a point de trompe proprement dite, c'est
un long mufle qui en tient lieu , à l'extrémité
duquel est une bouche verticale dont les crochets
sont le plus souvent apparents. M. Cuvier a fait
connaître toutes ces parties. 11 en est deux seule-
ment sur lesquelles nous insisterons , ce sont les
tentacules et les rapports de la vésicule et dû pied.
Les tentacules sont gros, cylindriques, assez
longs, obtus, blancs à la base, toujours très-
noirs dans le reste de leur étendue. Us sont comme
doubles et bifurques près de leur racine. Ces pé-
doncules secondaires, un peu moins longs, de-
vraient porter les yeux; mais il n'y en a pas, nous
ZOOLOGIE. 244
pouvons l'assurer, pour les avoir cherchés en vain
sur un grand nombre d'individus vivants. C'est
ainsi que nous avons vu les Buccins Lisse et Aga-
the, et peut-être les Natices et les Àncillaires en
manquer.
A quelque distance des yeux prend une frange
membraneuse , qui se perd sur les côtés du pied
comme dans les Troques, excepté qu'elle n'a point
de filaments. Cet organe doit un peu aider dans
les mouvements de la locomotion qui s'opèrent
en grande partie au moyen du pied. Celui-ci est
ovalaire , carré ou très-légèrement arrondi en
avant, susceptible de changer de forme, comme
servant le plus à la natation, toujours concave
d'avant en arrière, et s'allongeant quelquefois
antérieurement comme un mufle. Nous lavons
représenté dans ces diverses positions. C'est à la
partie postérieure de sa face inférieure, autre-
ment en dessous ( l'animal étant dans une posi-
tion normale), que s'insère la vésicule, que Fa-
bius Columna a si judicieusement nommée spuma
cartilaginea.
Cette masse s'amincit pour se coller au pied.
Les aréoles ne communiquent point entre elles.
Indépendamment de la fonction qu'elle a de sou-
tenir la Janthine à la surface des flots, elle sert
aussi de support aux enveloppes des oeufs, en
forme de pépins de courge, qui se fixent en des-
sous par une ou deux séries souvent très-régu-
2.5 MOLLUSQUES.
lières. Ces corps prennent un aspect rosé, rouge
brun ou violet, selon leur état plus ou moins
avancé. Lorsque nous les ouvrîmes, nous trouvâ-
mes des millions d'oeufs d'une ténuité extrême et
cependant déjà assez parfaits, car soumis au mi-
croscope de Selligue, ils nous montrèrent une pe-
tite coquille discoïde. Indépendamment de cela,
nous avons aussi vu, comme Forskahl, qu'il y a
des Janthines vivipares, c'est-à-dire qui gardent
plus long-temps leurs ovules dans l'utérus, et qui
les rendent sans les faire passer par l'intermé-
diaire des vésicules en question.
Il faut que l'animal ait la faculté de refaire cette
vésicule spumeuse lorsqu'un accident la lui en-
lève, parce qu'elle lui est fort utile; toutefois nous
croyons nous rappeler que nous prenions des in-
dividus qui en manquaient, et flottaient néan-
moins la même chose. Nous ne la supposons pas
une sécrétion du pied, mais bien de quelque au-
tre partie du Mollusque qui l'y fixe ensuite , car
elle n'y semble que fortement collée. Par elle le
vent ayant plus de prise, pousse, en même temps
que les courants , ces légions errantes de Janthi-
nes, parmi lesquelles il nous est arrivé de navi-
guer pendant plusieurs jours.
Les mouvements partiels s'opèrent à l'aide de
toutes les parties, du mufle et des tentacules;
principalement de la portion antérieure du pied,
qui se meut quelquefois comme une vraie sangsue.
246 ZOOLOGIE.
Le manteau est largement ouvert et la cavité
branchiale est fort ample. Deux peignes bran-
chiaux occupent leur place ordinaire. L'un n'est
qu'un filet tremblé et tellement rudimentaire qu'il
faut le chercher avec soin pour l'apercevoir; l'au-
tre, au contraire fort grand , est formé par de longs
feuillets pointus, plissés en travers et libres dans
leur tiers antérieur. Ils font quelquefois saillie
au-delà du manteau.
L'animal de la Janthine naine nous a offert quel-
ques différences dans sa couleur. Ses tentacules
et leurs pédoncules latéraux sont d'un brun-noir
violacé; l'extrémité et les côtés du pied sont noirs;
ce dernier est blanc en dessous, tandis que dans
la Janthine commune il est noir d'encre sur cette
surface; enfin les vésicules ovifères étaient globu-
leuses, arrondies, au lieu d'être en forme de pé-
pin de courge ; caractères qui appartiennent tous
à des différences spécifiques.
On sait qu'on trouve des Janthines dans beau-
coup de mers. Il en vient jusque sur nos côtes:
mais cependant nous avons très - bien remarqué
que, comme certains zoophytes, elles tiennent à
des localités , où elles semblent plus particulière-
ment se plaire, jusqu'à ce que des phénomènes
météorologiques ou hydrauliques viennent les
disperser.
Nous appelons encore l'attention des voyageurs
sur les habitudes de ces curieux Mollusques,
MOLLUSQUES. 247
dont nous n'avons point une anatomie complète,
et que nous supposons posséder les deux sexes
réunis. Les parages dans lesquels nous les avons
rencontrés en plus grand nombre étant en même
temps assez fortement agités , nous n'avons pu
nous livrer à des recherches anatomiques sur le
frai, toujours fort difficiles à bord d'un vaisseau.
248 ZOOLOGIE.
Genre DORIS. — /Jom, Cuv.
DORIS TUBERCULEUSE.
Doris tuberculosa , nob.
PLANCHE l6, FIGURES 1-2.
Doris, corpore molli, ovali, supra convexo,
luteo-fucescente ; tuberculis crassis , longis onusto;
infra lunulato ; tentaculis superioribus , pedicula-
tis , apice dilatatis.
Nous ne pouvions pas donner un autre nom à
cette Doris, qu'il ne faut pas confondre avec la
tuberculée de M. Cuvier. En effet, ses tubercules
sont si gros, si pressés, si saillants, que ce ca-
ractère est le premier qui s'offre pour la recon-
naître. Ces éminences sont par petites bandes
décroissantes, et quelques-unes sont renforcées
par d'autres plus petites à leur base.
Cette espèce a de cinq à six pouces de lon-
gueur, son aspect est celui d'une Onchidie. Elle
est ovalaire, molle, médiocrement bombée; le
manteau dépasse le pied, ses bords sont unis et
MOLLUSQUES. 249
légèrement ondulés. En dessus il est brun jaunâ-
tre; brunâtre en dessous , et marqué d'un
grand nombre de lunules cerclées de brun, dont
la couleur varie du blanc au blanc jaunâtre. Le
pied est jaune sale. La bouche est arrondie, ses
tentacules sont larges, triangulaires. Les supé-
rieurs, brusquement renflés à leur extrémité,
sont rouge brun. Les fossettes dans lesquelles ils
rentrent forment une assez grande saillie à l'exté-
rieur. Les branchies, un peu distantes de l'extré-
mité postérieure, ont cinq folioles principales,
subdivisées en deux; elles sont denticulées, brun
clair au miiieu et jaunâtres sur les bords.
Ce Mollusque habite le port Dorey, à la Nou-
velle-Guinée.
DORIS TACHETÉE
Doris maculosa.
Cuvier, Annales du Muséum, t. IV, page 466.
Membêali par les habitants de Vanikoro.
PLANCHE l6, FIGURES 3-5.
Doris, corpore ovali-oblongo , convexo , molli,
250 ZOOLOGIE.
griseo-viridi ; vélo margmalis supra et infra,
maculis nigi'is cincto.
Grande espèce, longue de plus de six pouces,
ovalaire , à dos très-bombé , de consistance assez
molle, ayant les bords du manteau ondulés, et
de chaque côté du corps deux rangées de lunules
noires, irrégulières , sur un fond tacheté de vert
grisâtre. Le manteau , en dessous, est également
parsemé de taches et de points bruns; son limbe
est blanc. Le pied , assez large , porte une rai-
nure marginale en avant, sa couleur est brun
rouge entremêlée de points bruns. Le bourrelet
buccal est gros, arrondi; les appendices labiaux
sont petits et jaunes à leur pointe. Les tentacules
sont striés, grisâtres; les branchies grandes, divi-
sées en six feuillets dentelés. Les bords de l'a-
nus sont frangés.
Ce Mollusque se trouve sur les rivages de la pe-
tite île de Vanikoro. Il n'y est pas commun.
MOLLUSQUES. 251
DORIS A BORDS NOIRS.
Doris atromarginata.
Cuvier, Annales du Muséum, t. IV, page 473, pi. 1 ,
6g. 6.
Boris caudale. Lamarck , An. s. v. , t. VI, ire part. ,
page i3 , n° i3.
Fefena par les indigènes de Tongatabou.
PLANCHE l6, FIGURES 6-J.
Doris, corpore elongato, subprismatico , verra-
coso , flavo ; dorso prominulo , lineis nigris et al-
bis lateribus distincte) ; postice acuto , caudato.
Nous ne donnons ici ce Mollusque, qu'a dé-
crit M. Cuvier, que pour le faire connaître dans
tout son développement et avec ses couleurs. Sa
forme est allongée, subquadrilatère; son pied,
très -comprimé, dépasse le manteau en arrière
et finit en pointe. Le manteau est relevé, for-
tement ondulé, et parcouru sur son limbe par
une ligne d'un beau noir velouté , accompagnée
en dedans par une autre ligne d'un blanc bleuâtre.
Elles se dessinent avec élégance sur un fond jaune
serin. Le dos est jaunâtre, parsemé de petits tu-<
252 ZOOLOGIE.
hercules de la même couleur. La bouche fait sail-
lie en forme de trompe, ses appendices sont jau-
nes, hordes de noir. Les tentacules sont gros,
noirs, lisérés de jaune. L'anus se trouve placé
presque au milieu de la longueur de l'animal; il
est entouré de cinq lamelles branchiales , lon-
gues, effilées, jaunes et noires.
Notre individu provient des îles des Amis. Ses
lignes sont plus larges que celles de l'individu dé-
crit par M. Cuvier , que Péron avait rapporté de
Timor.
La Nouvelle-Guinée nous a offert une variété
de cette Doris, dont les branchies offraient de
nombreuses ramifications. Les tentacules avaient
une ligne jaune sur leur longueur, coupée par
d'autres qui occupaient les intervalles des laci-
niures propres à ces sortes d'organes.
DORIS LIMACINE.
Doris iunacina , nob.
PLANCHE l6', FJGUKfcS 8-0).
Doris , corpore minimo, eloiigato ; apice acuto ,
luteo; vélo marginali pedis non distincto ; bran-
chiis lœvibus , lanceolatis.
MOLLUSQUES. 253
Cette très-petite espèce, qui n'a que six lignes
de longueur, a toute la forme d'une Limace, et se-
rait susceptible de former dans le genre une pe-
tite division voisine des Polycères. Son pied, qui
n'est point distinct du manteau, est caréné, ren-
flé avant que de se terminer en pointe. En arrière
des tentacules supérieurs, sur le bord gauche,
est un appendice dont nous ignorons l'usage.
Les branchies sont placées derrière un petit
renflement de la partie moyenne au dos. Nous
avons compté dix lamelles lancéolées sans laci-
niures; peut-être y en a-t-il davantage. Au devant
on apercevait les battements du cœur. Les ten-
tacules sont lancéolés , striés sur leur longueur.
Tout le corps est jaunâtre avec une tache brune
au lieu qui répond aux viscères.
Cette Doris a été trouvée au fond du bord
gauche de la rade d'Amboine, vis-à-vis le village
de Rouma-Tiga. Nous n'osons dire si on doit la
considérer comme un très-jeune âge , n'ayant pas
trouvé dans cette contrée d'espèce qui approchât
de cette forme.
î
254 ZOOLOGIE.
DORIS CARÉNÉE.
Doris carinata, nob.
PLANCHE l6, FIGURES lO-I^
Doris, corpore ovali, convexo, aspero , desu-
per carinato , squalide luteo ; tentaculis truncatis,
pediculatis ; branchiis taberculatis.
Cette très-petite espèce est ovalaire, assez bom-
bée, coriace, rugueuse , couverte de petits poils
rudes. Son pied, bien distinct du manteau, est blan-
châtre : ses tentacules supérieurs sont courts , pé-
dicules , papilleux , élargis et tronqués au som-
met. Les inférieurs ou labiaux sont coniques. Une
carène dorsale prend entre les deux tentacules et
finit à l'anus. Les branchies qui entourent celui-
ci sont représentées dans cette Doris par quatre
petits tubercules ciliés. Tout le corps est d'un
blanc jaunâtre.
Habite la rivière Tamise, à la Nouvelle-Zélande.
MOLLUSQUES. 255
DORIS BORDÉE.
Doris marginata , nob.
PLANCHE 17, FIGURES 1-5.
Doris, corpore piano y ovali, molle, rubro ;
limbo chermesino , colore cincto ; appendicibus
oris , ovatis , fimbriatis.
Magnifique espèce, longue de six à huit pouces,
ovalaire, mollasse, un peu découpée sur ses bords,
qui sont minces ; d'un rouge de feu sur le dos
avec des points jaunes rapprochés. Tout autour
du manteau , excepté sur la tète , règne un large
cordon dentelé d'un beau rouge carmin, ayant un
cordonnet blanchâtre dans son milieu. Le limbe
est d'un beau blanc mat que le dessin ne peut
rendre. Les branchies sont rosées, écartées de
l'anus , autour duquel elles forment sept groupes
de trois folioles. Les veines qui se ramifient dans
ces organes sont d'un rouge assez vif. Les tenta-
cules supérieurs sont rougeâtres et leur pédicule
est susceptible de beaucoup s'allonger. Le pied
est large et porte en avant une rainure margi-
nale ; il est d'un rose carminé , bordé de jaune
dorpin. Le manteau, dans cette partie, est rouge
256 ZOOLOGIE.
avec des taches jaunes ; mais son boni est blanc
comme en dessus. Les appendices labiaux sont
remarquablement grands, ovalaires, crénelés.
Ce Mollusque a été pris devant la ville d'Am-
boine, nageant en pleine eau à l'aide de mouve-
ments violents de tout le corps, surtout du man-
teau. Il a des rapports de forme et de mollesse
avec l'espèce suivante. Nous l'avons représenté
sous deux attitudes différentes.
L'Ile-de-France nous a offert une variété, re-
cueillie par M. Desjardins , que nous n'avons pu
étudier que conservée dans la liqueur. Dans cet
état son corps était d'un jaune rougeâtre , avec des
taches et des plaques couleur de laque. La bor-
dure rouge du manteau n'avait point au centre de
ligne blanche , et il en partait des linéoles rou-
ges. Les branchies étaient de huit faisceaux. Les
rapports de cette Doris avec la Lacera de M. Cu-
vier, rapportée par Péron , et provenant proba-
blement de la même localité, nous font demander
si ce ne serait point la même espèce, dont la
liqueur aurait altéré les couleurs au point de ne
pouvoir plus servir à la comparaison?
MOLLUSQUES. 257
DORIS FLAMMULÉE.
Do ris flammvlata , nob.
Poré-Poré an-ho , par les naturels de Tongatoubou.
PLANCHE 17, FIGURES 6-IO.
Doris, corpore lato , planulato , molli, rubro;
vélo marginali fimbriato , flammis rubris , latis
ornato.
Doris très-grande , large , subaplatie , molle , à
manteau très-mince et lacinié sur ses bords; elle
est généralement rouge , mais cette couleur est
différemment répartie. Ainsi le dos présente sur
un fond ronge brun de très -petits points jaunes
rapprochés ; et de chaque coté , une série de larges
flammes au nombre de six ou huit, dont les an-
térieures se touchent ; les dernières sont isolées
et à languettes. Elles sont d'un blanc jaunâtre
ponctué de rouge. Le manteau est rouge cerise ,
blanc sur ses bords, avec des stries transverses
nacrées, qu'il n'est pas facile de rendre dans le
dessin. Les tentacules sont médiocres, un peu
aplatis ; les labiaux sont auriculés. Le dessous du
corps est coloré comme en dessus ; seulement les
Zoologie, t. 11. Xr,
258 ZOOLOGIE.
points jaunâtres ont plus d'intensité. Les bran-
chies forment sept panaches à huit laciniures
chaque.
Celte espèce habite les îles des Amis. Sa lon-
gueur est de quatre à cinq pouces. La peinture
ne peut que difficilement rendre l'éclat de ses
couleurs. Nous ferons observer qu'elle a de l'affi-
nité avec l'espèce précédente par sa mollesse, les
franges de son manteau et un peu parles couleurs.
DORIS SCABRE.
Doris scabra.
Cuvier, Annal, du Mus., t. IV, page 466.
PLANCHE l8, FIGURES I~4-
Doris, corpore ovali, coriaceo, convexiusculo ,
albo ; maculis violaceis , confluentibus irrorato ;
vélo marginali lacero; pede angusto.
Nous croyons devoir donner cette espèce dé-
crite par M. Cuvier, parce que nous l'avons ob-
servée et dessinée vivante. Le nom de Scabre lui
MOLLUSQUES. 259
vient de sa nature rugueuse et coriace comme
du cuir, mais ce caractère est commun à plu-
sieurs autres espèces. Le corps de celle-ci a trois
ou quatre pouces de longueur; il est ovalaire, un
peu bombé, régulièrement découpé sur ses bords,
d'un beau blanc, presque entièrement couvert de
taches très -rapprochées de couleur lilas foncé;
ce qui fait ressembler le dos de cet animal au
dessin de certaines indiennes. Le manteau est
blanc de lait en dessous. Le pied , assez rétréci , est
jaunâtre, bordé d'orpin clair et latéralement pi-
queté de brun. La bouche, fort petite, a ses ap-
pendices blancs. Les tentacules sont coniques , à
lamelles transversales ; leur gaine s'élève assez
haut , et leur pointe est jaune. Les branchies
forment cinq folioles découpées, à nervures brun
foncé sur un fond jaunâtre clair.
Cette Doris se trouve sur le récif de la petite
île de Panhi-Motou, à Tonga. Nous l'avons aussi
rencontrée à la Nouvelle-Guinée, à Vanikoro; elle
avait la fossette danslaquelle rentrent les branchies,
transverse, à bords saillants, jaunâtres, découpés
en denticules. C'est dans ce dernier lieu que nous
avons vu l'accouplement de deux individus. Le
plus petit, placé presque à angle droit de son
compagnon , avait relevé la partie antérieure de
son manteau. Les organes introduits avaient peu
de longueur et se désunirent facilement.
260 ZOOLOGIE.
DORIS SAIGNANTE.
Doris cruenta , nob.
ângoumam babi , par les Papous de Dorey.
PLANCHE l8, FIGURES 5-y.
Doris, corpore lato , subovali , piano , coriaceo,
margine undulato, albido; sfriisfuscis; maculis
rubris onusto.
Cette Doris , longue de trois à quatre pouces ,
est coriace , large , aplatie, un peu plus élargie en
devant qu'en arrière. Les bords de son manteau
sont ondulés, quelquefois même comme échan-
crés. Les tentacules sont ovalaires ; les appendices
labiaux presque cylindriques. Les branchies ont
cinq folioles subdivisées chacune en deux; leurs
vaisseaux forment comme des nervures brunes
sur un fond jaunâtre, ce qui donne à ces parties
l'élégance d'une feuille transparente.
Tout le corps, sur un fond blanc jaunâtre, est
couvert de petites stries simples ou ramifiées, très-
pressées, d'un brun foncé. Elles sont généralement
longitudinales. Quelques individus en avaient
MOLLUSQUES. 261
toutefois de transversales sur le milieu du dos.
Tout autour du manteau sont de larges taches
rouges de sang. Quelquefois il y en a deux ou
trois sur le haut du corps. Le dessous est d'un
blanc pur, avec quelques stries brunes et des ta-
ches rougeâtres.
Habite la Nouvelle-Guinée. Les taches routes
persistent dans l'esprit-de-vin. Quelquefois cepen-
dant elles disparaissent ; cette Doris pourrait alors
être prise pour la Scabre , dont: elle a la teinte
brune, si on n'examinait pas de près la disposi-
tion des stries qui la lui donnent. Ce sont ces es-
pèces à peau rugueuse qui , dans des mouvements
un peu brusques, perdent des portions de leur
manteau. Nous supposons que cette séparation a
lieu dans quelques pores aquifères , comme cela
s'opère sur le pied de la Harpe , ainsi que nous le
ferons connaître à son heu. Cette rigidité les fait
très -bien se conserver desséchées et même avec
certaines couleurs. Nous croyons qu'il y en a eu
de décrites dans cet état; ce qui doit avoir donné
lieu à de doubles emplois.
2G2 ZOOLOGIE.
DORIS PONCTUÉE.
Doris punctata, nob.
PLANCHE 1 8, FIGURES 8-IO.
Doris, corpore elongato , molli, piano ; postice
lato, subrubro; punctis rubentibus notato; ano
prominenti.
Espèce longue de deux pouces à deux pouces
et demi, allongée, subaplatie, molle, plus large en
arrière qu'en avant ; ayant tout le corps rougeâtre,
parsemé de points et de taches plus foncés de la
même couleur. Les parties latérales du pied sont
plus finement piquetées. L'anus fait parfois une
saillie considérable au milieu des branchies, qui
forment une étoile d'environ dix rayons foliacés.
Les tentacules sont laciniés.
C'est la seule Doris que nous ait fournie le ha-
vre Carteret , à la Nouvelle-Irlande.
MOLLUSQUES. 263
DORIS ÉOLIDE.
Boris eolidn , nob.
PLANCHE l8, FIGURES II-ï5.
Doris, corpore minimo , ovali, molli, subcon-
vexo, albo etrubro, punctato; tentaculis longis ;
postice fimbriatis ; dorso filamentoso .
Ce très-petit Mollusque, que nous avons trouvé
sur des fucus, en juin 1828, à cinquante lieues
de Vaigiou , par i° de latitude nord , nous paraît
susceptible d'ajouter aux divisions déjà établies
dans la famille des Doris. Son corps est ovalaire,
un peu bombé. Au dessus de la tête sont deux
longs tentacules frangés en ondes , en arrière seu-
lement. Tout le dos est couvert d'appendices qui
ressemblent aux branchies des Éolides , d'où ce
Mollusque a reçu son nom spécifique. Les ten-
tacules ne paraîtraient être que deux de ces fila-
ments un peu modifiés. Les branchies sont comme
dans les Doris , à la partie postérieure. Elles n'ont
pas moins de cinq folioles, et l'anus est proba-
blement au milieu ; car la petitesse de ce Mollusque,
qui n'a que deux lignes de long , ne nous a pas
264 ZOOLOGIE.
permis de nous en assurer, de même que de la
place qu'occupent les organes de la génération.
L'animal est tout blanc, marqué de quelques
taches rouges. Il est représenté grossi.
DORIS VIOLACEE.
Doris violacea , nob.
PLANCHE 19 , FIGURES 1-3.
Doris, corpore ovali, convexo , verrucoso , vio-
laceo et albido ; vélo marginali subtus maculis
violaceis notato.
Cette Doris est régulièrement ovalaire , épaisse,
à dos un peu élevé, couvert de tubercules à extré-
mités blanchâtres sur un fond violet sale. Le pied
est jaune, et le manteau marqué en dessous de ta-
ches rondes violacées. Les tentacules sont petits.
Ce Mollusque, assez apathique, ne s'étant point
développé, ne nous a pas permis de bien voir ses
branchies , qui sont cependant découpées , con-
fluentes , rouge brun foncé. Il est probable qu'elles
sont à cinq divisions. L'anus est allongé , son ex-
trémité est divisée en quatre languettes.
MOLLUSQUES. 265
Cette espèce , longue d'un pouce et demi à deux
pouces , habite la baie Jervis , à la Nouvelle-Hol-
lande. Elle a été retirée de neuf brasses de pro-
fondeur.
DORIS ORANGEE.
Doris aurca , nob.
PLANCHE 19, FIGURES 4~J •
Doris, corpore ovali, lœvi , convexo, toto au-
reo , albo punctato; tentaculis foliaceis.
Cette espèce est ovalaire, à dos élevé, arrondi,
lisse ; d'une belle couleur d'orangé vif velouté
dans toutes ses parties , parsemé en dessus de
quelques points blancs. Les tentacules sont assez
longs , olivaires , à lamelles transverses. Les bran-
chies ont cinq divisions très -finement ramifiées
et de la même couleur que le corps. La bouche
et ses appendices sont peu apparents. On aper-
çoit très-bien sous le manteau les ramifications des
vaisseaux , ce qui ne se voit pas dans toutes les
Doris.
Celle-ci habite, comme la précédente, la baie
Jervis , et se trouve par une assez grande pro-
fondeur. Sa longueur est d'un peu plus de deux
pouces.
266 ZOOLOGIE.
BORIS SALE.
Boris sordida , nob.
PLANCHE 19, FIGURES I2-l3.
Doris , corpore ovato-oblongo , verrucoso , con-
vexo, rigido , cineraceo , fusco notato.
Cette espèce a un peu la forme et la couleur d'une
Onchidie. Elle est légèrement coriace et a le dos
arrondi. Le manteau est large, débordant le pied ;
l'un et l'autre sont ovalaires. La bouche est sail-
lante; ses appendices sont fort petits. Toutle corps
est verruqueux , souillé de grisâtre et de blan-
châtre , avec deux ou trois taches brunes sur le
bord du manteau. La partie inférieure du man-
teau qui avoisine le pied , est d'un gris assez foncé.
Ce dernier est jaune, piqueté de brun très-clair.
Ce Mollusque habite l'Ile-de-France. On le trouve
sur les îlots aux Cerfs. Sa longueur est de deux
pouces et demi. C'est un de ceux qui a la faculté
de rompre et de rejeter des portions de son man-
teau.
MOLLUSQUES. 267
DORIS ENFUMÉE.
Doris fumosa.
PLANCHE ig, FIGURES l^-l'J.
Doris, corpore suborbiculari , piano , molli, tu-
beroso , fusco , rubente ; vélo marginali pellucido ;
tentaculis turbinatis , apice albis.
Cette Doris est presque orbiculaire , peu bom-
bée , très-molle , à manteau large, comme trans-
parent et ondulé sur les bords. Le dos est rugueux ,
bosselé, brun enfumé , marque de rougeâtre ; cette
dernière teinte s'étend sur le contour du manteau.
Le pied est d'un rosé sale , bordé de jaunâtre. Les
appendices buccaux sont très-courts et jaunâtres.
Les tentacules ont une forme conique; ils sont
bruns, et blancs seulement à la pointe. Les bran-
chies forment environ six faisceaux ramifiés, d'un
brun rougeâtre. En général, les teintes assez peu
déterminées que nous venons d'énumérer sont
très-légères et comme transparentes , ce qui tient
à la diaphanéité de l'animal. Son plus grand dia-
mètre est d'un pouce et demi à deux pouces.
Il habite l'Ile-de-France , et provient des îlots
aux Cerfs.
268 ZOOLOGIE.
DORIS GALONNÉE.
Doris lemnîscata , nob.
PLANCHE IC), FIGURES
E 19
8-II.
Doris, corpore elongato , angusto , planiasculo,
levé; postice acuto , caudato ; vittis aureis, vio-
laceis ornato ; branchiis lanceolatis , redis , den-
ticulatis.
Petite espèce de huit à dix lignes de longueur,
très-gentille, à consistance assez ferme, allongée,
peu large, comprimée, à manteau arrondi aux
extrémités , et dont le pied, terminé en pointe, le
dépasse de beaucoup. Les tentacules sont longs,
fusiformes. Les branchies, placées à l'extrémité du
manteau, forment un petit faisceau relevé , com-
posé de sept à dix folioles denticulées. Ces organes
et les précédents ont leur base violette et la pointe
aurore. Le dessus du dos est d'un beau blanc
d'émail. De chaque côté règne un ruban orangé,
bordé de laque ; puis vient une bande bleue vio-
lacée , qui s'élargit sur le devant et le derrière du
manteau. Le pied est d'un rougeâtre clair, violacé
sur les cotés; les appendices labiaux sont égale-
MOLLUSQUES. 269
lement violets à la pointe. Cette Doris est très-
vivace. Elle se trouve clans les lieux paisibles de
la rade du Port-Louis de l'Ile-de-France.
DORIS DE MAURICE.
Doris mauritiana , nob.
PLANCHE 20 , FIGURES 5-8.
Doris, corpore ovali , planulato , violaceo; ver-
rucis luteis onusto ; vélo margùiali vitta viola-
cea subtus notato.
Cette espèce a le corps ovalaire , assez mou ,
presque plane, les bords du manteau minces, un
peu crêpés. Le dos , sur un fond violet som-
bre , est couvert de verrues très -rapprochées,
irrégulières , d'autant plus petites qu'elles avoisi-
nent les bords. Au milieu elles forment par leur
réunion une ligne longitudinale, d'où partent de
petits prolongements. Ces excroissances sont jau-
nes, et ont au milieu une ligne ou un point vio-
lacé. Les tentacules sont en fuseau et les bran-
chies foliacées: elles sortent du milieu d'un bour-
relet à six découpures.
270 ZOOLOGIE.
La bouche est grosse et saillante, mais ses ap-
pendices sont si petits qu'on a de la peine à les
voir. Le pied est large , violacé au milieu, jaunâtre
sur ses bords. Le manteau porte en dessous, une
bande violette , interrompue à la partie posté-
rieure du pied; elle est accompagnée de larges
taches de la même couleur sur un fond jaune.
Cette Doris a de trois à quatre pouces de lon-
gueur. Elle habite à l'Ile-de-France sur les rescifs
qui avoisinent le poste de Flacq. Nous la devons à
notre ami M. Julien Desjardins, dans la collection
duquel elle se trouvait depuis environ quinze
jours; de sorte que l'ensemble des couleurs de ce
Mollusque n'était point encore assez altéré pour
qu'on ne pût bien le reconnaître d'après le dessin
que nous en avons fait sur les lieux.
DORIS MAGNIFIQUE.
Doris magnifiai , nob.
Robéfor, par les Papous de Dorey.
PLANCHE 20 , FIGURES l-/\-
Doris, corpore molle, ovato-oblongo, posticc
MOLLUSQUES. 27 1
aruto , caudato , vittis longitrorsum variegatis or-
nato; branchiis treclecim lamellatis , aureis.
Cette Doris, la plus élégante de toutes celles
que nous ayons vues, est ovalaire, allongée, très-
molle. Son manteau, presque plane, est arrondi
aux deux extrémités et dépassé de beaucoup en
arrière par le pied. Les tentacules sont presque
pyramidaux , avec des laciniures qui partent d'un
raphé médian. La branchie , placée à l'extrémité du
manteau sur une sorte de protubérance transverse,
se déploie en treize lamelles orangées, cylindriques
et laciniées , qui tendent à former deux groupes.
Les appendices buccaux sont cylindriques.
Le manteau est bordé de blanc; vient ensuite
une bandelette d'un bel orangé, puis une autre
noire, dont les bords sont bruns. Le dos a plu-
sieurs de ces bandes en long, mais entrecoupées.
Le dessous du manteau , les côtés du pied, offrent
à peu près la même disposition. Cette dernière
partie est blanche inférieureinent, avec une bor-
dure orangée. L'ouverture commune aux organes
de la génération est cerclée de jaune.
La longueur de cette espèce est de deux à trois
pouces ; une variété individuelle se distinguait par
des lignes entières , au nombre de trois , sur le dos,
le pied et au manteau. Les teintes dont ce Mol-
lusque est orné sont de nature diaphane et des
plus difficiles à rendre.
272 ZOOLOGIE.
Il habite la Nouvelle-Guinée. Ses mouvements
sont rapides.
DORIS RÉTICULÉE.
Doris reticulata , nob.
PLANCHE 20, FIGURES .Ç-H.
Doris , corpore minimo, ovali , piano , caudato,
leviter tuberculato, rubro , reticuiato ; branchiis
lanceolatis.
Très-petite espèce, de douze à quinze lignes de
longueur, ovalaire, à dos peu élevé, et dont le
pied dépasse le manteau. Tout le dessus du corps
est réticulé de rouge brun avec des taches de laque,
tandis que le dessous est d'un beau blanc; le pied
seul a son bord coloré de jaune. Les appendices la-
biaux, un peu pointus, sont aussi de cette couleur.
Les tentacules sont striés et jaunâtres; une rainure
joint les deux cavités qui les reçoit. Le contour de
la cavité branchiale forme une saillie assez élevée
à l'extrémité du manteau. Les folioles sont à douze
ou treize divisions, lancéolées, en forme de péta-
les. Leur couleur est jaune.
MOLLUSQUES. 27 .i
Cette Doris a des rapports avec la Flamtnulée,
dont on pourrait la prendre pour le jeune âge, si
ses branchies n'étaient pas complètement diffé-
rentes. On la trouve sur les récifs de Tongatabou.
DORIS ÉLÉGANTE.
Doris elegans , nob.
PLANCHE 20 , FIGURES \.1-l/\.
Doris y corpore minimo , rigido , subpris matico ,
piano , postice acuto , caudato , luteo ; fusco et
vio laceo lin eo la ta .
Cette Doris, de la taille de la précédente , pro-
vient aussi des mêmes lieux. Mais elle est rigide,
prismatique, plane en dessus, à pied dépassant le
manteau , qui est taillé brusquement à sa partie
postérieure , tandis que sur les côtés , ces deux
parties se distinguent seulement par une ligne
violette qui les sépare.
Le dos est jaunâtre, avec des points plus pâles
de la même couleur. Une strie brune forme un
écusson sur la tête , et se ramifie ensuite en ar-
Zoolagie. t. 11. 18
274 ZOOLOGIE.
rière. Deux autres occupent les bords du man-
teau, qui sont de couleur de laque, pointillés de
blanc. En dessous il est tacheté de violet et de
blanc, ainsi que le pied, dont le bord est liséré
de laque. Les tentacules sont transversalement
striés , jaunâtres , blancs à la pointe. Les bran-
chies forment un petit plumet à six divisions den-
ticulées , jaunes au milieu et violacées sur les
bords.
DORIS VEINEE.
Doris venosa.
PLANCHE 20 , FIGURES ID-16.
Doris, corpore convexo , ovali, molli, piloso ,
albido-cœruleato , lineis aureis ornato ; vélo mar-
ginali punctis nigris postice notato.
Après avoir dessiné, dans la collection de M. Ju-
lien Desjardins, à l'Ile-de-France, cette Doris
dont les couleurs n'étaient pas trop altérées, nous
avons reconnu, à notre arrivée à Paris, que c'était
la même qu'une espèce inédite indiquée au Jardin
du Roi sous le nom de Venosa et provenant du
MOLLUSQUES. 275
même lien. Les poils et la couleur des veines
avaient disparu par une longue macération.
Ce Mollusque, long d'un à deux pouces, a le
corps mou, ovalaire, un peu élevé en dessus , cou-
vert de poils très-déliés , assez longs et rigides. Sa
couleur est d'un blanc bleuâtre au milieu , jau-
nâtre sur les bords avec des linéoles d'un orangé
vif, dont la plupart sont longitudinales, quoiqu'il
y en ait de dirigées dans tous les sens. La partie
postérieure du manteau est marquée de trois
points noirs ou bleu foncé qui paraissent con-
stants. Le manteau recouvre entièrement le pied,
qui est un peu rétréci et bordé d'orangé.
Les tentacules et les branchies étaient telle-
ment enfoncés dans leurs fossettes que nous ne
pouvons indiquer leur forme. Ils paraissaient noi-
râtres.
Cette Doris fut trouvée sur les récifs du poste
de Flacq.
18*
270 ZOOLOGIE.
Genbe SCYLLÉE. — Scyllœa, Linné.
SCYLLÉE DE GHOMFODA
Scyllœa ghomfodensis.]
Cuvier , Annales du Mus. ; an Scyllœa pelagica ?
Linn. Gmel. , page 3i47 , nS.
Forskal , Faim. arab. , page io3.
Blainviile , Dict. des se. nat. , t. XL VIII, page ilg.
PLANCHE 21, FIGURES 1-5.
Scyllœa, corpore elongato , compresse) , apice
acuto, subflavo , punctis ferrugineis irrorato ; pa-
pillis albis ad latera.
Nous nous sommes attachés à dessiner avec le
plus de précision possible une Scyllée vivante,
afin de voir s'il existe des caractères susceptibles
d'établir plusieurs espèces ; mais n'ayant point
examiné un grand nombre de ces animaux, nous
sommes encore dans le doute à cet égard, et forcés
de laisser à celui-ci le nom qui se trouve le plus
en rapport avec une description connue. Celle
MOLLUSQUES. 277
en effet de la Scj liée Ghomfoda, que Forskal a dé-
couverte , convient parfaitement à la nôtre. Quoi
qu'il en soit, l'animal a la tète élevée, le mufle
saillant, évasé, ainsi que le contour de la bouche,
qui est en fera cheval et festonné. Son ouverture
estovalaire, longitudinale. Ces parties sont distinc-
tes et séparées du pied par une rainure transverse.
Celui-citrès-comprimé, canaliculé, terminé par une
pointe , ne se distingue pas du manteau. Les deux
auriculescéphaliques sont aplaties, ailées vers leur
extrémité, puis dilatées en cornet d'où sort un pe-
tit prolongement lacinié, qui est, selon M. de
Blainville, le vrai tentacule. Les deux paires d'ap-
pendices latéraux , qui servent à la locomotion et
portent les branchies, sont aplaties, découpées à
leur extrémité, et recouvertes en dessus seule-
ment d'arbuscules pulmonaires. Il en existe de
semblables à la partie postérieure du corps , la-
quelle est irrégulièrement renflée au dessus du
pied. Il existe sur les flancs une ligne de six à dix
petits tubercules blancs. Nous n'avons point vu
de traces d'yeux.
Le corps est entièrement fauve, avec des points
rouge brun irréguliers sur les côtés, et formant
deux lignes latérales sur le dos et une le long de
la dilatation des auricules tentaculaires.
Cette Scyllée un peu grossie provient des envi-
rons de Timor. Elle habitait des fucus. Celle du
naturaliste suédois fut trouvée dans la mer Rouge.
278 ZOOLOGIE.
Il est difficile de reconnaître pour une Scyllée
celle qui est figurée dans le voyage du capitaine
Krusenstern. Pour tout ce qui concerne les Mol-
lusques , le dessinateur et le graveur de ces plan-
ches se sont trop laissé aller à leur imagination.
MOLLUSQUES. 279
Genre GLAUCUS, G/aucus , Fors ter.
GLAUCUS DE FORSTER.
Glaucas Fors te ri.
(JiiHcus atlanticus. Blunicub. , fig. cl'Hist. Nul., pi. 4#-
Pérou. A.IH). du Mus. i5, pi. 3, fig. g.
PLANCHE 21 , FIGURES 6-1 4-
Après avoir examiné un assez bon nombre de
Glaucus, nous pensons avec M. de Blainville et
Cuvier, qu'il n'en existe encore qu'une seule
espèce de connue, et que les différences que
peuvent présenter quelques individus sont de
simples variétés. Nous avons cherché à forti-
fier cette opinion par trois études de ces animaux,
différant assez les unes des autres pour que l'une
d'elles pût être facilement érigée en espèce sous
le nom de Brevicaudatus , si nous ne tenions
moins à créer de nouvelles dénominations qu'à
éclaircir un fait.
Depuis long-temps on avait d'assez bons des-
sins de ces élégants Mollusques ; mais il apparte-
nait à M. de Blainville d'assigner la place qu'ils
280 ZOOLOGIE.
devaient occuper, et de démontrer qu'on les re-
présentait renversés, nageant sur le dos; position
en effet qu'ils affectent constamment , qui leur
est naturelle , et qu'ils cherchent péniblement à
reprendre lorsqu'on le§ en détourne. La colora-
tion vive de leur pied indique aussi son exposi-
tion prolongée à la lumière, tandis que le dos
qui est dans l'ombre est blanc. Nos figures les re-
présentent dans ce sens ; ainsi donc il faudra
supposer par la pensée que les ouvertures qui pa-
raissent à gauche appartiennent réellement au
côté droit de l'animal.
On a justement comparé les Glaucus à de pe-
tits Lézards nageant à la surface des ondes, ce
qu'ils doivent moins à leur agilité qu'à la forme
allongée, cylindrique de leur corps, à leur queue
grêle , et aux trois paires d'appendices en pa-
lette qui portent les branchies. Ces six prolonge-
ments latéraux ne manquent jamais, et nous n'en
avons point vu le nombre porté à huit. On aura
sans doute pris pour tels quelques lanières bran-
chiales de la queue, un peu plus écartées que de
coutume de leur support, ainsi qu'on peut le voir
sur un des individus de nos planches. Mais nous
ne pensons pas qu'il faille établir pour cela une es-
pèce sous le nom iVOctopterygius. On remarquera
également quelque différence dans l'arrangement
des branchies, la brièveté de la queue et surtout
la. coloration. En effet, il y en a un d'un bleu d'in-
MOLLUSQUES. 281
digo on dessous. Le pied est largement bordé de
bleu très-foncé. Ces deux lignes en se réunissant
en arrière couvrent entièrement la queue. Trois
autres de chaque côté partant des bras viennent y
aboutir et forment comme une triple croix. Elles
n'existent pas toujours, comme on peut le voir,
tandis que celles du pied sont constantes. Nos
deux autres Glaucus sont d'un blanc nacré; le
plus petit a l'extrémité des branchies bleue. Cette
nacre dont ils sont recouverts n'est qu'un pig-
mentant qui s'enlève au moindre contact.
Les branchies servent à la locomotion comme
toutes les parties du corps, qui entrent en con-
traction et se tortillent sur elles-mêmes, pour
peu qu'on excite ces Mollusques. Il n'est pas rare
de voir alors des lanières se détacher de l'extré-
mité des bras qui les supportent. Quant au nom-
bre, il est fort variable: nous en avons compté de
vingt à vingt-deux de chaque côté à la première
paire , seize à la seconde, huit ou neuf à la troi-
sième, et quelquefois trois ou quatre à l'origine
de la queue.
On est convenu de prendre ces digitations pour
des branchies. Nous n'avons point fait de recher-
ches pour nous fixer à cet égard. Nous avons
seulement reconnu que chaque lanière était com-
primée à sa base, cylindrique dans le reste de
son étendue, creuse, contenant une substance
282 ZOOLOGIE.
d'un brun jaunâtre formant une ligne tres-on-
dulée.
La bouche est terminale, ovalaire, à ouverture
verticale pourvue de deux pièces cornées , échan-
gées en arrière et formant en devant une calotte
demi-sphérique. L'orifice de la génération avoi-
sine à droite la première paire d'appendices.
Nous n'avons pu voir les deux ouvertures qu'a
figurées M. de Blainville. Chez quelques individus
la verge était sortie. Elle est très-longue , simple,
terminée par un crochet noir corné, présentant un
talon à sa base, d'où part le canal déférent ex-
trêmement délié, et qui, sous la forme d'un con-
duit ondulé, se continue dans toute la longueur
de l'organe excitateur. Le testicule serait un corps
considérable, jaunâtre , formé de granulations. Les
œufs sortent agglutinés à la file, sous forme de
petits filaments longs de deux lignes. Ils étaient
rejetés en assez grand nombre dans le vase. L'a-
nus avoisine à droite la base du dernier appen-
dice branchial.
D'après ces données fort incomplètes, nous
avouons que ces animaux par leur mollesse à l'ins-
tant de la mort , et surtout par leurs violentes con-
tractions, qui en resserrent toutes les parties , sont
d'une difficulté extrême à anatomiser, surtout à
bord d'un vaisseau où l'on n'a ni la fixité ni la lu-
mière convenables pour ces sortes de travaux.
MOLLUSQUES. 283
Les individus qui font le sujet de ces observa-
tions ont été pris dans l'Océan atlantique , pen-
dant les mois de juillet et d'août, les uns par 70
de latitude Nord, d'autres par 3o°de latitude Sud.
284 ZOOLOGIE.
Genre BRIARÉE. — Briarœa , nob.
Animal pélagien , gélatineux , transparent , aplati,
seolopendriforme , pourvu d'un bouclier cépha-
lique , divisé en deux parties : l'antérieure dilatée ,
bifurquée , portant deux points noirs qui sont pro-
bablement des yeux ; de la postérieure , plus
considérable, partent deux longs tentacules séti-
formes. Corps terminé par une queue déliée, et
pourvu de chaque côté d'un grand nombre d'ap-
pendices branchiaux bifurques. Bouche arrondie ,
membraneuse, donnant dans un intestin rétréci à
son origine.
BRIAREE SCOLOPENDRE.
Briarœa Scolopcndra , nob.
PLANCHE 21 , FIGURES 21-24-
Briarœa, corpore piano , elongato , triangulari,
lujigicaudato , molli, translucido , albo; tentaculis
setosis rujïs , punctatis .
C'est avec doute que nous plaçons parmi les
Mollusques cet animal pélagien ; car, malgré toute
MOLLUSQUES. 285
l'attention que nous avons mise à l'étudier, nous
n'avons pu distinguer évidemment les organes qui
pourraient le faire ranger dans cette classe. Nous
appelons donc l'attention des voyageurs à cet égard.
En attendant, nous pensons que ce genre établit
le passage entre les Mollusques et les Articulés
chétopodes.
Le Briarée tient un peu du Glaucus; il porte
comme lui une double dilatation céphalique, avec
deux paires d'appendices ; les antérieurs aplatis ,
triangulaires; les postérieurs plus développés,
et donnant naissance à deux longs tentacules
rigides comme des soies , se portant latérale-
ment. Entre les dilatations sont deux points
noirs qu'on peut considérer comme des yeux. Le
corps est très-long , un peu aplati, terminé par
une queue déliée et ondulée. De chaque coté
partent des appendices successivement décrois-
sants, au nombre de vingt-quatre à vingt-cinq,
comprimés aussi et bifurques à leur extrémité,
qui est légèrement frangée. Ces organes, qu'on
peut considérer comme des pieds-branchies, sont
creux et communiquent avec l'abdomen. On voit
dans la longueur de ce dernier un canal digestif
droit, qui commence à une bouche inférieure,
charnue , un peu saillante , se renfle en un œso-
phage très-court, et se continue ensuite jusqu'à
l'extrémité du corps.
A travers les téguments on remarque dans l'ab-
286 ZOOLOGIE.
domen un grand nombre d'ovules arrondis , plus
pressés vers la queue , se portant même quelque-
fois dans les branchies. Ce n'est même que par
ces globules que nous avons vu qu'elles étaient
creuses. La transparence de cet animal était telle
que nous n'avons pu rien découvrir de plus ,
pas même le cœur, dont les mouvements s'aper-
çoivent toujours , quelle que soit la diaphanéité
des êtres pélagiens qui en sont pourvus. Tout le
corps est blanc ; les tentacules sont rouge-brun ,
ponctués de la même couleur. De semblables ta-
ches existent sur les côtés de l'œsophage.
Nous avons possédé vivant , pendant huit heures ,
ce singulier animal , nageant toujours avec une
grande vitesse, qu'il redoublait au moindre con-
tact. Il s'est quelquefois roulé sur lui-même dans
la position où il a été représenté par le dessina-
teur, M. de Sainson. Le défaut de renouvellement
de l'eau de mer le fit mourir. Sa longueur est de
trois à quatre pouces.
Il habite la Méditerranée près le détroit de Gi-
braltar. Nous le devons à M. Gressien , officier
de Y Astrolabe, qui mettait beaucoup d'obligeance
à nous procurer les animaux que la mer recèle.
Nous en avons observé un autre individu , infi-
niment plus petit , dans le Grand-Océan austral.
MOLLUSQUES. 287
Genre ÉOLIDE. — Eolidia, Cuvier.
ÉOLIDE ANNELÉE.
Eolidia annulât a , nob.
PLANCHE ai, FIGURES I3-l8.
Eolidia, corpore ovato; apice acuto ; branchiis
numéros is , cylindricis , extremitate flavo et ni-
gro annulatis ; tentaculis basifusco punctatis.
Cet individu a huit à dix lignes de longueur; il
est ovalaire, un peu pointu en arrière. Des quatre
tentacules supérieurs , les labiaux sont les plus
longs et se roulent volontiers sur eux-mêmes. Les
postérieurs portent à leur base de petits yeux noirs.
La bouche , assez saillante , est séparée du pied
par un sillon. La partie antérieure de ce dernier
s'élargit en forme d'auricules , qui simulent deux
tentacules.
De chaque côté des tentacules supérieurs , on
remarque une sorte de roue bordée de noir et
garnie de très -petites branchies ne ressemblant
pas mal à une paire de lunettes. Le reste du corps
288 ZOOLOGIE.
est couvert de branchies simples , cylindriques ,
placées sur deux rangées latérales. On ne peut
bien voir cette disposition qu'après la mort et par
la macération dans la liqueur, car du vivant de
l'animal , ces lanières paraissent distribuées sans
ordre. Elles sont, ainsi que tout le corps, d'un
blanc pur, excepté à leur pointe, entourée de deux
anneaux qui se touchent , dont l'un est jaune et
l'autre noir.
Ce Mollusque habite le port Dorey, à la Nou-
velle-Guinée.
ÉOLIDE LONGUE-QUEUE.
Eolidia longicauda , nob.
PLANCHE 21 , FIGURES 19-20.
Eolidia, corpore elongato , gracili , mollissimo ;
apice acuto , caudato , subtus fusco ; branchiis
pluriserialibus.
Les plus grands individus de cette espèce attei-
gnent deux pouces; et la longueur de la queue
MOLLUSQUES. 289
est d'au moins six lignes. Le corps est long, mince ,
débordé de chaque côté par le pied , qui est ondulé ,
pointu , finissant en queue; il est blanc, diaphane,
et présente en dessus un petit raphé. En avant il
est séparé de la bouche par un sillon transverse.
Les tentacules, au nombre de quatre, sont gros,
fusiformes, pointus. Les supérieurs , plus longs,
se touchant par leur base, prennent au sommet
de la tète; les inférieurs plus écartés, un peu au
dessus de la bouche. Il n'y a point d'yeux.
Les branchies sont sur plusieurs rangées laté-
rales au dos. Chaque lame est allongée, subapla-
tie , offrant dans son intérieur une sorte de canal
rempli d'une matière brune, et sur le côté des plis
comme dans la plupart de ces organes. Le cœur
est placé sur le dos, avoisinant la tète. Derrière
lui et à droite est l'anus , qui a quelquefois l'as-
pect d'une rosette. L'ouverture génitale est en-
tre les deux tentacules du côté droit. On remar-
que entre le pied et les branchies , au travers de
la transparence des téguments, un ovaire jaunâ-
tre parsemé de points rouges.
Le haut de la tète est d'un jaune rougeâtre; le
dessus du dos brunâtre, ainsi que la masse des
branchies. Le reste du corps est blanc.
Ces Mollusques sont doués d'une assez grande
activité ; les mouvements du cœur sont vifs et con-
tinus. Leur mollesse est telle qu'on ne peut bien
observer leurs formes que dans l'eau, qui en sou-
Zonlogîe. t. u. iq
290 ZOOLOGIE.
tient et développe toutes les parties; autrement
elles retombent sur elles-mêmes et s'agglomèrent
par la viscosité qu'elles laissent suinter. Aussi ces
animaux n'abandonnent-ils jamais les fucus ou au-
tres corps qui leur servent d'abri. Une fois dans
la liqueur, tout caractère spécifique disparaît.
Trouvé dans le détroit de Cook , à la Nouvelle-
Zélande.
MOLLUSQUES. 291
Genre PIIYLL1DIE. — Phyllidia, Cuvier.
PHYLLIDIE NOIRE ET BLANCHE.
Phyllidia albo-nigra , nol).
PLANCHE 21 , FIGURES 2Ô'-27.
Phyllidia, corpore elongato , oyali, piano, ri-
gidi, tuberculato , nigj'O , albido maculato.
Les Phyllidies sont des animaux extrêmement
coriaces, tellement apathiques que nous ne leur
avons jamais vu le moindre mouvement, et qu'ils
paraissent comme morts. Peut-être sont-ils noc-
turnes. Ceux que l'on connaît sont ornés de cou-
leurs très-vives. Ce qui les distingue surtout, c'est
la mauvaise odeur qu'ils exhalent; et si l'on était
en doute sur la nature du genre , ce caractère
suffirait pour le faire reconnaître.
Notre nouvelle espèce n'a qu'un pouce de lon-
gueur; elle est presque plane, allongée, rétrécie.
Ses verrues sont peu saillantes ; ses tentacules su-
périeurs , courts, noirs et coniques; les inférieurs
sont représentés par de simples tubercules. Le
*9*
292 ZOOLOGIE.
dos est noir , irrégulièrement tacheté de blanc
bleuâtre. En dessous, le manteau et le pied sont
gris et piquetés de noir.
Elle habite l'île de Tonga.
PHYLLIDIE TROIS-LIGNES.
Phyllidia trilineata.
Cuvier, Annales du Mus., t. V, page 268, pi. 18,
fig. i-4-
Lamarck , Anim. s. v. , t. 6 , ire part. , page 3 1 5.
Quoy et Gaimard, Zoologie de V Uranie , pi. 87, fig.
7-10.
PLANCHE 21 , FIGURE 2 5.
Phyllidia, corpore ovali , convexo , coriaceo;
dorso nigricante, variciùus longitrorsum subno-
dosis luteis ; vitta Jiigra infra pedem.
C'est pour ajouter ce qui manquait à cette
espèce, déjà figurée dans notre premier voyage,
que nous la reproduisons ici avec tout l'éclat de
ses couleurs , prises sur un individu vivant.
MOLLUSQUES. 293
Toute la partie supérieure du corps est garnie
de tubercules formant plusieurs lignes longitudi-
nales d'un jaune orangé, relevés par de belles
bandes de couleur bleu de ciel , entre lesquel-
les se trouvent des lignes d'un noir velouté.
Le dessous du pied est bleuâtre , avec une ligne
médiane noire , qui n'existe pas chez tous les in-
dividus. Sous l'eau de mer, ces couleurs pren-
nent un moelleux qu'il est impossible au pinceau
de rendre.
Cette Phyllidie provient du havre Carteret, à la
Nouvelle -Irlande. On la trouve aussi dans plu-
sieurs autres lieux.
294 ZOOLOGIE.
Genre PLEUROBRANCHE.- P le uro branchas, Cuv.
PLEUROBRANCHE MAMELONNÉ.
Plcurobranchus mamillatus , nob.
PLANCHE 22 , FIGURES 1-6.
P leuro branchas , corpore maximo , molle , sub-
orbiculato , caudato , va/de tuberculoso , fasco et
rubro variegato ; maculis semicircularibus , sub-
rubris desuper.
Grande espèce , ayant quelquefois plus de cinq
pouces de longueur, très -mollasse, remarquable
par l'éclat et l'arrangement de ses couleurs, ses
longs tubercules et le défaut de pièce cornée dans
l'épaisseur du dos.
Son manteau, très-ondulé sur les bords, forme
en avant une pointe en cœur, sous laquelle sor-
tent deux tentacules en cornets toujours roulés
et serrés, réunis par la base, où sont placés deux
très -petits yeux, le plus souvent cachés par l'a-
vance du manteau. Ces deux tentacules re-
posent sur un large chaperon arrondi, qui re-
couvre lui-même une grosse trompe , courte , où se
MOLLUSQUES. 295
trouve l'ouverture de la bouche. Les bords de
celle-ci sont arrondis en bourrelets, garnis de deux
plaques membraneuses à petits carreaux. Dans
l'angle qu'elles forment se trouve placé un court
ruban lingual.
Le pied, fort large, arrondi, à sillon marginal
en avant, dépasse de beaucoup le manteau en
arrière. Il faut le soulever à droite pour voir la
grande branchie , qui est libre seulement par sa
pointe. Elle est formée de folioles alternes, elles-
mêmes ramifiées et très-serrées. Au devant d'elle
sont les ouvertures de la génération. La posté-
rieure est celle de l'oviducte; l'antérieure est pour
la sortie de l'organe excitateur, représenté ici tel
qu'il était sur l'animal vivant, entouré de folioles
palmées et découpées. L'anus est au bout d'un
tube très-court vers l'extrémité de la branchie.
Le dos est hérissé de gros tubercules coniques,
bariolés de brun et de jaune. Les intervalles sont
nuancés de brun rougeâtre et de jaune , avec des
taches d'un beau brun. On voit çà et là des crois-
sants couleur de laque, ombrés de rougeâtre. Les
tentacules et le chaperon céphalique sont d'un
brun rouge sombre. Le reste de l'animal est lé-
gèrement jaunâtre.
Ce beau Mollusque habite la rade du Port-Louis,
à l'Ile-de-France. Il s'avance même jusque dans le
port. Il avale d'assez gros graviers au milieu des-
quels il trouve, comme les Holothuries, les ani-
296 ZOOLOGIE.
malcules propres à l'alimenter. Malgré sa mollesse,
on peut le conserver vivant pendant vingt-quatre
heures, en ayant le soin de le changer d'eau
fréquemment.
PLEUROÎÏRA.NCHE DE PERON.
Pleurobranchus Peronii.
Cuvier, Ann. du Mus. , t. V, pi. 18 , fig. 1-2.
PLANCHE 22, FIGURES 7-IO.
Pleurobranchus , corporc ouata, convexo, molli,
apice elongato ; tiiberculls planis, rotuiulis , au-
rant lacis.
Nul doute que ce Mollusque ne soit de la même
espèce que celui qui a servi à M. Cuvier pour
établir et caractériser ce nouveau genre. Toute-
fois, après son séjour dans l'alcool, sa couleur et
ses formes extérieures sont tellement changées
qu'on aurait de la peine à le reconnaître. C'est
pour remédier à cet inconvénient, qui peut por-
ter à multiplier inutilement les espèces, qu'en par-
MOLLUSQUES. 297
tant de France nous adoptâmes un système suivi
de dessins faits sur le vivant , que nous n'avons
jamais négligé , toutes les fois qu'il nous a été
possible de le faire , sur les individus même les
mieux connus.
Et pour ne parler ici que du Mollusque qui
nous occupe, nous dirons que le brillant pigmen-
tum rouge qui recouvre sa peau tuberculeuse,
disparaît lorsqu'on le lave ou qu'on le touche trop
souvent , pour faire place à une teinte jaunâtre.
Le Pleurobranche de Péron est ovalaire, bombé;
son manteau, échancré en avant, est très-dépassé
en arrière par le pied. Le bouclier céphalique est
un peu bilobé. Les yeux sont plus distincts que
dans l'espèce précédente , quoiqu'elle soit beau-
coup plus grande. La pièce cornée dorsale est
mince et très-délicate. Les ouvertures et labranchie
demeurent toujours cachées dans la gouttière que
forment le pied et le manteau. Les tubercules qui
couvrent le dos sont très-rapprochés, ronds et peu
saillants. Chacun d'eux, sur un fond rouge, est en-
touré d'un anneau couleur de laque foncée , avec
un point au milieu. Les côtés du pied sont aussi
ponctués de cette couleur.
Ces animaux sont assez communs sur les ré-
cifs du Port-Louis , à l'Ile-de-France. Ils avaient
de très-gros graviers. Leur consistance mollasse se
conserve toujours telle, même dans l'esprit-de-vin
le plus fort. En les maniant, leurs viscères se rom-
298 ZOOLOGIE.
pent, se font jour au dehors en diffluant entre les
doigts. Leur grandeur est de deux à trois pouces.
Leur couleur varie d'intensité et devient quelque-
fois sombre. En général les mouvements de ces
Mollusques sont plus lents que ceux des Doris.
PLEUROBRANCHE CORNU.
Pleurobranchus cornutus , nob.
PLANCHE 22, FIGURES 20-24*
Pleurobranchus , corpore minimo, molle , ovato;
apice acuto, caudato , fusco - rubente ; appendi-
cibus buccœ longis ; pede supra fusco lemniscato .
Très -petite espèce, qui n'a que dix lignes de
longueur, remarquable par la forte échancrure an-
térieure de son bouclier, dans laquelle passent les
deux tentacules, dont le gauche était plus long;
ce qui peut n'être qu'accidentel. Le chaperon cé-
phalique forme deux auricules écartées comme
deux, cornes , d'où nous avons tiré le nom de ce
MOLLUSQUES. 299
Pleurobranche. La bouche est saillante. Le pied
dépasse le manteau en arrière; tous deux forment
un ovale un peu pointu. Nous avons remarqué
que ce Mollusque relevait un peu l'extrémité de
son manteau, de manière à lui faire former comme
une gouttière en dessous. Tout le corps est rou-
geâtre, couvert de tubercules violacés un peu jau-
nâtres. Une bande brune borde la face supérieure
du pied.
Cet individu, qui est peut-être un jeune âge , a
été trouvé sur la rive gauche de la rade d'Amboine.
PLEUROBRANCHE PONCTUÉ.
Pleurobranclms punctatus , nob.
PLANCHE 22, FIGURES l5-IC;.
P ieuro branchas , corpore molle , ovato, piano;
postice subrotundo , lœve , aurantiaco, duabus li-
neis albis punctato ; tentaculis longis.
Ce Mollusque a le corps allongé, plane en des-
sus dans l'état ordinaire, arrondi en avant et en
300 ZOOLOGIE.
arrière, où il est plus large. Le manteau recouvre
le pied seulement sur les côtés ; et en arrière , c'est
le pied qui dépasse. Le chaperon est large , arqué,
terminé par deux pointes obtuses. Les tentacules
sont proportionnellement fort longs. La bouche
n'étant point apparente sur le vivant , il faut pres-
ser pour la rendre évidente. La branchie est fixée
dans presque toute son étendue. L'ouverture anale
est à son extrémité , et les ouvertures communes
aux organes de la génération sont à sa racine , sur
un petit renflement.
Tout le corps, lisse, est du plus bel orangé, mar-
qué en dessus de deux lignes latérales de points
blancs. Les tentacules et le chaperon ont sur leur
longueur une strie orangée plus foncée , tandis
que le pied présente sur sa tranche antérieure un
sillon d'une teinte plus claire. Une tache brune
visible au dos et au pied , au travers des tégu-
ments, indique la position des viscères.
La longueur de ce Mollusque est d'un à deux
pouces. Nous l'avons représenté dans deux de ses
positions extrêmes. 11 est très-vivace. On l'a amené
de neuf à dix brasses de profondeur dans la baie
Jervis, à la Nouvelle-Hollande. Il vit avec des Do-
ris qui sont de sa couleur. Un individu avait une
teinte plus claire d'orangé.
MOLLUSQUES. 301
Genre PLEUROBRANCHIDIE. —Pleurobranchi-
dium , Blain ville.
PLEUROBRANCHIDIE MACULÉE.
Pleurobranchidium maculatum , nob.
PLANCHE 22, FIGURES II-l4.
Pleurobranchidium, corpore subovali , molle,
convexo , rugoso , squalide albido , fusco , punc-
tato ; cljpeo cephalico , cornuto , crenulato.
M. Meckela formé le genre Pleurobranchœa sur-
un Mollusque de la Méditerranée , qui est évi-
demment le même que le Pleurobranche balëa-
rique de Laroche, et dont M. de Blainville a fait
le genre Pleurobranchidie. La Nouvelle-Hollande
nous a donné l'espèce suivante , qui n'était point
encore connue.
Son corps est épais, un peu bombé en dessus.
Le pied est large , arrondi aux deux extrémités,
et dépassant le manteau en arrière. Celui-ci n'est
qu'un repli de la peau , qui finit sur les côtés du
pied et n'est plus distinct à sa partie postérieure.
302 ZOOLOGIE.
Le bouclier céphalique, continu avec le manteau,
est large , en arc , crénelé et terminé par deux
pointes. Il est surmonté en arrière de deux ten-
tacules courts, auriformes.
La branchie", fusiforme , libre à sa pointe, for-
mée de folioles parallèles et obliques , est le plus
souvent à découvert. A sa racine sont les deux
ouvertures propres à la génération , ressemblant
à une rosette. L'organe excitateur ^ presque tou-
jours sorti , est gros et long de quatre à cinq
lignes. L'anus s'ouvre au dessus et vers la moitié
de la branchie. La bouche est à l'extrémité d'une
petite trompe qu'environne un bourrelet muscu-
laire, et cachée entre le pied et le bandeau frontal.
On verra dans nos dessins les diverses formes qu'est
susceptible de prendre cette sorte de voile.
Ce Mollusque est couvert de rugosités peu éle-
vées. Sa couleur est un blanc sale , taché de brun
clair. Le pied est jaunâtre en dessous.
Il habite le port Western, la baie Jervis et toute
cette partie australe de la Nouvelle-Hollande. Nous
l'avons obtenu de neuf à dix brasses de profon-
deur, sans jamais le rencontrer sur le rivage.
MOLLUSQUES. 303
Genre APLYSIE. — Ap/jsia, Linné.
( Division des Dolabelles. )
APLYSIE DE RUMPH , variété.
Aplysia Rumphii.
Runiph, Mus. , t. XL , fig. 12.
Idem , Tlies. amb. , pi. X , 6.
Rang , Hist. des Aplys. , pi. 1.
Mourioné, parles habitants de Tonga.
PLANCHE 23 , FIGURES 4"5-
Aplysia, corpore ovato-conico , virescente , lu-
teo etfusco maculato ; papillis numerosissimis ,
fimbriatis.
Cette Aplysie a été dessinée vivante. Nous lui
avons trouvé tant de rapports avec celle de Rumph,
reproduite par M. Rang dans sa Monographie de
ce genre, que nous n'hésitons point à la regarder
comme une variété de la même espèce. Toutefois
nous pensons qu'un bon dessin pourrait seul con-
firmer notre opinion, puisque nous ne possédons
304 ZOOLOGIE.
pas les animaux pour les comparer. Malheureu-
sement, dans deux relâches à Amboine, aucun de
ces Mollusques ne s'est offert à nous. Nous n'avons
point cité la Synonymie de M. Cuvier, parce que
nous sommes presque certains que l'espèce qui a
servi à ses anatomies n'est pas celle de Rumph.
Péron l'avait rapportée de l'Ile-de-France, et nous
l'avons retrouvée également dans ce lieu. C'est
celle que M. Rang a fait connaître sous le nom
de Hasseltii, qui habite aussi Java et dont nous
reproduisons une variété. Mais , comme l'a très-
bien fait observer M. Cuvier pour ces animaux,
on est exposé à beaucoup d'erreurs lorsqu'on
opère sur des individus macérés et décolorés par
l'esprit-de-vin. C'est dans un but d'utilité que
nous ajoutons à nos espèces nouvelles quelques-
unes déjà connues que nous avons observées et
dessinées vivantes.
Cette variété a de sept à huit pouces de lon-
gueur; son corps est conique, un peu arrondi; sa
tète bien distincte. Les appendices labiaux sont
très-élargis en cornet, et les tentacules pointus.
Toutes ces parties sont recouvertes de longs tu-
bercules frangés et laciniés. La couleur générale
est un vert de mer un peu sale, avec des tein-
tes brunes ou jaunes. Le dessous du pied est
jaunâtre.
La coquille est calcaire, large, en hache, ru-
gueuse à sa base. Cette partie de l'animal ne peut
MOLLUSQUES. 305
fournir que des caractères très-secondaires , qui
se ressemblent dans les grands individus.
Ce Mollusque est très-commun sur la plage de
la petite île île Pangaï-Modou, à Tonga-Tabou.
Nous lavons quelquefois pris pour des thalassio-
phytes ou des polypiers flexibles qui tapissent les
récifs. Il supporte assez bien la chaleur pour résis-
ter à sec, dans l'espace de deux marées, à l'action
d'un soleil des tropiques.
APLYSIE DE TONGA.
Aplysia tongana , nob.
PLANCHE 23 , FIGURES 6 et n.
Aplysia, coi pore conico , cylindraceo, tuber-
culato , glauco.
Cette espèce est un peu moins grande que la
précédente; sa forme est plus allongée, un peu
cylindrique; ses auricules sont moins évasées, et
les papilles sont remplacées ici par de petits tu-
bercules arrondis, fort peu élevés , qui disparais-
sent même par le séjour dans la liqueur. Sa cou-
leur est généralement glauque. Bien qu'elle habite
Zoologie, t. ii. 20
30(î ZOOLOGIE.
avec la précédente, on ne peut point la confondre
avec elle , encore moins la prendre pour un
jeune âge, puisqu'elle avait de six à sept pouces
de longueur.
L'osselet calcaire est assez petit, blanc, con-
tourné, portant une tache brune vers le milieu de
sa grande courbure , caractère qui n'est peut-être
qu'accidentel.
APLYSIE D'HASSELT, variété.
Aplysia Hasseltii, var.
Rang., Hist. Nat. des Aplysiens, pi. 24.
PLANCHE 23, FIGURES 1-3.
Aplysia, corpore inaximo , valde conico , trun-
cato ; tuberculis Jîmbriisque onusto , squalide
glauco, maculis fuscis et luteis variegato.
M. Rang, dans une belle Monographie des Aply-
siens , a représenté une espèce dessinée à Java
par feu Van Hasselt. Elle a tant de rapports avec
une Aplysie que nous avons observée à l'Ile-de-
France, que nous ne doutons pas qu'elle n'en soit
MOLLUSQUES. 307
qu'une variété , quoique nous n'ayons pas celle
de Java pour les comparer.
Notre individu a de neuf à dix pouces de lon-
gueur; il est fort gros, surtout en arrière; car sa
tète est petite , ovalaire , un peu renflée et Lien dis-
tincte du pied. La bouche est grande et arrondie.
Tout le corps est couvert de gros tubercules
et de papilles dont quelques-unes sont ramifiées ;
elles sont plus nombreuses en avant de la tête.
Le pied se distingue à peine du manteau. Sa cou-
leur est terre de Sienne foncée , avec des teintes
verdâtres dans quelques individus. Les flancs et
le dos sont d'un verdâtre sale mélangé de jaune,
avec des plaques noirâtres dans diverses parties ,
surtout à la troncature, qui est subarrondie. D'au-
tres ont sur les flancs des taches brunes et jaunâ-
tres. La coquille est très-large et régulièrement
taillée en fer de hache ; sa spire est extrêmement
rugueuse , ce qui peut tenir à l'âge.
Ce Mollusque rend , quand on le touche , une
grande quantité de liqueur violette. On le trouve
en grande abondance, pendant les mois d'octobre
et de novembre, dans les eaux chaudes et tran-
quilles des ilôts aux Cerfs, à l'Tle-de-France. On
peut quelquefois passer dessus sans le reconnaî-
tre , parce que sa couleur se confond avec les
roches au milieu desquelles il vit.
308 ZOOLOGIE.
APLYSIE TIGRINE.
Aplysia tigrina.
( Division des Aplysies proprement dites. )
Rang. , Aplys. , pi. n.
PLANCHE 24, FIGURES 1-2.
Aplysia, corpore elevato, virescente , perlu-
cido , fusco reticulato , maculis lineolisque ïiigris
sparso.
C'est parce que notre individu , qui a été des-
siné vivant, offre quelques différences avec celui
de M. Rang, que nous le donnons. Il est long de
six pouces; son dos est très-bombé; son manteau
lisse, toujours relevé, forme un sinus qui s'étend
depuis les tentacules jusqu'auprès de la queue.
Le pied est rétréci, la tète courte, et les tenta-
cules sont peu développés. Le fond de la couleur
de ce Mollusque est un vert clair diaphane, avec
des taches de bistre réticulées, au milieu desquelles
sont des points ou des linéoles noirs. La tète est
plus régulièrement réticulée.
MOLLUSQUES. 309
La coquille est large, ovalaire, un peu concave,
coriace, très-finement striée avec un commence-
ment de spire. Ses bords sont entièrement mem-
braneux.
On trouve cette Aplysie sur les récifs du Port-
Louis de l'Ile-de-France , dans les mois d'octobre
et de novembre.
APLYSIE JULIENNE.
Aplysia juliana , nob.
PLANCHE 24 , FIGURES 5-6.
Aplysia, corpore lœvi , olivaceo ; postice lato;
cauda pajva, subtus discoidea.
Cette espèce a de quatre à cinq pouces de lon-
gueur. Elle est large dans toutes ses parties , sur-
tout postérieurement; sa queue est peu saillante. Le
pied est arrondi en avant , et présente en arrière
et en dessous un écusson bien arrondi, qui se re-
trouve sur les deux individus que nous possé-
dons. Les tentacules sont remarquablement gros
et les auricules labiales aplaties. Le manteau, lar-
310 ZOOLOGIE.
gement fendu , est susceptible de se rabattre de
chaque côté en forme de nageoires.
La pièce dorsale est large, ovalaire , très-mem-
braneuse, à spire à peine indiquée; la membrane
qui la recouvre est percée. Elle a beaucoup de
rapport avec l'osselet de l'espèce précédente. Le
cartilage buccal est couvert de petits tubercules
arrondis, pressés et en quinconce.
Celte Aplysie a le corps lisse, d'un vert foncé
uniforme. C'est la seule qui n'ait pas été décrite
et figurée sur le vivant , ce qui indique que ses
couleurs étaient peu brillantes et peu suscepti-
bles de changer. Toutefois certaines de ses par-
ties peuvent prendre dans l'état de vie un aspect
un peu différent.
Ce Mollusque habite l'Ile-de-France. Nous le
dédions à notre ami , M. Julien Desjardins, zélé
naturaliste, avec lequel nous avons fait sur les îles
aux Chèvres une course des plus fructueuses, et
à qui sans doute il est donné de compléter la bril-
lante zoologie de l'île dans laquelle il est né. Déjà,
danscebut,M. Desjardins a puissamment contribué
à la formation de la Société d'Histoire Naturelle
de l'île Maurice, Société dont il est le secrétaire,
et qui promet à la science de très-beaux résultats.
MOLLUSQUES. 311
APLYSIE CIRRHIFÈRE.
Aplysia cirrhifera , nob.
Division des No torches qui n'ont point (le coquille.)
PLANCHE 24 , FIGURE 8.
Aplysia, corpore elongato, desuper elevato,
apice acuto , cirrhis Jiumerosissiniis onusto ; cine-
raceo , punctis smaragdino-rubris notato.
Assez grande espèce, à dos élevé, à cou allongé ,
dont les lèvres sont évasées , les appendices buc-
caux larges , et les tentacules très-longs. Le pied
rétréci est arrondi en avant et se prolonge en
pointe en arrière. Tout le corps est couvert d'ar-
buscules déliés et ramifiés ; il y en a jusque sur
les auricules. Les téguments de ce Mollusque sont
comme diaphanes, d'une teinte grisâtre , avec des
plaques d'un brun clair, au milieu desquelles sont
des points émeraudes , dont quelques-uns sont
cerclés de rougeâtre. Les villosités sont générale-
ment d'un blanc tirant sur le jaunâtre.
La branchie fait saillie à l'extérieur et retombe
en demi-cercle sur le côté droit; elle est composée
312 ZOOLOGIE.
d'une douzaine de rameaux principaux de couleur
verdâtre, avec des stries brunes. L'organe excita-
teur est gros, très-long, marqué de points blancs
à sa base.
Cette Aplysie a trois pouces de longueur. Nous
l'avons trouvée sur une des petites îles aux Cerfs
de l'Ile-de-France.
APLYSIE GÉLATINEUSE.
Aplysia gelatinosa , nob.
Notarche gélatineux , Cuvier, Règne aiiiai. , t. III,
p. 62, pi. i4,fii,'- 1.
PLANCHE 24 , FIGURES 3~4-
Aplysia , corpore globoso , apice acuto , tuber-
culato , albido ; tentaculis minimis.
Quelques différences extérieures dans la forme
du manteau , et l'absence de la pièce cartilagineuse
dorsale, avaient engagé M. Cuvier à établir ce genre
Notarche pour une petite Aplysie qui lui avait été
envoyée de l'Ile-de-France. Un plus ample examen
MOLLUSQUES. 313
n'a pas permis aux naturalistes d'admettre ce pe-
tit genre, qui ne peut former qu'une division dans
le grand genre des Aplysies, comme le font les
Dolabelles.
Si nous reproduisons ici ce Mollusque , c'est
seulement pour montrer la forme qu'il a, étant
vivant. Il est de la grosseur d'un oeuf de pigeon ,
d'une forme presque globuleuse , de laquelle sort
une petite queue pointue , qui est la partie pos-
térieure du pied, lequel est très-rétréci et ondulé
sur ses bords. La tête est fort peu apparente , et
les quatre appendices qui la surmontent sont eux-
mêmes très-courts. Le manteau n'a qu'une fente
très -petite à son sommet et un peu en avant. Il
n'est par conséquent point susceptible de se ra-
battre. La branchie en occupe le fond; elle n'était
point apparente dans les quatre individus que
nous avons eus sous les yeux.
Ce Mollusque est très-mou, entièrement blanc,
et couvert de petits tubercules arrondis de la
même couleur. Ses mouvements sont d'une len-
teur extrême.
Nous le trouvâmes à l'Ile-de-France, dans les
petites baies des îlots aux Cerfs.
""
314 ZOOLOGIE.
APLYSIE ROUSSE.
Aplysia rufa , nob.
PLANCHE 24 , FIGURE 7
Aplysia , corpore elongato , desuper elevato ,
villoso , fuh'O , fusco , striato, maculis nigris an-
tice notato ; tentaculis longis.
Cette espèce, fort petite , a le corps et le cou al-
longés de même que les quatre tentacules. Le pied
est assez court. Le dos paraît élevé par le renfle-
ment des bords du manteau. Toutes ces parties
sont villeuses , de couleur brun rougeâtre , avec des
stries longitudinales semblables. Le manteau est
largement tacheté d'un brun presque noir, qui se
dégrade en avant en couleur de fumée. Le canal
génital est noir, et du côté opposé est une pareille
ligne. Le dessous du pied est d'un rouge brun
très-clair.
Cette Aplysie a été prise sur l'île de Guam ,
dans la rade d'Umata, par quatorze brasses de
profondeur.
MOLLUSQUES. 315
APLYSIE STRIÉE.
Aplysia siriata , nob.
PLANCHE 24 1 FIGURES 9- II.
Aplysia , corpore elongato, apice acuto , luteo,
lincolis fuscis striato , punctis cœruleis ornato ;
tentaculis louais et crassis.
Sa longueur est à peu près d'un pouce ; son
manteau est très -renflé, arrondi; le reste du
corps est allongé , surtout le pied qui est très-
pointu en arrière, arrondi en avant et bien sé-
paré du chaperon buccal. Les quatre appendices
sont gros et longs. Il s'élève des téguments de pe-
tites arrhes charnues simples : celles du bord du
manteau sont à plusieurs laciniures; le fond de la
couleur est un jaune légèrement verdâtre , strié
très-finement de lignes parallèles brun rougeâtre.
Elles s'arrondissent quelquefois pour former des
cercles concentriques. Indépendamment de cela,
tout le corps est couvert de très- petites lunules
jaunâtres, ayant un point bleu de ciel au milieu.
Deux de ces taches occupent la base des tenta-
cules labiaux en avant des yeux. Le pied est strié
à sa face inférieure comme le reste du corps.
316 ZOOLOGIE.
Nous avons été obligés de grossir cette Aplysie
clans notre dessin, pour pouvoir indiquer tous
les détails de sa coloration. Nous sommes portés
à croire que c'est la même espèce que la Longue-
Queue , de notre voyage avec M. de Freycinet
( Voyage de VUranie, Zoologie, pi. 66 ), à la fi-
gure de laquelle le dessinateur n'a pas apporté tout
le soin possible.
Nous l'avons prise au nord de la Nouvelle-Gui-
née, près de Dorey, en août 1827. Elle nageait
sur des fucus, et tout indique que c'est une es-
pèce pélagienne.
MOLLUSQUES. 317
Genre ACTÉON. — Actœo/t , Oken.
ACTÉON AUSTRAL.
Actœon australis , nob.
PLANCHE 24, FIGURES l8-20.
Actœon, corpore elongato , limaciformi , apice
acuto , viridi; ore luteo-viridi ; tentaculis longis,
acutis.
La petitesse de l'individu que nous avons eu à
dessiner ne nous a pas permis d'étudier les carac-
tères qui manquent encore à ce genre pour le
mettre à sa vraie place. C'est cependant des Aply-
siens qu'il se rapproche le plus; et l'Élysie timide
de M. Risso (Hist. Nat. mérid. , t. IV, pi. 1 , fig. 3-4)
n'en est qu'une espèce différente. Ainsi, quoique
nous n'ayons à nous occuper que des formes
externes , elles sont assez distinctes pour y re-
connaître une espèce nouvelle.
Ce Mollusque a le port et un peu la forme
d'une Limace. Sa tète est grosse, portant deux
longs tentacules fusiformes, pointus, ayant les
deux yeux près de leur base. Sa bouche est al-
318 ZOOLOGIE.
longée, pourvue de deux lèvres saillantes, évasées.
Le pied est arrondi en avant, et en pointe en ar-
rière. Le manteau est constamment relevé en crête,
dans toute la longueur de laquelle règne un sil-
lon au fond duquel est une branchie, formée sim-
plement par les replis de la peau. A l'endroit où
commence cette fente, sur le cou, on distingue
le cœur à ses battements. La position des ouver-
tures nous a manqué. .
Les flancs, les tentacules et l'intérieur du sillon
sont d'un vert foncé. Le pied est jaune. Les lèvres
sont jaunes , bordées de vert.
Cette espèce n'a que quatre à cinq lignes de
longueur. Nous la trouvâmes sous l'eau, dans une
anse de la rade de Sydney, au Port-Jackson.
MOLLUSQUES. 310
Genre PLACOBRANCHE. - - Placo branchas ,
Van Tlassclt.
PLA.COBRANCHE OCELLÉ , variété.
Placobranchus ocellatus , var.
Placobranchus Rasseltii , Cuv , Règne an. , t. III ,
p. 56.
PLANCHE 24 y FIGURES I2-IJ.
Placobranchus , corpore elongato, piano, luteo ;
ocellis flavo-nigris notato ; tentaculis longis apice
dilatatis ; branchas viridibus.
Ce nouveau genre est si peu connu et surtout
si peu répandu par des dessins , que nous avons
cru devoir bien faire en le donnant ici, d'autant
mieux qu'il présente quelques différences avec
celui de M. Van Hasselt.
Il a environ deux pouces de longueur. Son
corps est allongé, aplati, élargi en avant, un peu
arrondi en arrière. Les deux tentacules sont de
longues et larges auricules frangées à leur extré-
mité , et ouvertes dans toute leur longueur. Le
320 ZOOLOGIE.
pied forme en avant deux pointes qui simulent
deux tentacules, quand l'animal rampe. Une rai-
nure transverse le sépare de la bouche. Il n'est
point distinct du manteau, qui est relevé et con-
stamment appliqué sur le dos, où ilforme un sillon.
En écartant ses lobes on aperçoit de beaux rayons
verts convergeant vers un tubercule placé en
avant : ce sont les branchies formées par les plis
de la peau du dos , et le tubercule est le cœur.
Toutefois nous n'en avons point distingué les
mouvements , bien que l'animal fût très-vivace.
Il est jaunâtre en dessus, avec des taches brunes
et des lunules jaunâtres cerclées de noir au bord
du manteau et sur la tête. Elles sont plus nom-
breuses sous le pied , blanches dans leur contour,
et noires au centre.
Ce Mollusque est gluant , très-mou , laissant
échapper beaucoup de mucosités. Nous l'avons
représenté sous divers aspects. Dans une de ces
figures , le manteau est rabattu pour montrer les
branchies ; ce qui n'a jamais lieu dans l'état de vie.
Il a été pris, à marée basse, sur les récifs de
Tonga-Tabou.